𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞⁺ʸᵒᵒⁿᵏᵒᵒᵏ

Acte II - scène 8

Yellow - Coldplay

Yoongi est assis sur le sofa, sa feuille à la main. Ça fait une semaine qu'il ne dort plus et qu'il travaille. Hoseok vient le voir, des fois, et range un peu parce qu'il sait que Yoongi ne le fera pas.

Il y a des feuilles gribouillées partout dans l'appartement. Sur le sol, surtout. Yoongi a ressorti son vieux clavier d'un placard et joue à longueur de journée.

Hoseok est presque content de le voir dans cet état.

Yoongi écrit écrit écrit écrit écrit écrit encore. Il fume de moins en moins, mais ne se prive jamais d'une cigarette sur le bord de la fenêtre à la nuit tombée. Une bouteille d'alcool l'accompagne toujours, mais il boit plus raisonnablement.

Yoongi est concentré sur sa tâche. Il est en train de mettre au point un truc génial. Il est en train de composer la Chanson de son existence. Dans cette Chanson, il y a de la poussière, plein de poussière, et il y a le visage de Jungkook avec le jaune de la chemise et le bleu du soir. Yoongi ne le montre pas mais il est tellement rempli d'espérance qu'il se sent bizarre même parfois mal.

Hoseok, lui, trouve que Yoongi, même s'il a des cernes de cinq kilomètres sous les yeux à force d'enchaîner les nuits blanches, semble aller mieux. Enfin, mieux est un mot trop compliqué. Il semble différent. Il semble passionné sans l'être, et peut-être que ça ne concerne pas son amoureux disparu mais quelque chose de totalement différent. Toujours est-il que Yoongi change.

Il regarde les étoiles le soir et il réfléchit tellement qu'il a le cerveau en compote au matin.

Yoongi compose compose compose sans s'arrêter. Le soir, à la nuit tombée, après avoir fumé sa clope, il s'installe derrière le clavier. Il regarde les touches noires, les blanches, puis encore les noires. Il s'imagine que le monde est un éternel assemblage de touches noires et blanches et il se surprend vraiment à partir loin dans ses réflexions farfelues.

Il joue des mélodies. Des mélodies étranges.

Parfois c'est très doux et parfois c'est très dur. Une fois il a fini par abandonner le clavier, mais maintenant il ne prend plus la chaise pour casser son appartement.

Il y a la chemise de Jungkook, jaune moutarde. Elle est là, soigneusement déposée sur le tabouret, celui duquel il l'observait fumer. Yoongi regarde la chemise pendant très longtemps. Elle est lumineuse ces derniers temps. Elle lui donne envie d'écrire.

Et surtout, Yoongi réalise qu'il désire de plus en plus que Jungkook soit là, sur le tabouret, la chemise sur ses épaules, les deux premiers boutons ouverts, dévoilant ses fines clavicules et sa peau hâlée.
Yoongi s'imagine suivre du regard sa jugulaire, la courbe délicate de sa mâchoire, l'espace de peau juste sous son oreille, sa joue rebondie, ses lèvres pulpeuses, son nez arrondi, l'arcade de son sourcil, ses yeux immenses et remplis d'éclats lumineux.
Il s'imagine glisser tout doucement sa main le long de sa mâchoire, coulisser ses lèvres contre les siennes et caresser ses cheveux encore humides après la douche.

Yoongi n'a plus qu'un objectif : il termine la chanson.

Après, il va sauver Jungkook.