Ne sachant comment se présenter sans les effrayer, il décida de faire le tour de la maison. Alors qu'il arrivait vers l'arrière de la cabane, il entendit des voix. Albert était en compagnie de la maîtresse de Marinette. Il l'espionna un instant alors qu'elle découvrait le message que portait Albert tout en se demandant où se trouvait sa bien-aimée.
Celle-ci était dans la maison quand il arriva et elle l'observa d'un œil méfiant. Elle l'avait vu passer devant la petite fenêtre. Sans réfléchir, elle s'arma du premier objet qui lui passa sous la main, une veille casserole en cuivre, et sortit afin de prendre à son propre piège le curieux. Elle s'approcha doucement attendant le moment propice pour l'assommer. Au plus près de lui, ni une ni deux, elle leva au-dessus de sa tête la casserole et l'abattit de toute ses forces sur son crâne. Il s'affala sous le choc, inconscient gisant sur le ventre. Marinette appela aussitôt Naja d'une voix angoissée. A son cri, elle se précipita et resta stupéfaite devant la scène. Marinette, la casserole toujours en main, tremblait de tous ses membres.
- Que s'est-il passé, ma fille ? s'enquit Naja.
- J'ai vu, par la fenêtre, rôder autour de chez nous. Il t'espionnait lorsque je l'ai.... Oh, mon dieu, tu crois que je l'ai tué ?
- Du calme, tu as fait ce qu'il fallait. Écarte-toi, nous allons l'immobiliser. Ne nous faisons pas surprendre quand il se réveillera. Il est juste assommé et aura une belle bosse en souvenir de toi. Aide-moi !
Sortant de la corde de la poche de son tablier, elles lui attachèrent solidement les mains dans le dos.
- Il faut l'amener à l'intérieur, il ne devrait pas tarder à s'éveiller.
Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'elles le retournèrent sur le dos !
- Soma, cria Marinette.
Se jetant sur lui, elle lui caressa le visage dans l'espoir de le réveiller mais Naja sans détour lui donna des claques pour le sortir de sa léthargie. Que faisait-il ici ? Comment avait-il trouvé leur cachette ? Pouvons-nous lui faire confiance ? Il devait parler et sans tarder.
Sonné par le coup, Soma ne voyait que le visage inquiet de Marinette penché sur lui et un large sourire naquit sur ses lèvres. Cherchant sa main, elle la saisit et leurs cœurs firent un bond dans leur poitrine à l'unisson. Brisant le charme, Naja s'interposa entre eux et souleva le jeune homme sans ménagement. Elle le fit entrer dans la cabane et asseoir sur une chaise. Les mains toujours liées dans le dos, elle défendit Marinette de le libérer avant de savoir ce qui l'avait amené chez elles.
- Nous ne pouvons lui faire confiance tant qu'on ne sait pas pourquoi et comment il est arrivé jusqu'à nous, dit-elle en aparté à Marinette. Ne te laisse pas berner par tes sentiments, petite. Nous devons garder notre esprit clair et notre sang-froid.
S'avançant vers lui, elle l'interrogea :
- Que venez-vous faire ici ? Je vous préviens qu'au premier faux pas, vous le regretterez. Cela fait des années que nous nous préservons du monde extérieur et en particulier des personnes comme vous, je ne vous laisserais pas faire.
- Vous n'avez rien à craindre de moi, dit Soma d'une voix traînante, affecté par le coup sur la tête. Je suis porteur de mauvaises nouvelles et le temps presse. Laissez-moi vous expliquer, votre sécurité en dépend.
***
Alors que Soma racontait le cours des événements depuis leur première rencontre à la porte sud de la cité, dans la cuisine de la maison close, Adam trépignait et n'en pouvait plus de patienter. L'oiseau ne revenait pas et les minutes d'attente et se transformaient en heures. Les gardes, quatre au total, déjà arrivés et tous regroupés dans la petite pièce, commençaient à se sentir bien à l'étroit et supportaient mal l'inaction. Sans attendre plus longtemps, il décida d'embarquer tout le monde vers le fameux point de rendez-vous dans la forêt. Puisque rien ne se passait, il allait se débrouiller tout seul et débusquer ces satanées sorcières. Traînant des pieds, Amùr tentait de gagner du temps prenant au hasard des ruelles, faisant le tour des pâtés de maisons. Mais Adam, loin de se laisser berner, prit les choses en main et rossa Amùr afin de le remettre sur le bon chemin. Ils prirent la porte sud et rejoignirent la grande route avant de bifurquer vers un petit chemin s'enfonçant dans la forêt. Le même que Soma avait pris un peu plus tôt. En tête du cortège, Amùr, escorté par sa mère, avançait lentement, se soutenant l'un l'autre, les visages meurtris par les nombreux coups reçus. Adam ne cessait de se plaindre de leur lenteur. Se voyant déjà évoluant dans les hautes sphères de la société, il se dépeignait un statut de héros, tout son être bouffi d'orgueil. Il n'en pouvait plus d'attendre de pouvoir savourer enfin sa victoire et espérait bien le dénouement de sa mission triomphale. Enfin arrivé à l'arbre, Amùr se laissa tomber d'épuisement contre son tronc. Les larmes aux yeux, il se remémorait le temps passé sous son feuillage protecteur en compagnie de ses amies. Mais Adam ne comptait pas lui laisser un instant de répit.
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DEMENCIA Heureux celui qui ignore
Historical FictionA l'époque médiévale, la médecine est souvent affaire d'hommes voire même d'hommes d'Eglise. Etre une femme, qui plus est guérisseuse, est source de bien de dangers. D'autant plus si la cité où elle vit, est régie par un homme avide de pouvoir , qu...