Chapitre 9

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Subitement, je me dis que mon séjour à Suna n'allait finalement pas être si pesant en présence des frères de mon amnésique.

Après le repas, Temari insista pour que nous sortions tous visiter (ou simplement marcher et flâner) dans le village de sable. Étant donné qu'elle ne se souvenait plus de grand chose quant à son village natal pour l'instant, elle soudoya Kankuro pour qu'il octroie une pause à Gaara afin que nous puissions tous profiter de ce jour sans vent.

Il accepta en voyant le regard suppliant de sa sœur. Chacun alla chercher sa veste puis se retrouva à l'entrée de la maison du Kazekage. Certaines rues étaient bondées tandis que d'autres étaient désertes.

Des enfants jouaient ensemble tout en slalomant entre les passants, leurs mères leurs indiquaient l'heure à laquelle rentrer et partaient travailler ou bien cuisiner un nouveau plat tout droit sortant de leur imagination. Les rires des marchants s'élevaient dans les airs, réchauffant l'atmosphère déjà enfantine et agréable.

Des odeurs d'épices qui m'étaient jusqu'alors inconnues vinrent chatouiller mes sens et une douce brise souleva des pétales de fleurs entreposées devant d'autres pots de fleurs aux couleurs chatoyantes. Ino aurait sûrement passé des heures devant ce fleuriste dont la devanture était parfaite.

Quoi qu'on pouvait en dire, Suna était un village bien animé depuis que le jeune homme aux cheveux rouge qui nous accompagnait était devenu Kazekage. J'étais heureux pour lui, bien que contrarié de devoir marcher avec un tel soleil.

« J'aurais bien aimé montrer cette facette de mon village à Ino et Chōji... Je suis sûre qu'elle aurait adoré les fleurs et que lui aurait acheté un certain nombre d'épices pour sa mère, me chuchota Temari.

– Je venais d'y songer, dis-je avec un léger sourire.

– Tu les aimes plus que tu ne le montres, mon petit Shikamaru.

– Je suis plus grand que toi je te ferais dire, répliquais-je.

– Arrête de changer de sujet et répond moi sérieusement.

– Je les connais depuis mon enfance, bien sûr que j'y suis attaché, avouais-je pour qu'elle me laisse tranquille.

– Eh bien voilà, je suis fière de toi, pouffa la blonde en me tapant dans le dos.
Par contre je serais toi j'essayerais de marcher droit. Elle me regarda, puis je me rendis compte que ma démarche ne faisait que de suivre une trajectoire des plus irrégulières.
Ça serait mieux si tu voulais me faire croire que tu vas gagner ton pari... »

Je détournais le regard pour ne pas avouer qu'elle avait raison mais je devais bien admettre que je sentais ma tête tourner. J'étais tellement absorbé par le décor que je ne m'en étais rendu compte.

La blonde m'agrippa le bras malgré ma réticence et informa ses frères que nous rentrions. Ceux-ci ne comprirent pas car c'était elle qui les avaient forcés à sortir mais ne posèrent pas de questions et acquiescèrent.

Elle me fit signe de la suivre et, une fois rentrés, me pointa ma chambre du doigt. Elle m'ordonna de m'allonger et de ne pas bouger. Temari revint quelques minutes plus tard avec, pour changer, une serviette mouillée. Bien qu'elle me mouilla les yeux et les cheveux au passage, le fait qu'elle l'ai posé sur mon front apaisait ma fièvre naissante.

Je fermais les yeux et comme la fois dernière, je ne tardais à m'endormir. Même si dormir est une activité que je chéris par dessus tout, je culpabilisais un peu vis à vis de Temari qui tenait à revoir Suna pour essayer de retrouver la mémoire.

Avant de complètement sombrer dans un paisible sommeil, j'aurais juré entendre celle qui m'avait soigné prononcé une phrase avec un ton mi-inquiet mi-moqueur. Il me semble qu'elle avait dit : « Tout ça pour un simple rhume ? Ah, les hommes... ». Je remarquais qu'elle commençait petit à petit à se réapproprier son caractère et je notais dans un coin de ma tête de demander à cette dernière si elle se souvenait de détails ou de si des souvenirs lui étaient revenus.

Un bruit de porte me réveilla quelques malheureuses heures plus tard. Je me rehaussais lentement sur mes coudes pour voir à qui appartenait l'ombre présente dans l'angle de la porte. Kankuro se trouvait là, me scrutant tout en me demandant des yeux la permission d'entrer. Il avait l'air tout à fait calme et marchait d'un air posé. Pourtant, je m'attendais à me faire disputer de laisser ainsi sa sœur.

     A ma grande surprise, il ne s'asseyait pas mais s'arrêta à une certaine distance du lit dans lequel je couchais. Il restait debout tandis que ces yeux m'interrogeaient à nouveau, mais cette fois-ci ils voulaient savoir si j'allais enfin me décider à combler le blanc qui nous entourait.

     « Comment vas-tu ? tenta-t-il, voyant que je ne réagissais pas.

– Je pense que je vais bien et toi, ou peut-être vous ?

– Tutoies moi, je ne suis pas si important au sein de ce village quand même... Et je vais bien, merci de demander.

J'acquiesçais en silence et me demandais où cet échange allait-il bien pouvoir nous mener.

– J'imagine que tu te doutes bien que je ne suis pas là par pur hasard, commença Kankuro.

– J'étais justement entrain de me le demander, lui répondis-je.

– Où en est arrivé ta conclusion ?

– Eh bien, soit vous êtes là pour me reprocher quelque chose vis à vis de Temari, soit vous voulez que j'aide votre sœur adorée. J'avais fini ma phrase sur une pointe de sarcasme dans ma voix et, heureusement pour moi, le marionnettiste ne releva pas cela.

– J'aurais bien voulu faire les deux mais je pense que Gaara ne trouverait pas ça très mature, surtout de ma part. Il marqua une pause afin de calmer son léger rire.
Je vais donc me contenter de te demander de tout faire en sorte que les moments les plus importants de sa vie ressurgissent, et peu importe le temps qu'il faudra pour ça.

– C'est l'objectif que je m'étais fixé en restant ici, je ne peux donc qu'accepter...

Il souriait un bref instant avec de reprendre sa figure de marbre, qui jurait par rapport à son fantaisiste maquillage rectangulaire.

– Malgré tout, je trouve ça étrange que vous veniez me parler. Je sais que vous ne m'appréciez pas plus que ça, et que j'ai tendance à me chamailler trop souvent avec Temari.

– Rassure toi, passer cette porte n'a pas été une partie de plaisir pour moi, dit Kankuro en retenant à nouveau un gloussement ironique.
Mais j'ai pu voir que tu as une étrange action sur ma sœur, qui n'a pas l'air si mauvaise que ça.

– Comment dois-je le prendre ?

– Et puis j'ai appris qu'elle ne se souvenait en grande partie que de toi lors de son réveil à Konoha, poursuivit-il en m'ignorant, sûrement involontairement.
Donc je ne vais pas te cacher que j'attends beaucoup de toi vis à vis de la "remise sur pied" de Temari. Il avait mimé des guillemets avec ses doigts pour illustrer son discours.

– Je vais peut-être me répéter mais j'imagine que je n'ai pas trop le choix. De toute façon je n'ai que ça à faire, et Maître Tsunade peut bien se passer de moi quelques temps. Et pour un ninja abandonner quelqu'un en détresse, si je puis dire, ce n'est pas super moralement parlant. Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres, à contre-cœur.
Donc j'accepte.

– Merci, Shikamaru Nara, répondit le maquillé. »

Étrangement, cette conversation rejoignait le court échange que j'avais eu lors de notre sortie de l'après midi avec la blonde et me fit sourire intérieurement. Peut-être parce qu'à travers l'amour que Kankuro portait à sa sœur je revoyais mes camarades. Ou bien parce que le soutien fraternel dont il faisait preuve me rappelait que Chōji et Ino étaient comme ma famille. Je ne savais pas exactement, et l'heure n'était pas aux sentiments que je pouvais ressentir.

Dans tous les cas, l'échange avec le cadet du trio de Suna m'avait recentré sur ce pourquoi j'étais resté au village caché du sable : je devais bel et bien aider Temari. Et malgré ce que j'essayais de faire croire à tous, cela ne me dérangeait pas plus que ça, de rester aux côtés de la princesse des lieux...

Mémoire vagabonde [Shikatema]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant