2 / S'apprivoiser

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Elle décida de rester, du moins le temps de se faire une idée plus nette sur son hôtesse mais aussi sur son destin. Une pause lui était accordée et elle avait mis cette inconnue sur sa route. Elle ne pouvait laisser passer l'occasion. Et sa curiosité la démangeait face à cette femme et son aura de mystère. Autant en profiter. Elle se lava dans l'eau froide du ruisseau puis remonta vers la cabane. En arrivant, elle sut tout de suite que son hôtesse était réveillée. La porte grande ouverte, on l'entendait râler depuis la clairière. Comme hier, le désordre en plein jour surprit Marinette. La pièce était sale et encombrée. Elle ne connaissait pas la moitié de l'utilité des objets mais, comme on lui avait appris, chaque chose avait sa place.

- Tu es de retour ! Tu m'excuseras mais j'ai pas mal de travail aujourd'hui, tu vas devoir te trouver une occupation.

- Comme par exemple, ranger et nettoyer ?

- Oui si tu veux, répondit-elle, plongée dans un parchemin. Comment ? demanda-t-elle, en relevant la tête. Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu n'es pas là pour ça!

- D'accord, mais pourquoi suis-je ici, alors ?

- C'est ce que je tente de découvrir mais je n'ai pas fini de traduire la prophétie, et j'ai des préparations à terminer, tout ce que je sais c'est que tu dois rester auprès de moi.

- La prophétie ? Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous me racontez depuis hier soir mais si cela me concerne, je voudrais le savoir.

Elle avait parlé sans réfléchir, étonnée elle-même par tant de hardiesse, pourtant, elle continua.

- Et je veux bien rester mais à une seule condition !

- Je t'écoute.

- Je veux me rendre utile en faisant la chose que je sais faire le mieux, tenir une maison et sauf le respect que je vous dois, vu le chaos qui règne chez vous, je pense ne pas m'ennuyer.

Mouchée, celle-ci repartit en ronchonnant vers ses carnets.

- Je m'appelle Marinette.

- Naja, mais tout le monde m'appelle Sanadora par ici, ce qui veut dire guérisseuse en patois. Mes dons sont reconnus dans toute la région de Hous mais mon apparence peut rebuter voire effrayer quelquefois. Est-ce ce que tu ressens ?

- Non, enfin un peu. Je me demande comme vous ce qui m'a conduite ici et ce que me réserve mon avenir.

- Tout le monde cherche des réponses à ces questions ; du serf au roi, nous vivons tous dans l'ignorance.

- Vous avez l'air de savoir, vous ?

- Je ne sais pas, je tente de comprendre. Et j'utilise ce que l'on m'a appris pour aider mon prochain. Je tente de naviguer entres maux du corps et mots de l'esprit sans perdre le mien au passage.

Naja l'observait tout en parlant et fronça les sourcils. Un joli minois, de longs cheveux blonds emmêlées, une robe et des bas trouées, elle semblait s'être battue tant elle avait d'éraflures. Avant de se dire Sanadora, elle devait prendre soin de son invitée qui en avait bien besoin.

- J'apprécie que tu me proposes ton aide mais avant tout, si je peux me permettre, tu as autant besoin de soins que ma cabane.

Marinette un peu gênée ne put dire le contraire. Elle se sentait sale et ses habits étaient usées jusqu'à la corde.  Ses blessures lui faisaient mal et ses cheveux ressemblaient à un tas de feuilles mortes. Mais Marinette hésita. Elle appréhendait de se dévêtir et de montrer son corps endolori. Naja s'approcha doucement.

- Je ne veux rien t'imposer et je comprends qu'il y a des choses que tu ne souhaites pas me montrer. Mais je veux t'aider et je ne peux te soigner avec tes vêtements. Et puis, il n'y a rien que je n'ai déjà vu, je suis une femme aussi.

DEMENCIA  Heureux celui qui ignoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant