𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞⁺ʸᵒᵒⁿᵏᵒᵒᵏ

épilogue

J'ai longtemps regardé la poussière. Elle m'a obnubilée, fascinée, envoûtée, ensorcelée, mais je commence à m'y faire.

Jungkook porte sa chemise jaune. Ça fait bizarre. Je suis en train d'écrire une nouvelle chanson. J'ai envie que ça parle du noir qui vous aspire, et aussi du noir qui vous fait sentir en sécurité. Il y a des milliers de couleurs noires. Le noir des cheveux de Jungkook, par exemple. Celui de ses pupilles, aussi. Celui du vernis que j'ai essayé d'étaler sur l'ongle de mon pouce. Je le trouve joli. C'est Hoseok qui me l'a prêté. Quand je lui ai montré, il a souri et m'a dit que ça m'allait bien.

Je me suis retint les cheveux en un roux un peu différent. Un drôle de roux un peu sec, mais chaud comme un coucher de soleil.

Vous avez déjà pensé aux couchers de soleil dans une salle de classe ? C'est ceux que j'ai toujours envie de photographier, mais que je n'ai jamais pu immortaliser.

Je me souviens d'une fin après-midi, je rentrais de sport et j'étais en cours de français. Le soleil était très bas, et allait se coucher dans quelques heures. Je me rappelle de la lumière sur mon bureau. Je me rappelle avoir observé l'encre de mon stylo plume sécher dans le rayon orange et brûlant qui transperçait la salle de classe.

Ces moments-là étaient les plus doux. Il transformaient le lycée sinistre en un lieu reposant et enchanteur.

Vous savez quel est l'autre chose qui me fait ressentir exactement ça ? Quand j'écris des chansons.

✧･ﾟ *✧･ﾟ*

Je me suis acheté un nouveau téléphone. Maman m'a appelé. Elle m'a crié que j'étais une grosse merde et qu'elle n'aurait jamais du me mettre au monde. Je n'ai rien répondu. J'ai raccroché. J'ai pleuré pendant toute la nuit.

Et je l'ai pardonnée. Pour tout ce qu'elle a dit, ses insultes et ses crises, pour ce qu'elle a fait à papa, pour ce qu'elle m'a fait à moi. Parce que je suis fatigué de lui en vouloir.

Ressentir de la haine, c'est une perte de temps et une perte d'amour.

Hier, j'ai pris Yoongi dans mes bras et je l'ai embrassé pendant longtemps et on a beaucoup souri. Il m'a fait écouter une chanson. Je lui ai lu un bout de mon livre, ça s'appelle Enfin le royaume, ce sont des quatrains et c'est très beau. Je l'ai prêté à Jin qui en est tombé amoureux lui aussi. Il y en a un que j'aime beaucoup :

Roses écloses
Roses défuntes
Brefs les pétales,
Long le parfum...

Ça me rappelle un souvenir, n'importe lequel. Les souvenirs sont un peu comme le parfum du quatrain. Et Dieu sait qu'une simple odeur peut éveiller tout un monde. Je me souviens encore du parfum délicat de Jimin. Son sourire fait encore du bruit sous mes paupières, quand je les ferme pour me souvenir.

J'ai aperçu Taehyung, un jour d'automne, dans la gare. Il était loin, au bout du quai. Je crois que Namjoon était près de lui. Ils riaient. On s'est regardés pendant quelques secondes, et il a ouvert de grands yeux. Il était grand et fier dans son uniforme. Je ne sais pas où il allait, mais en croisant ses pupilles, j'ai su qu'il était heureux. Il m'a souri, je lui ai souri, et il est parti dans le train. C'était aussi bref que les pétales de roses, mais j'ai encore le parfum en moi.

Je suis amoureux de Yoongi.

Je crois que je suis heureux !

✧･ﾟ *✧･ﾟ*

poussière. poussière, ô temps qui suspend son vol. minutes qui flottent dans un rayon de lumière.

poussière, tu es une multitude de petits astres qui scintillent au soleil. un tourbillon de grains silencieux. tu ressembles aux cendres d'un village, qui volent sereinement juste au-dessus des ruines. tu es le calme après la tempête. avant de te déposer, invisible, sur le monde, tu crée un ciel étoilé au milieu d'un rayon de jour. tu es le calme du réveil, le soleil qui se glisse dans la chambre, l'espace-temps entre le Ciel et la Terre.

poussière, ô heures propices qui suspendent leur cours. poussière sur les meubles ; on tousse, on râle, puis on nettoie. et la poussière revient. la poussière revient toujours. le temps nous rattrape. et la fine couche de poussière sur la surface du bois, c'est le temps qui s'est déposé juste là.

impossible de t'attraper, poussière. on ne peut que t'enlever. t'observer. et, ô poussière, que tu es belle.

Aimons donc, aimons donc !
   de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port,
   le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons !

✧･ﾟ *✧･ﾟ*
𝚃𝙷𝙴 𝙴𝙽𝙳