Elles reprirent la grande rue et se dirigèrent vers le quartier commerçant, rempli de tavernes et d'échoppes. Naja connaissait parfaitement la cité et Marinette se demandait ce qui l'attendait encore. Mais Naja stoppa sa marche et s'écarta de la voie.
- Tiens, lui dit-elle, tendant la bourse qu'elles avaient gagnée à la maison close. Nous avons besoin de refaire nos stocks de denrées. Le marché va bientôt se terminer. Je te laisse choisir, j'ai une course à faire. Je n'en ai pas pour longtemps, nous nous rejoindrons à la porte sud à None. Fronçant les sourcils, elle ajouta : et tâche de ne pas me suivre.
- Mais...
Elle était déjà partie. Perdue, Marinette regarda autour d'elle. Elle sortit du quartier et tenta de rejoindre l'artère principale où se tenait le marché. Elle s'arrêta pour observer les étals et les passants. Il y avait une femme entourée de paniers à poules. Tiens, elle avait oublié la poule chez les Frairada. Pauvre Mme Frairada, se dit-elle. Plus loin, une grande table était garnie de tissus de qualité et l'homme qui les vendait faisait honneur à sa marchandise dans son beau costume, tendu sur son ventre rebondi. Jamais, elle n'était partie en courses seule et elle s'abreuvait de toute cette vie en mouvement. Du temps de son ancienne maîtresse Rezyma, elle devait la suivre docilement, portant les paquets. Elle se rappelle qu'elle avait « des oursins dans les poches » et marchandait sans cesse avec les vendeurs, jaugeant d'un œil critique les produits et menaçant d'aller voir ailleurs si cela ne convenait pas ; elle devrait s'inspirer de son aplomb. Au moins elle n'aurait pas tout perdu à son contact. Toujours tirer le meilleur des pires situations dirait Naja. Elle s'avança déterminée entre les étals pour repérer. Peut-être faudrait-il qu'elle se fasse une liste ; Naja ne lui avait donné aucune indication. Empêtrée dans sa liste, elle ne regardait pas devant elle et heurta un jeune homme et fit du coup tomber sa bourse. Se baissant pour la ramasser avant de se la faire prendre, elle se pencha en même temps que lui et ils se cognèrent la tête.
Se frottant le crâne, il dit :
- Vous m'avez fait voir des étoiles, je suis sonné. Excusez-moi, mademoiselle, je vais vous aider. Je suis très maladroit en ce moment.
- Oui, on m'en a déjà parlé, effectivement.
Il la regarda et la reconnut. Ses cheveux bruns toujours aussi ébouriffés, ses charmants yeux noisette pétillaient de malice et elle remarqua qu'il lui manquait un doigt à la main droite, encore une de ses maladresses, supposa-t-elle.
- Vous êtes la jeune fille qui accompagne la guérisseuse. Cela veut dire qu'il vous a raconté l'accident. Vous devez me trouver bien stupide, désormais.
- Ne soyez pas ridicule, chaque apprenti a eu un jour envie de brûler son maître. Vous avez eu le courage de le faire, voilà tout répondit-elle malicieuse.
-Vous vous payez ma tête ; oui, je m'en veux terriblement. Ma maladresse m'entraîne souvent dans de drôles de situations, mais cela a parfois du bon comme aujourd'hui. Je m'appelle Adam.
Marinette l'observait avec amusement devant son embarras.
- Je ne pensais pas vous revoir de sitôt reprit-il, et je dois avouer que cela m'enchante. Puis-je vous accompagner durant vos achats ? Ainsi, nous pourrons faire plus ample connaissance. Je connais bien le marché, je pourrai vous conseiller.
- Marinette, enchantée également. Avec joie ! En espérant que vos conseils soient à la hauteur de votre maladresse.
Elle accepta son aide, bien contente de ne pas être seule. Ils déambulèrent entre les étals, parlant des produits et se moquant des passants. Marinette fit ses achats tout en discutant. C'était un agréable moment. Intarissable sur les potins de la cité, il raconta des tas d'histoires qui la faisaient beaucoup rire et lui offrit des compliments qui la faisaient rougir. Avec son sourire ravageur, il la charmait sans relâche. Une fois les achats terminés, il lui proposa de boire un verre à une taverne en attendant none. Elle accepta.
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DEMENCIA Heureux celui qui ignore
Ficción históricaA l'époque médiévale, la médecine est souvent affaire d'hommes voire même d'hommes d'Eglise. Etre une femme, qui plus est guérisseuse, est source de bien de dangers. D'autant plus si la cité où elle vit, est régie par un homme avide de pouvoir , qu...