C'était Albert qui, investi d'une mission, se dirigeait vers la maison close. Amùr, comme à son habitude, tuait le temps sur les marches du perron en jouant aux osselets. L'oiseau se posa non loin de lui et s'approchant en petits pas sautillants, il inclina la tête comme en attente de sa réaction. Amùr le reconnut tout de suite et alla se mettre à abri des regards indiscrets dans l'arrière-cour. C'était l'endroit le plus crasseux de l'établissement mais il s'y sentait en sécurité. Il abritait le poulailler, les latrines et les écuries. Un puits trônait en son centre. La petite écurie au fond de la cour était devenue son refuge. Ici, personne ne le dérangerait. Détachant délicatement le message de la bague d'Albert, il le gratifia d'une caresse amicale. Reportant son attention sur le message, il se mit aussitôt en route après sa lecture. Naja avait besoin de lui. Il était ravi à l'idée de voir son amie et encore plus d'avoir une occupation autre que les corvées de la maison.
Naja avait pressé Marinette pour rejoindre leur lieu de rencontre. Attendant avec impatience la venue d'Amùr, elle piétinait et faisait les cent pas autour du chêne. Marinette en profita pour cueillir des orties et des reines des près en parcourant les alentours. Elle croisa Amùr qui arrivait et le salua. Naja, inquiète, l'assaillit de questions et commença ensuite une de leurs conversations de mains et de mots.
- Quelles sont les nouvelles dans la cité, Amùr ? Bonjour... ah oui pardon, bonjour Amùr. Je suis tellement inquiète de ce qui pourrait se passer. Excuse-moi, Je suis prête.
- Le comte a mis en place un bureau des doléances pour récolter des témoignages. Oui, des dénonciations, tu veux dire. Cela ne donnait rien, très bien. Mais cette après-midi, des gardes se sont déployés par groupes dans les rues pour diffuser la description d'un homme recherché par le comte. Pourquoi recherche-t-il cet homme ? Il se dit que c'est un hérétique mais certains pensent qu'il a des informations à monnayer. Les gardes sont passés au bordel, questionner les filles et aussi se rincer l'œil. Comme dit Etta, la mère maquerelle, les soldats en ont souvent plein les bourses mais malheureusement ce sont souvent les mauvaises. Passons. Amùr, va à l'essentiel ! Du coup, les filles leur ont arraché les vers du nez. C'est un jeune homme qui est venu déposer un témoignage ce matin. Il a des déclarations à faire. Elles l'ont reconnu tout de suite à la description, c'est l'apprenti de maître Faure, Adam. Je l'ai déjà vu, il passe quelquefois et essaye d'avoir un rabais pour passer du bon temps avec les filles. Etta le surnomme le parasite.
A ces mots, Marinette changea de couleur et passa du rouge écarlate au blanc comme neige. Prise de vertiges, elle s'appuya contre le tronc du grand chêne pour finalement se laisser choir à son pied. Quelle idiote, elle avait été ! Il avait dit qu'il se vengerait et que ma réputation serait détruite. C'est moi qui ai signé notre arrêt de mort, pensa-t-elle. Amùr agita les mains vers Naja, occupée à traiter Adam de tous les noms d'oiseaux qu'elle connaissait, pour la prévenir du malaise de Marinette. Naja s'accroupit immédiatement à son niveau et se mit à la palper et lui prendre le pouls.
- Que se passe-t-il ? Tu es toute pâle. Je t'avais pourtant dit de dormir et de te nourrir correctement. Tu te fais trop de soucis.
- Vous êtes bien placée pour me conseiller cela, répondit Marinette avec ironie ; mais ce n'est pas cela. Je connais l'homme dont parle Amùr.
- Moi aussi, je le connais, c'et l'apprenti forgeron qui a bêtement brûlé son maître, là n'est pas la question.
- Non, quand je dis que je le connais, je veux parler du fait que je l'ai revu à plusieurs reprises au village.
- Quoi ? mais tu es inconsciente, hurla Naja, autant de surprise que de colère. Comment cela, tu l'as revu ? Où ? Quand ?
Amùr ne comprenait pas tout mais au visage tendu de Naja et à celui désespéré de Marinette, il s'approcha et posa une main apaisante sur l'épaule de Naja lui conseillant de se calmer.
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DEMENCIA Heureux celui qui ignore
Ficción históricaA l'époque médiévale, la médecine est souvent affaire d'hommes voire même d'hommes d'Eglise. Etre une femme, qui plus est guérisseuse, est source de bien de dangers. D'autant plus si la cité où elle vit, est régie par un homme avide de pouvoir , qu...