Chapitre 6 : Fin de soirée

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          Prise au piège, je me débats. Je ne suis pas rassurée. Il me fait peur. Il ne s'arrête pas. Je commence à crier de plus en plus fort.

Quelqu'un nous sépare. Je me cogne sur une table. Je remarque qu'il fait sombre, il fait nuit, seules les lumières de couleurs et les flashs nous éclairent. J'ai mal au niveau de la côte droite. Le choc a été si violent. Je lève la tête pour me rendre compte de ce qu'il se passe. La personne qui nous a séparé vient de donner un coup de point au commandant. Je n'arrive pas bien à voir qui m'a sauvée.

D'autres personnes interviennent. C'est la panique. Je reste figée, sans savoir quoi faire. Je me dis que sans moi, rien de tout ça ne serait passé. Laura me rejoint.

-Maryline tu vas bien ? Que c'est-il passé ? Crie-t-elle inquiète.

-Je ne sais pas pas, j'étais avec le commandant 35, il a commencé à se... à se rapprocher de moi... Je... Je l'ai repoussé... Et il ne voulait pas que je parte... Quelqu'un a réussi à nous séparer...

-J'aurai du rester avec toi encore une fois, je suis désolée, comment toi tu te sens ?

-Eh bien je me suis prise la table, mais sinon ça va.

J'ai terriblement mal mais je ne préférais pas le dire, je ne veux pas me faire passer pour une chochotte, surtout quand je voix l'ampleur que prend la situation. Laura met son bras autour de moi, elle m'emmène dans un endroit plus tranquille.

-Je vais bien m'occuper de toi, je ne te lâcherai plus maintenant.

Nous montons les escaliers en colimaçon. Je ne suis pas encore allée à l'étage. Il n'y a pas de piste de danse mais à la place un endroit cocooning avec un bar, des fauteuils... Des leds font ressortir le mur blanc derrière le bar. Je m'assois sur un des canapés.

-Je te prends un verre d'eau, je reviens tout de suite.

D'où je suis, je peux admirer la vue. Je vois les illuminations de Paris au loin. C'est magnifique. On est dans la périphérie. Laura me prend dans ses bras. Elle me rassure et me calme, comme une grande soeur qui s'occupe de sa petite soeur. À ce moment, je reçois une notification. Je déverrouille mon téléphone, il est quatre heures passé.

La musique se coupe, il n'y a plus aucun bruit. Laura descend pour vérifier que tout le monde n'est pas reparti. Quelqu'un monte par l'autre escalier. C'est le général 67. Sa chemise blanche est tachée de gouttes de sang, sa joue gauche est enflée, sa lèvre saigne, son sourcils aussi. Je pense que c'est son arcade sourcilière qui est touchée et qui pisse le sang comme un robinet.

Laura n'est plus avec moi, je suis seule, lui, avance vers moi. J'ai peur. Peut-être qu'il vient venger le commandant 35. Je ne suis pas sereine.

-Comment tu te sens ? Me chuchote-t-il d'une voix douce et calme, légèrement inquiète.

Je ne comprends pas pourquoi il prend de mes nouvelles. Peut-être que c'est sa façon à lui de me demander si j'étais fière de moi d'avoir tout gâcher ?

-ça va, lui repondis-je tout bas.

Il est là, devant moi. Je me lève. Il me prend dans les bras. Je suis surprise, agréablement surprise.

-J'ai eu tellement peur pour toi.

Il pose sa main sur ma joue, me remet les petits cheveux derrière les oreilles. Il est si doux mais pourtant ses mains sont si violentes. Elles sont gonflées, rouges et coupées au niveau des phalanges. Il a dû donner de sacrés coups. Je comprends alors que c'est lui qui est venu me secourir en m'éloignant du commandant.

Son comportement m'interroge. Pourquoi avait-il été si méchant avec moi au début de l'intégration ? Pourquoi il a été-il si gentil, du jour au lendemain, en voulant m'effacer le dessin sur mon front ? Il est contraire à lui-même. J'ai très envie de lui demander des explications mais ce n'est pas le bon moment.

Laura nous rejoint.

-Tout se passe bien Maryline ?

-Oui ne t'inquiète pas. Lui, c'est le général 67.

Ils se saluent. Puis, je m'empresse de prendre une feuille d'essuie-tout  pour le poser délicatement sur le beau visage abîmé. De blanc, il s'est transformé en sang, en un rien de temps. Laura m'aida. Elle pris de la glace dans un des plaquards du bar. On prend soin de lui. Il ne dit rien, choqué lui aussi de ce qui s'est déroulé, un quart d'heure avant. La dernière navette nous attend pour rentrer dans le centre-ville. Les membres du BDE (Bureau Des Étudiants) reviennent demain pour nettoyer et rendre les clés.

En attendant, Je rentre chez moi, remplace ma robe tâchée par un vieux t-shirt de sport beaucoup trop grand. Sous la couette, la tête dans les étoiles, je repense à la parole du général. Il a eu peur pour moi. Mais je crains la journée de demain, quand je reverrai le commandant et les autres.

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