Chronique de Lina : le récit d'un mariage forcé

Partie 22 23 24

 était assit sur le lit, dos à moi, torse nu. Je sais pas pourquoi mais j'aimais son dos. Je me frottais les yeux, il faisait super chaud, mes yeux étaient super gonflés ! Nordine a senti que je m'étais réveillée, il s'est retourné et m'a regardé. 

Nordine : Tu dors pas bébé ? 
Moi : J'ai chaud et toi ? 
Nordine : Quand tu t'es endormis je suis resté dans le lit avec toi parce qu'on aurait dit que tu faisais des cauchemars mais là j'avais trop chaud, j'étais obligée de sortir du lit 

Il s'est approché de moi et m'a déposé un baiser sur le front. 

Nordine : Hebiba j'veux que tu sois heureuse 
Moi : Merci Nordine … (j'étais gênée) 
Nordine : Ce week end on part chez ta miff in sha Allah, je vais les appeler demain 
Moi : D'accord in sha Allah qu'ils acceptent 
Nordine : T'inquiètes pas, bon moi j'vais prendre une douche j'ai trop trop chaud, tu m'accompagnes ? (avec un grand sourire) 
Moi (en lui jetant mon oreiller) : Tu me dégoûtes Nordine (en rigolant), vas à la douche tu pue

Il s'est mit sur moi, il adore faire ça, il a commencé à me chatouiller, j'en pouvais plus, je rigolais trop, j'avais hyper mal au ventre, j'avais du mal à respirer, il fait trop bien les chatouilles ! Moi j'essayais de le taper miskin, il m'a porté en sac à patate et il m'a prit dans la douche avec lui. Résultat on s'est douchés tous les deux en étant habillés. 

Pour sortir de la douche, il m'a enroulé dans une serviette, il m'a même mit de la crème dans le dos j'étais choquée. J'allais un peu mieux que tout à l'heure, les attentions et la bonne humeur de Nordine me remontaient un peu le moral. Je suis partie me changer dans la chambre pendant que lui se changeait dans la salle de bain, je mettais mis en débardeur et short parce qu'il faisait vraiment trop chaud, Nordine aussi était en short lol. Quand il est sortit de la salle de bain ça a donné un truc du genre ;

Nordine (choqué) : T'as pas le droit ! 
Moi : De ? 
Nordine : T'as vu comment tu te sappes ? Azi c'est de la torture la ! 
Moi (en me regardant de haut en bas) : C'est vrai ? 
Nordine : Si je t'attrapes toi 

On a couru tous les deux comme des ksos, mais notre appart est si petit qu'il n'a pas tardé à me rattraper. Il a posé ses mains dans le bas de mon dos, on se regardait dans les yeux et on s'est embrassés. Comment résister à ses lèvres ? Même si mon coeur était occupé par un autre. Imaginez vous cette sensation horrible .. Mariée à un homme, aimée son shab. C'est si dur à vivre, c'est tellement culpabilisant !

Les jours ont passés, le train de notre vie reprenait, on s'entendait toujours aussi bien, on rigolait bien, on se faisait des petits câlins, je me surprenais moi-même à lui donner des surnoms mignons de plus en plus souvent. J'avais malheureusement pris la fâcheuse habitude d'aller embrasser la peluche de Bilel chaque jours, comme pour lui dire que je l'aimais … 

Au fait, Nordine avait appelé mes parents et on devait aller les voir le week end d'après soit dans deux semaines.

J'essayais de sortir le moins possible seule, de peur de recroiser Bilel et d'avoir la même sensation que la dernière fois. Je me mettais à la place de Nordine et je me disais que ça ne devait pas être facile de me voir dans un sale état, de plus que je sais que ça le faisait souffrir. 

Un jour, je vais chercher le courrier comme d'habitude, et je vois une enveloppe adressée à mon nom. Je l'ouvre donc et je vois la photo de moi et Bilel au parc astérix quand c'était la dame qui nous avais prit. J'ai eu de la haine envers lui, parce que ça me faisais encore plus souffrir. Au dos il avait écrit «Lina et Bilel ♥». Je me suis assise sur le canapé, en fondant en larmes. Il me faisait souffrir, sans s'en rendre compte peut-être, mais à quoi jouait-il ? Pourquoi voulait-il venir gâcher mon bonheur ?! Il était vers les midi, Nordine rentrait encore dans longtemps car en plus ce jour-là il devait passer voir Farida sa soeur (à qui il avait ordonné d'arrêter de parler mal de moi). Il m'avait dit qu'il rentrerait pour 20heures. Malheureusement pour moi, je me suis mise à replonger, je pleurais encore et encore, je me sentais mal, triste, en colère contre moi-même car je trahissais en quelque sorte Nordine ! Comment l'oublier ? Comment vivre avec cette envie de l'avoir au près de moi ? 

J'implorais Allah de m'aider, de me le faire oublier, de me faire aimer Nordine, car malgré le fait qu'il m'avait fait du mal, désormais il méritait tout mon amour. 

Je ne voulais pas que Nordine me retrouve comme ça une fois de plus, surtout que l'excuse de la famille ça ne marcherait pas puisque j'allais les voir dans quelques jours (j'étais impatiente d'ailleurs). Je suis donc partie ranger la photo avec la peluche, et j'ai séché mes larmes. J'en avais marre de cette situation, à cause de ça je ne rendais pas heureux Nordine, ça je le savais. Il fallait que je fasse des efforts, pour lui, pour moi, pour nous. Il méritait le bonheur, quoi que vous pouvez pensé, car oui il a été méchant, oui il a des mauvais côtés, mais son coeur est pure et doux. 

Je suis donc partie préparer son plat préféré (tajine à l'agneau et aux pruneaux), j'ai pris une bonne douche, j'ai mis une belle robe de soirée que j'avais, je me suis maquillée soft mais très jolie, avec une belle coiffure. Je voulais lui faire plaisir, je voulais qu'il soit heureux. Il était 19 heures, je suis partie préparer la table, j'avais fais une jolie table, même si j'avoue que le coeur n'y était pas vraiment puisque dans le fond j'étais triste, il fallait que je fasse ça pour lui. 

Je l'ai attendu dans la cuisine, il faisait beau dehors, j'aimais trop regarder par la fenêtre. Vers 20 heures il est arrivé, à son habitude il a dit « Elle est où la plus belle ? », moi je lui ai répondu « Viens dans la cuisine ». Il est arrivé, il a fait un énorme sourire, il était choqué mais super heureux. Il m'a regardé de haut en bas et m'a dit « T'es la plus belle omri », il s'est approché de moi, m'a prit doucement par les hanches et m'a embrassé. On s'est assit à table, il me regardait avec des yeux... j'avais l'impression d'être la plus belle femme au monde. On a mangé, on discutait, il me parlait de son boulot, je l'écoutais mais j'étais un peu ailleurs, mes pensées toujours prises par Bilel .. 

Une fois le repas terminé, je voulais faire la vaisselle mais il m'a dit pas ce soir car il avait une surprise. 

Je suis partie m'asseoir sur le canapé, il s'est ramené avec un carton et en a sortit une … Playstation ! Il était tout fier, tout heureux. 

Nordine : Maintenant on va pouvoir s'amuser ! 

J'avoue que j'étais heureuse parce que j'aimais trop jouer aux jeux vidéos. Il l'a installé, moi je le regardais faire, j'étais un peu impatiente de jouer, il avait acheté qu'un jeu de foot pour l'instant. 

Une fois installée, on a joué toute la soirée ! Jusqu'à 2 heures du matin … On est des cinglés ! On se butait à ça, en plus, lui il travaillait demain. On était tous les deux fatigués, il m'a porter comme les princesses et m'a mise dans le lit et une fois de plus il s'est posé sur moi, on se tenait d'une main et son autre main me mettait les cheveux derrière l'oreille en me caressant. Il arrêtait pas de me regarder en souriant, un moment ça m'a soulé je lui ai dis. 

Moi : Quoi ?
Nordine : Ouaaa comment tu m'agresses, destresses j'allais te dire que t'étais belle 
Moi : Anw merci 
Nordine : Te sens pas fraiche non plus (en rigolant) 
Moi : Je me sens fraiche et alors ? 
Nordine : Y'a pas de quoi 
Moi : Ce menteur de malade, y'a deux minutes t'as dis que j'étais belle
Nordine : C'est ce qu'on appelle du mensonge, de l'hypocrisie 
Moi : Anw (je l'ai poussé de mes mains) 
Nordine (en me blotissant contre lui) : Je rigolais hebiba mais évites de faire la star aussi 
Moi : C'est ça 

Pour me venger, quand je vous dis que je suis sadique, je me suis mise en pijama devant lui, c'est à dire qu'à un moment j'étais en sous vêtement. Je le regardais et je disais « c'est vrai y'a pas de quoi faire la star ». Lui il était allongé dans le lit, il me regardait genre « ouaaa ». Devant Nordine je n'avais pas honte, malgré mes sentiments pour Bilel j'étais très complice avec Nordine et je l'appréciais énormément ! 

Nordine m'a sauté dessus alors que j'avais enfilé que mon short. Il m'a jeté dans le lit et me faisais des bisous partout. Mais moi je n'étais pas prête à aller plus loin, premièrement parce que ça aurait été malhonnête par rapport à lui, et que je n'avais pas envie de lui donner mon corps alors que je n'étais pas amoureuse de lui... Je l'ai donc stoppée gentiment. 

Moi : Je peux pas 
Nordine : Pourquoi ? 
Moi : J'ai mes trucs .. 

C'était un mensonge mais qu'est-ce que j'aurai pu lui dire d'autre ? Je t'aime pas ? C'est pas toi que je veux ? C'est à Bilel que je pense ? Non, il fallait que je sois le plus possible gentille avec lui, de toute façon je n'avais pas le choix... 

Je vais passer les jours jusqu'au jour du départ pour aller chez mes parents   . 

On faisait nos valises, enfin je faisais les valises car monsieur ne sait toujours pas faire sa valise ! (quand je dis valises c'est nos sacs quoi) J'étais surexcitée ! J'étais trop pressée de tous les retrouver, de pouvoir enfin les serrer dans mes bras, rattraper le temps perdu .. Ca faisait maintenant plusieurs mois que je ne les avait pas vu, même rien qu'au téléphone. Que le temps passe longuement loin des siens ! Même si maintenant j'avais Nordine qui était là pour moi Alhamdoulilah, c'était dur. Nordine se moquait de moi parce que je chantais, je dansais, j'étais une vraie gamine ! 

L'heure de partir est arrivée, on avait à peu près 1h30 de route si ça circulait bien. Dans la voiture on chantait des musiques super nulles en plus, on rigolait, je pensais même pas à Bilel, j'étais juste bien. Mais plus on se rapprochait, plus, sans le savoir pourquoi, une boule d'angoisse se formait dans mon ventre. Comment allait être ces retrouvailles ? Nordine sentait que j'étais stressée alors il essayait de me rassurer, il me disait que c'était ma famille pour la vie et que malgré la distance ce lien pourra jamais être détruit. 

Nous sommes arrivés en bas de mon ancien bâtiment, ça faisait tellement bizarre de revenir ici après tout ce temps ! Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis la dernière fois où j'avais posé les pieds ici. 

Nous sommes montés, arrivés devant la porte mon stress était au max ! Revoir ma maman, ma vie, mon amour.. J'étais tellement heureuse. J'entends les clés tournées dans la porte, mon coeur battait à mille à l'heure ! Et là, je vois mon Papa d'amour, me regarder un instant, des larmes dans les yeux. Sans réfléchir je lui ai sauté dessus ! Je serrais fort fort fort, et lui faisait de même. Mon père, l'homme de ma vie, celui qui a toujours été là, je le retrouvais enfin ! Mes larmes coulaient, mon coeur battait de plus en plus vite. J'étais bien dans ses bras, je me sentais protégée, je me sentais à ma place, aimée. Puis, j'ai entendu ma mère se mettre à pleurer, elle était derrière mon père, je me suis détachée de lui et j'ai sauté dans les bras à ma maman ! Elle me recouvrait de bisous, elle m'avait tellement manquer ! Nous sommes rentrés dans l'appartement, ma mère ne me lâchait pas, mon père parlait avec Nordine. Arrivés dans le salon j'ai vu mes deux petites soeurs d'amour ! Elles m'ont sauté dessus, elles aussi pleuraient. Ca me faisait tellement de bien de les retrouver mes petits anges d'amour ! 

Hajar avait tellement changé ! (Elle avait eu 15 ans, pour cette occasion je lui avais envoyé un message où elle m'avait répondu « merci tu me manque »). Elle était tellement belle ma sha Allah, maintenant elle prenait soin d'elle, elle était habillée comme une vraie fille, j'étais fière d'elle. Et mon petit bébé d'amour Hawa. Toujours aussi belle ma sha Allah, je l'ai prise dans mes bras, je ne cessais de la coller contre moi, c'était l'amour de ma vie ma petite soeur, c'était mon ange le plus précieux. Je lui faisais un milliard de bisous. Puis, est arrivé mon frère Yanis, ma sha Allah toujours aussi magnifique mon petit frère, lui aussi était tout heureux et avait les yeux qui brillaient ça m'a fait énormément plaisir, on s'est fait également un gros câlin. 

On s'est tous installés au salon, on parlait, on rigolait. Ma mère n'arrêtait pas de demander « Et le bébé c'est pour quand ? ». Nordine me regardait en souriant, moi bien évidemment j'étais très gênée ! 

Bref, la journée s'est passée, ça faisait plaisir de revenir chez soi, Yanis et Nordine s'entendaient bien, moi je suis restée avec mes petites soeurs et ma mère pour préparer à manger. On se met à table, le soir, et la porte d'entrée s'ouvre. Qui je vois débarquer ? ZOUHIR ! Il m'a regardé choqué, il ne bougeait pas, et puis il a couru vers moi, je me suis levée et il m'a soulevée, il me portait dans ses bras, il me faisait pleins de bisous, j'étais choquée de sa réaction !

Zouhir : Oh petite soeur ! Ma princesse, ma sha Allah regarde toi comme t'es belle ! Tu m'as manqué ma soeur, wallah ça fait du bien de te retrouver ! (il a serré la main à Nordine et a dit) Toi ! T'as intérêt à prendre soin de ma soeur sinon je vais pas rigoler ! 

Il s'est ensuite assis à table, il me fixait, il était donc sorti de prison ? Bref, on a parlé de tout et de rien, tout le monde appréciait Nordine et ça me faisait plaisir. Puis il est venu l'heure d'aller dormir.

Je vais dans ma chambre, il y avait un lit deux places qui appartenait à Hajar et un lit une place pour Hawa. Seulement ma mère m'a annoncé que les filles allaient dormir dans le salon exceptionnellement pour me laisser en paix avec mon mari. On est donc partis se mettre dans le lit, Nordine me serrait dans ses bras, j'étais sur un petit nuage, je me sentais bien ici, vraiment. Je ne voulais pas retourné dans notre appartement, pourtant il le fallait... 

Le lendemain, on a tous déjeuné ensemble et ma soeur Hajar m'a demandé de venir avec elle dans la chambre car elle avait à me parler. Je l'ai donc suivi. 

Moi : Qu'est-ce qu'il y a ? 
Hajar : Jure tu diras rien aux parents ? 
Moi : Wallah ! 
Hajar : J'ai un chéri ! 
Moi : Nooooooon ! Jure ?! (j'étais choquée car ce n'était pas le style de ma soeur) 
Hajar : Wallah ! 
Moi : Raconte !
Hajar : Il a 20 ans, il est mécanicien, je l'ai rencontré par hasard parce que c'est le cousin de ma shab, ça fait 2 mois qu'on est ensemble, il s'est jamais rien passé, il attend que j'ai 16 ans pour venir me khtob. Je l'aime d'un amour Lina, wallah je sais pas si tu ressens ça pour Nordine, mais je lui donnerai ma vie ! En plus, toi même tu sais comment je suis, les mecs tout ça c'est pas mon truc, mais lui je sens que c'est mon mari, que c'est lui le bon. Il est pieux, il passe sa vie à la mosquée, il connait je sais pas combien de sourates, il boit pas, il fume pas, il sort pas. Il a jamais essayé de me toucher ou de m'embrasser. Il est respectueux, il est adorable... 
Moi : Hé bah dis donc ! Je suis contente pour toi petite soeur ! Mais comment est-ce qu'il s'appelle ? 
Hajar : Bah euh, son prénom de base c'est Dimitri. Mais son prénom de converti c'est Nassim 
Moi : C'est un français ? 
Hajar : Oui mais c'est un bon musulman, et c'est pour ça que je t'en parle Lina, tu crois les parents ils vont l'accepter ?
Moi : Alors là je sais pas, je me suis jamais posée la question ! 
Hajar : J'ai peur qu'ils le refusent, je pourrai pas vivre sans lui
Moi : Attends un peu, de grandir etc, et à ce moment là, quand t'auras 17 presque 18 ans tu expliquera à maman, comme tu viens de le faire avec moi ! C'est une femme, elle sait ce que c'est d'être amoureuse, et elle veut notre bonheur, si c'est un homme bon il n'y a pas de raison pour qu'elle refuse... 
Hajar : J'espère ! 

Après cette discussion, nous sommes tous partis dans un centre commercial, on rigolait comme des fous, mon père et ma mère semblaient tellement heureux. Je suis restée presque tout le temps avec Zouhir, j'étais heureuse de voir qu'il avait changé. Il avait muri, la prison l'avait changé. Il m'expliquait que les conneries il avait arrêté maintenant, et qu'il était à la recherche d'une emploi. 

Nordine s'amusait comme un fou avec mes deux petites soeurs, il avait Hawa dans les bras, il l'a faisait tourné, il vannait Hajar, j'étais fière de voir que mon mari était quelqu'un de bien. Plus je le regardai, et plus je me rendais compte de ma chance. Même si dans le passé il m'avait fait souffrir, dans le fond c'était quelqu'un de vraiment bien. Et là, quelque chose de bizarre s'est produit. J'avais envie de fondé ma famille avec lui. Pourquoi ? Je ne savais pas. Mais de le voir agir ainsi avec mes soeurs je me disais que j'aimerai que ça soit de même avec nos propres enfants. Bilel ? Il fallait que je me fasse une raison, je ne pourrai jamais l'avoir, et malgré cet amour que j'avais pour lui, j'aimai d'une certaine façon Nordine... 

L'heure est venue que l'on parte. J'étais triste, on pleurait tous ! Mais on s'était promit de se revoir dans deux semaines ! J'étais heureuse. 
Arrivés en bas de notre bâtiment, nous sommes tombés sur ..