Chapitre 11 : Les transports

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La tête posée sur la grande vitre, la musique dans les oreilles, je me rappelle ces deux jours passés. Vendredi soir, Tristan nous a raconté ce qu'il a infligé aux premières années. Je résume en quelques mots : "c'est trop bien, ils font tous ce qu'on leur demande". À mon tour, j'ai également expliqué mon intégration sans rentrer dans les détails évidemment. Mes parents n'ont pas besoin de savoir mes petites "aventures", si on peut appeler ça comme ça, avec le commandant et le général.

Ma soeur était également de la partie ce week-end. J'ai oublié de vous la présenter. Astrid est ma grande soeur, née au 20e siècle, vous imaginez donc à quel point elle est vieille. Nan je plaisante, elle a seulement six ans de plus que moi, mais je la charrie souvent avec ça. Elle a été diplômée de son Ecole de commerce, l'année dernière. Depuis, elle travaille à l'international.

Tristan, Astrid et moi, sommes vraiment très proches. On est très complices depuis qu'on est petit. A l'ancienne, avec Tristan on se chamaillait tous les jours. Astrid jouait le rôle de l'avocate devant les parents. Même si parfois elle prenait son pouvoir de procureur en me plaidant coupable, je l'ai toujours aimée.

J'ai beaucoup d'estime pour elle, même si parfois je l'ai aimée au point de la détester. Elle a été mon modèle, la miss parfaite.

-Salutttt !! Eh ohhh !! Maryline !! il me retire les écouteurs.

-Eh mais ?! Ahh pardon, je ne t'avais pas vu ! Comment tu vas Hugo ?

-Ça va et toi ? Me dis pas que tu rêvais encore ?

-Oui ça va merci ! Non pas du tout je regardais le paysage.

Hugo est un de mes meilleurs amis depuis le collège. Malgré notre séparation après les résultats du baccalauréat, notre groupe de copains reste soudé. On est tous partis dans des voies différentes. Hugo est en école d'architecture, Inès est en fac de droit, et les autres sont partout sauf sur Paris. Hugo prend le même train que moi le dimanche. C'est vraiment cool, la rupture avec mes parents est moins difficile.

-Ça te dit qu'un soir dans la semaine, on boit un verre avec Inès.

-Oui pourquoi pas, ça serait sympa. En plus, on pourra faire des Facetimes avec les gars, comme ça on réunirait toute la clique !

-Ouais carrément ! Je sais pas si t'as vu les messages sur le groupe... Mais je crois que Pauline va pas très bien... Dit-il soucieux.

-Si j'ai vu, je pense que sa première semaine ne s'est pas très bien passée. Elle m'a dit qu'elle se sentait seule et qu'elle avait du mal à se faire des amis...

-Ah ouais ? Ça m'étonne un peu, parce qu'on la connaît notre Paupau toujours joyeuse et sociable !

Oui justement moi aussi ça m'a surpris...

-Eh bien, ils ne savent pas ce qu'ils ratent !

-Ça tu l'as dit ! Et au fait, t'as des nouvelles de Thomas ?

Thomas fait parti lui aussi du gang. Il est inscrit dans une école d'informatique au Canada. C'est un aventurier, farceur, toujours le premier à nous convaincre de participer à ses combines.

-Ouais ouais j'en ai. Il est arrivé il y a trois jours à Montréal. Il reprend les cours en octobre, alors en attendant il prépare son logement et visite la ville.

-Il est fort quand-même ! Moi je ne pourrais pas m'en aller sur un autre continent pendant toute une année !

-Il revient aux vacances scolaires donc il ne part pas toute une année. Il se moque de moi.

-Oui je sais mais tu vois ce que je veux dire.

Le train s'arrête. Alors on se dit au revoir et à dimanche prochain. Sur le quai, nos chemins se séparent. Nos appartements sont opposés, lui dans le Nord, moi dans le Sud. Chacun repart vers une destination de métro différente.

Je n'aime pas prendre le métro seule mais je n'ai pas le choix. J'ai toujours peur, qu'on me mette un couteau sous la gorge et qu'on me demande de l'argent ou autre chose que je ne souhaite pas imaginer. D'emblée, pour combler l'attente, les gens se défigurent de la tête au pied. Je trouve ça oppressant et malaisant.

Quand je monte les escaliers de la bouche de métro, la nuit est déjà tombée. J'entends à quelques mètres, des personnes jouer avec des canettes. Il y a d'autres bruits aussi, comme des cris et des klaxons de voitures. Arrivée devant mon immeuble, je m'empresse d'effectuer le code qui déverrouille la porte d'entrée. Puis, deux coups de clefs joués et c'est bon je suis enfin en sécurité.

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