Être aimé

Chapitre 15 : Le doute

         Il se gare juste devant l'Ecole. Tout le monde a les yeux rivés sur nous. Je suis gênée alors j'abaisse les paupières. Martin met sa main dans mon dos et me souffle à l'oreille : "A toute à l'heure". Il avance plus vite que moi. A mon rythme, je marche sur le trottoir en direction des filles. Je relève la tête maintenant que Martin n'est plus là. Sur mon trajet, des gars sifflent et je peux distinguer de leur bouche : " Il se l'ait faite aussi celle-là ! ", " Bibi c'est une petite chaudasse ". En parallèle, des filles murmurent " Je la croyais pas comme ça ! Elle me déçoit " ou encore "Ennn la tepu ". Je suis tellement choquée d'entendre ces paroles. Sous l'émotion, je n'arrive pas à me contrôler deux petites larmes coulent. Je les essuie aussitôt.

-Hé meuf ça va ? Me questionne Laura.

-Genre toi tu t'es faite Martin ? Et tu ne me l'as même pas dit ? Prononce Amandine ravie et surprise. C'est pour ça que tu n'es pas rentrée avec nous hier ?!

-Mais qu'est ce que vous avez tous ? Non il ne s'est rien passé avec Martin ! C'est quoi vos idées là toute suite ?!

-Et t'inquiète pas, calme toi.

-Pourtant t'es bien arrivée avec lui, donc t'as dormi chez lui ?!

-Arrêtez avec votre questionnaire sérieux ! Oui j'ai dormi chez lui mais il ne sait rien passé !!

-T'as vraiment dormi chez lui mais nan ? Demande Amandine.

-Oui mais on n'a pas dormi ensemble. Il a dormi sur le canapé et moi dans le lit.

-T'aurais dû tenter un truc ! T'as raté une occasion ! Martin genre ! Martin !

-Mais qu'est ce que tu baves ? Arthur t'en fais quoi ?!

-Ah oui mais avec Arthur c'est différent. S'il n'avait pas été là, je veux dire si je ne l'avais pas rencontré cette année, j'aurais tout fait pour me taper Martin ! Attends tu vois pas le corps qu'il a !...

-Stop arrêtes je ne veux pas en savoir plus, dis-je en lui coupant la parole. Mais les filles y a un truc qui me perturbe.

-Attends tu me fais peur, qu'est ce qu'il y a ? Prononce Laura.

-Eh bien, hier quand j'étais avec Arthur et toi Amandine, d'un seul coup j'avais mal à la tête et ça me tournait, alors je suis allée aux toilettes. Je voyais floue. Quelqu'un m'a tenu les cheveux pour vomir. Et après je ne me souviens plus de rien. Quand je me suis réveillée ce matin, j'étais chez Martin, dans son lit. Il m'a dit qu'il ne s'était rien passé.

-Genre tu ne te souviens plus ? OMG !

-Nan j'ai un black-out...

-Et tu le crois quand il te dit qu'il ne s'est rien passé ? S'inquiète Laura.

-Ouais je le crois mais je ne peux m'empêcher de m'imaginer.

-Tu lui as demandé comment il t'a trouvé hier ? S'interroge Amandine.

-Oui bien-sûr que je lui ai demandé. Il m'a dit qu'il m'a ramené devant mon immeuble mais que je ne me souvenais plus du code donc finanlement on est rentré chez lui. Ensuite, il a retiré ma robe tâchée et m'a donné un t-shirt.

-Tu penses vraiment que Martin n'a pas essayé quelque chose ?

-Nan j'espère pas, j'avais mes sous-vêtements au réveil.

-Oui mais il a quand-même une sacré réputation...

-Je sais, c'est pour ça, je suis inquiéte.

-Tu t'es lavée ce matin ?

-Nan je n'ai pas eu le temps, j'étais à la bourre.

-Tu devrais aller aux urgences.

-Aux urgences ?!!

-Oui, on ne sait jamais, peut-être qu'il a abusé de toi...

-Nan je ne pense pas.

-Si Maryline, Amandine a raison, il faut aller à l'hôpital, on ne sait jamais. On va t'y accompagner, on y va ensemble maintenant.

-Vous savez les filles...

-Nan, on ne discute pas, on y va.

Amandine appelle Arthur en lui disant qu'on a un truc urgent à régler. Sans poser de questions, il exécute et est attentif aux cours pour tout nous raconter dans les moindre détails.

À l'hôpital, au bout de plusieurs minutes d'attente, une femme crie mon nom pour rentrer dans le cabinet. Les filles restent dans la salle d'attente. J'ai peur. J'y vais d'un pas hésitant. La médecin est assise en face de moi et me dit "Je vous écoute". Je ne sais pas quoi répondre. Je n'ose pas lui dire que j'ai une perte de mémoire et encore moins lui demander si quelqu'un m'a pénétrée.

-Eh bien, j'ai mis un tampon il y a quelques jours quand j'avais mes règles. Mais depuis ce jour, j'ai une petite douleur.

C'est faux bien-sûr mais j'ai repensé à une parole de ma mère. Si l'hymen est intact, je suis toujours vierge.

Je m'installe alors sur la table d'examen. Elle jette un coup d'oeil et me dit : "vous souffrez encore de douleurs aujourd'hui ? Parce que là je regarde et je ne vois rien d'alarmant. Avez-vous eu un rapport pendant vos règles ?". Cette dernière question me fait paniquer.

-Non non je n'ai pas eu de rapport ! Mon hymen est déchiré ?!

-Non il est toujours présent. Mais vous savez, lors d'un rapport sexuel, votre hymen peut ne pas se casser.

-Comment ça ?!

-Eh bien, selon les femmes, l'hymen peut être élastique et se laisser pénétrer sans se rompre.

-D'accord je ne savais pas.

-Vos règles sont douloureuses habituellement ?

Elle continue de me poser des questions pour essayer de comprendre l'origine de cette douleur inexistante. Je joue le jeu pour éviter qu'elle se rend compte de cette duperie. Je ressors de cette consultation déboussolée.

-Alors ? Alors ? Insistent les filles.

-Rien, mon hymen est toujours là.

-Genre t'es vierge toi ?

-Oh Amandine c'est pas le moment.

-Je vous l'avais dit les filles, tout va bien.

Je ne voulais pas les inquiéter en leur disant que je n'ai pas osé lui demander si j'avais été violée. Mais d'un autre côté, je n'arrive pas non plus à me dire que Martin aurait profité de moi.