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— Déclinez moi votre identité, monsieur.
— Eko Santi. Étrange, hein ? Je détonne parmi les Wayan, Made, Nyoman et j'en passe – d'ailleurs, si vous voulez savoir, j'ai toujours trouvé ça ridicule de nommer les enfants en fonction de leur ordre de naissance. Enfin, me voilà. Je ne suis ni un Sudra, ni un membre de la noblesse. Juste... un type paumé, qui tente de s'adapter à une culture qui reste certes riche, mais qui ne lui correspond pas. Ça se voit, nan ?
— Hum. Âge, date de naissance ?
— J'ai vingt-sept ans, ayant vu le monde au petit matin, un 31 août. Comme si l'été attendait mon arrivée pour pouvoir mourir et faire place à des températures plus fraîches.
— Votre nationalité ?
— Ah ouais, bavard, le gars... Fin bref, je suis Indonésien, mais je ce terme étant un peu vague, on peut me décrire comme Balinais aux yeux de la loi. Mes parents étaient originaires du Sri Lanka, et mon grand-père avant eux des États-Unis. Un charmant mélange qui est le responsable d'une incroyable confusion à l'intérieur de moi. Vous voulez que je vous fasse une confidence ? Non, j'imagine, mais c'est pas comme si vous usiez de votre langue pour refuser, alors bon... voilà : je ne sais pas qui je suis, ou plutôt, ce que je suis. J'ai toujours bougé un peu partout, sans avoir eu le temps de m'accoutumer ou de m'installer. Mes parents ont bien essayé de m'intégrer pour moi, mais ça n'a jamais vraiment marché. Lorsqu'ils sont arrivés sur l'île, j'étais déjà gosse ils allaient donc pas changer mon nom pour adopter les coutumes de la plèbe, mais ils ont tout de même voulu "faire les choses bien" en me donnant l'appellation de « santi ». Traduction : « paisible ». C'est un truc typique d'ici ; comme tout les noms sont pareils, on distingue les gens en fonction d'une de leurs caractéristiques accolée au prénom. Ouais, on peut dire que les traditions balinaise sont un incroyable bordel. Et encore, je vous ai épargné l'explication des castes !
— Coupez court, s'il vous plaît... Quel métier exercez-vous ?
— Moi, un métier ? Quel est ce mot ? Nan, plus sérieusement, je suis censé être un commercial émérite près à succéder à ses parents dont l'entreprise familiale... vous sentez la mauvaise odeur ? Je vous aide ; c'est celle de l'arnaque. Apparemment, je suis trop irresponsable, donc je n'hériterai pas du domaine à moins que je ne me comporte comme un gentil garçon. Hum, laissez moi réfléchir... non merci, ça va aller !
— Passez, j'ai dit. À présent, décrivez-vous physiquement.
— Il y a vraiment une partie qui demande ça ? Bah, si c'est si important... Je peux vous dire que j'ai la plastique d'un Apollon, ni plus ni moins. Vous n'êtes pas convaincu, mon brave ? Pourtant je fais frémir les recruteurs de modèles d'envie, je vous assure. Je décroche encore plus de propositions de shootings photo que de rendez-vous – et pourtant, je peux affirmer récolter ces dernières à la pelle... Mais ce n'est pas pour autant que ça m'intéresse, hein.
