Souvent la nuit je te vois.
J'me souviens, j'avais demandé à mes parents de m'emmener au funérarium, je voulais absolument voir ton corps. J'voulais être sûr que t'étais vraiment morte, que c'était pas un rêve ou une blague. T'étais dans une salle avec des murs gris et pas de fenêtre, le plafond bas et pas beaucoup de place, j'avais trouvé ça étouffant et je suis persuadé que tu aurais détesté. Et toi t'étais là, dans une boite en bois tellement sombre que j'ai pensé qu'elle absorbait toutes les lumières de la pièce. Tes cheveux blancs, un peu trop bien coiffés, paraissait terne et toi tu étais toute aussi blanche, ta peau de porcelaine ressemblait à du plastique, on aurait dit un mannequin de vitrine. Je t'ai regardé, les mains posées sur le tissus bordeaux que tes parents avaient choisi et qui contrastait avec le blanc du linceul, et j'ai réalisé que la dernière fois qu'on s'est vu, c'était la dernière fois que je voyais la couleur de tes yeux. Je sais que des gens, pour faire leur deuil, dire au revoir, embrasse le corps une dernière fois, et moi j'aurais tellement voulu poser ma main sur ta joue pour te dire que tout irait bien pour toi maintenant. Mais j'ai pas pu. J'avais trop peur de ta peau froide, blanche, dure. J'avais plus de voix non plus alors ça m'a pas aidé. Je pleurais juste et j'ai vidé la boite de mouchoir mise à disposition. Si tu m'avais vu à ce moment là, Lys, t'aurait eu peur j'pense. J'suis resté une heure, puis deux, trois, jusqu'à ce que tes parents arrivent et qu'ils mette le tissus sur ton visage. Ta mère à pleuré autant que moi. Pas plus je crois parce que ça c'est impossible mais à nous deux je suis étonné qu'un océan salé n'ai pas soulevé ton cercueil pour le faire flotter.
J'pourrai jamais plus poser mes lèvres sur les tiennes. J'aurais plus tes mélodies qui tournent en boucle dans mes oreilles. J'aurais plus tes doigts dans mes cheveux ni mes mains sur tes seins. Toutes ces dernières fois qu'on ne savait pas.
J'aurais aimé me jurer que c'est la dernière fois que je voyais quelqu'un dans une boite en bois, mais avant de te suivre, Lys, je risque d'en voir des tas et des tas, tous ceux que tu ne verras pas.
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cigarettes et violettes
Romanceremonter le temps est impossible, comment restera-t-elle dans ma mémoire ?