Acte I - scène 4

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Atlas - Coldplay





"Jungkook !"

"Bonsoir Jimin."

"Tu as une petite mine," dit Jimin avant d'ajouter : "comme d'habitude, en somme..."

Puis il rit. Alors Jungkook rit aussi.

"Viens t'assoir !"

Jungkook va s'assoir. Il ne peut pas rester longtemps. Après, il doit retourner à gauche.

Jimin ne fume pas, alors il passe le temps en regardant autour de lui au lieu de se défoncer les poumons. Et il a bien raison. Jungkook fait comme lui.

Les premiers clients arrivent. Jungkook en reconnaît. Alors il retourne à gauche. Il se pose sur un vieux canapé rouge sang, il ne sait pas trop comment se tenir. Il jette un regard à Jimin, qui lui fait un clin d'œil accompagné d'un grand sourire. Donc Jungkook sourit aussi. Et il se sent tout de suite un peu mieux.

Sauf que déjà Jimin a disparu avec une femme. Ils sont plusieurs autres à être rentrés. Jungkook, lui, n'a encore personne. Ça le déprime. Il a besoin d'argent, et ça paie bien. Sauf quand personne n'est là pour payer.

Enfin, il y a un homme qui rentre, courbé, il le repère, Jungkook penche la tête, l'homme vient vers lui, ils sont dans la chambre une minute plus tard.


Jungkook voit toujours la même lueur dans les yeux de ses clients. Ils sont tristes. Leurs yeux sont sombres et vides. Jungkook espère secrètement les rassurer, leur faire du bien, agir comme ils le lui demandent. Mais les hommes sont violents et Jungkook perd un peu plus confiance en lui dès que la porte se referme.

Il ne sait pourquoi il cherche à prendre soin d'eux. Ils sont tous pareils, et lui, bêtement, espère être gentil.

En fait, au fond, il espère que l'un d'entre eux va l'embrasser sur les lèvres et lui dire qu'il est beau, le rassurer, lui souhaiter bonne nuit et bon courage, comme Yoongi avant.

Sauf qu'ils ne le font pas. C'est toujours le même schéma. Ils lui arrachent ses vêtements, le prennent brusquement, se rhabillent, repartent. Pas un mot n'est échangé. Pas un regard. Et Jungkook récupère son argent à la fin de sa nuit.

Jungkook comprend que ce n'est pas de l'amour. Ce n'est pas Yoongi.

Ce sont des hommes frustrés ou seuls ou vides ou tristes ou perdus, ils ne sont là que pour eux, pas pour Jungkook. Et c'est ce qui le rend si malheureux.

Jungkook a besoin qu'on prenne soin de lui.

Il sait qu'il aurait dû écouter Yoongi, ne pas s'engager dans ce travail, gagner sa vie autrement. Mais il n'avait pas le choix. Il a passé des mois à chercher un boulot. Il a fini dans un bordel de quartier. Le destin est comme quoi bien surprenant.


L'homme s'habille. Il sort. Silence. Pause.

Jungkook ne bouge plus. C'est un peu comme un tableau. Un peu comme Yoongi sur le bord de la fenêtre. Sauf que là, c'est Jungkook, dans la pénombre, complètement nu sur un lit froissé.

Sans contexte, le tableau serait beau, se dit Jungkook.

Quand les hommes le touchent il essaie d'imaginer que c'est Yoongi. Mais ça ne marche pas. Ça ne marche jamais. C'est nul.

Jungkook est épuisé, il a mal partout, il est essoufflé, il a peur. Mais il pense au sourire de Jimin, et ça lui donne un peu de courage.

Allez, on se redresse. On se recoiffe. On s'habille. On retourne au salon. On en repère un.


Et c'est reparti pour un tour.

𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞⁺ʸᵒᵒⁿᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant