ÉPISODE 5 : JOUR DE PLUIE

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Assise à sa place attribuée, Éva avait les yeux rivés sur son cahier ouvert à une page quelconque, ne souhaitant qu'à éviter de se faire remarquer par son voisin, qui, pour l'instant, n'était pas encore arrivé.

- Bonjour à tous, salua le professeur d'anglais en entrant dans la classe tandis que tous les élèves présents se levèrent en la saluant à leur tour, à l'unisson.

- Bonjour professeur Ima !

- Asseyez-vous je vous en prie, fit l'adulte en faisant signe de ses deux mains vers le bas.

Comprenant donc qu'elle pouvait s'asseoir, Éva suivie facilement le mouvement en prenant place sur sa chaise. 

- Well, where are the Miya twins ?

Et à peine venait-elle de poser cette question que quelqu'un toqua à la porte.

- Yes, come in.

La porte coulissa alors, laissant place aux deux retardataires, légèrement mouillés par ce temps pluvieu.

- Ça veut dire quoi "Come in" ? Questionna Atsumu derrière son jumeau d'une voix basse.

- Ça veut dire "entrez", souffla le gris lassé de son mauvais anglais.

- Oh, ok, ok. B'jour M'dame ! Excusez-nous du retard.

- In english please, soupira l'enseignante mi-excédée mi-amusée.

- Euh, we are here, and sorry for my ... retard ? Tenta le blond.

Résignée, l'adulte lança un regard vers le second.

- Osamu ? Saurais-tu aidez ton frère par tout hasard ?

- ...

Pris de court, le gris ne pipa mot, jusqu'à ce qu'une phrase se forme dans son esprit :

- Sorry for the delay madam, dit-il en ajustant la bandoulière de son sac à dos sur son épaule.

- Mh, yes, this is correct Osamu, great ! You can reach your seats guys.

Sans un mot de plus, le gris fila jusqu'à sa place sous le regard admiratif d'Atsumu.

Qu'est-ce qu'il ferait sans son Samu ?

Oui, vous l'aurez deviné, Atsumu est une bille en anglais. Alors lorsque leur professeur venait de dire "Reach your seats" il avait de suite été perdu, un gros point d'interrogation pointé au-dessus de sa tignasse décolorée s'était dessiné aussitôt. Alors merci Osamu. Sans lui, le blond serait resté debout devant cette porte encore longtemps.

Mais, le numéro sept avait beau ne pas être bilingue, il savait à contrario repérer les mimiques de son jumeau.

Avait-il été trop envahissant ce week-end ? Ou peut-être aurait-il discuté avec Éva, qui, actuellement, se tassait sur elle-même derrière son livre de langue ?

Osamu avait beau ne pas être très expressif, le regard qu'il lançait à la blonde trahis quelque chose qui mit aussitôt la puce à l'oreille du passeur.

La matinée passa alors, bien trop lentement au gout de la jeune Carter qui ne voulait qu'une chose, sortir de cette pièce, loin du Miya et de ses coups d'œil réguliers en sa direction à chaque heure de cours et même dans les couloirs de leur lycée pendant les pauses.

Elle avait d'un côté honte, mais d'un autre, la peur avait envahi ses songes. Alors fuir était tout ce qui s'offrait à elle.

À quoi bon s'y risquer ?

La sonnerie de midi passa alors, et les élèves se levant, Éva en fit de même, rangeant rapidement ses affaires dans son sac, pour enfin sortir de cette salle de classe.

Et a peine que le gris relevait son regard pour tenter de parler avec sa voisine, que cette dernière s'était volatilisée en une fraction de seconde.

- Merde ... Avait-il juré d'une voix basse en fixant la chaise vide, pour ensuite porter son regard à la porte.

Et cette mascarade dura jusqu'à la fin de cette journée, sans qu'il n'ait l'occasion de l'intercepter pour tenter de trouver la réponse à sa question :

"Pourquoi ?"

Osamu s'était même risqué à arriver en retard pour son entrainement de volley, tentant tant bien que mal de trouver Carter. Il était allé jusqu'à la fontaine de ce fameux premier jour de cours sous la pluie et sans protection, mais rien. Personne, seulement deux ou trois pigeons au pied de ce banc, réfugiés sous un arbre.

Un soupire agacé avait passé la paroi de ses lèvres pour finir par abdiquer, regagnant silencieusement, les pieds traînant, la salle de sport sous ce temps pluvieux.

Car oui, ce jour-là, il avait plu toute la journée en ce début d'Avril.


[...]


La tête enfouie dans ses oreillers, Éva songeait sérieusement à ce problème : Elle ne pourra pas éviter Osamu Miya indéfiniment sachant qu'en plus d'être dans la même classe, ils étaient littéralement voisins de tables.

Mais rien qu'à l'idée de répondre à sa question de ce vendredi soir, son corps frémit et ses pensées la reconduisirent vers ses années de collège.

A définir en un seul mot ? Impossible. Tant d'émotions l'avaient traversé que rien qu'à l'idée de se retrouver de nouveau dans cette position la rendit nerveuse.

Abandonnée, voilà le mot qui pouvait tout résumer en fin de compte, avait-elle songé avant de se laisser sombrer vers les bras de Morphée

Mais pourra-t-elle vraiment laisser le passé derrière et faire confiance à ce volleyeur, qui, pour l'instant n'avait apporté que positivité à sa vie ?

Ah.

Voilà, c'était ce "pour l'instant", qui la faisait frémir. Car tout avait toujours une fin, même les plus belles amitiés ainsi que les plus belles histoires d'amours. Tous finissent à la morgue. Risquer d'y avoir cru une seconde fois ? Pourquoi faire ?


Il n'est pas pareil que les autres.

Il ne ferait pas la même chose.

Si ?

C'est ce qu'elle avait crut la première fois. Et sa naïveté avait entravé sa route, sans que quiconque ne lui laisse le temps de comprendre la véracité du problème.

Alors ce jour, là. Elle avait préféré fuir ces beaux yeux. Fuir la racine du problème, sans qu'Osamu ne le comprenne.

Elle l'avait planté là, dans ce rayon de nouilles, sans se retourner.

Et lui, n'avait pas bougé pendant bien cinq bonnes longues secondes, avant de comprendre qu'Éva venait de sortir du magasin, sous ses yeux, sans qu'il n'en comprenne la raison.

Qu'avait-il fait ?

Ravivé de lourds souvenirs, pourtant loin derrière elle.

Enfin, c'est ce qu'elle croyait.


◌●◌

Court chapitre je sais sorry.

Sinon j'espère que vos vacances -ou pas- se passent bien hehe.

Bisouuuuus 🤍

𝐇𝐄𝐀𝐑 𝐌𝐄, 𝐄́𝐕𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant