Chapitre 1 : Une enfance presque terminée

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         L'été est déjà terminé. Nous arrivons sur Paris, découvrons une ville sous un soleil sombre. Les embouteillages n'ont pas de fin. La tête posée sur la fenêtre, la tête dans les nuages, je rêve.

Je me remémore les moments passés. En primaire, dès le début du mois d'août, mes copains me manquaient. Je n'étais pas le genre de personne qui prennait des nouvelles mais plutôt celui qui pensait à eux sans les contacter. Encore aujourd'hui, j'amplifie les souvenirs. Soit ils deviennent si noirs que je ne veux plus qu'ils reviennent à la surface, soit ils deviennent si beaux que je ne peux m'empêcher de me dire que ça n'a jamais existé.

La maternelle était pour moi la meilleure période mais bon revenons à l'école primaire. A cette époque, je préparais mes fournitures scolaires un mois à l'avance. Je me souviens encore que j'allais embêter mes frères et soeurs pour que nous les fassions ensemble. Je me rendais pas compte de ce qu'ils pensaient de la rentrée. Pour eux l'école était un endroit où les enfants souffrent. Ils travaillaient toute la journée et une fois de retour à la maison il fallait remettre la tête dans les cahiers. L'idée de torture qu'ils avaient de l'école les rendaient dingues alors ils me claquaient souvent la porte au nez.

Je me souviens qu'en dépit, j'allais demander de l'aide à ma mère. Elle me donnait une photocopie de la liste, donnée par ma future maîtresse, et me disait : «je suis occupée pour l'instant mais regardes dans la maison si on n'a pas déjà les fournitures demandées». Je tirais son gilet, lui faisant comprendre que c'était maintenant. Finalement, à force de la déranger, comme je l'espérais, elle venait avec moi préparer mon cartable.

Je me souviens aussi qu'elle utilisait une lame pour entailler le bout du crayon de papier afin d'y écrire mon nom. Ça me fait rire parce que dans ma classe j'étais la seule qui n'avait pas d'étiquette. Mes camarades étaient tellement stupéfaits qu'ils demandaient tous à leurs parents de graver aussi leur prénom. J'étais si fière.

Puis le temps s'écoula, je suis arrivée au collège. Le coeur cassé, je me retrouvais seule, sans amis. Certains sont partis dans une école plus renommée, d'autres ont déménagé ou ont été placés dans une classe différente de la mienne.

La sixième a été une des années les plus difficiles. Puis, la puberté m'est tombée dessus. Mon corps a changé de la tête aux pieds. Je me suis transformée en ours. J'ai reçu mes premières remarques esthétiques, assez vexantes d'ailleurs. Les élèves étaient tellement méchants entre eux. Certains utilisent les autres pour se faire de nouveaux amis, d'autres souffrent et veulent faire vivre à leurs camarades leurs douloureuses épreuves. Chacun réagit à sa guise mais le résultat n'est j'aimais bon.

A cet âge, on avait tous un modèle, on achetait tous des vêtements de marques, et on voulait braver les interdits. On faisait seulement ça pour recevoir des compliments afin de se sentir valorisé et important, même si personne l'avouait. Je me rappelle que je cherchais à impressionner tout le monde, en permanence. J'avais peur qu'on me laisse dans l'oubli et de ne pas faire le poids face aux autres filles.

Depuis cette année-là, je me suis renfermée sur moi-même et je redoute chaque rentrée. Le lycée n'était pas forcément mieux. On a continué de se moquer de moi et de me rabaisser. Puis, je me suis légèrement rebellé en première. Et la terminale est passée aussi vite qu'un éclair. A part les cours, les visites des écoles supérieurs, et quelques soirées entre copines je n'ai rien vu d'autre.

J'en reviens alors, comme tous les étés, à me demander comment va se passer la prochaine année. Est ce que je vais être rejetée ? Aimée ? Adorée ? Et surtout est ce qu'il y aura un nouveau qui me plaira ?

J'en suis sûre qu'on sait toute déjà posée cette question, et qu'on a déjà prié pour que ce voeu se réalise.

Et bien voilà où j'en suis, je m'appelle Maryline, j'ai dix-sept ans, je n'ai jamais embrassé de garçons et je m'apprête à rentrer en étude supérieure.

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