La maison close était encore endormie quand Adam se réveilla. Ne sachant plus trop où il se trouvait, il regarda les deux filles nues à ses côtés et son acolyte nu aussi, non loin sur un fauteuil. Il tenta de relever la tête mais elle était aussi lourde qu'une enclume. Sa bouche pâteuse et son regard flou achevaient le tableau du parfait réveil après un lendemain de beuverie. Refermant les yeux, il voulut se rendormir mais la réalité crue de ce moment ne le lui permettait pas. S'extirpant du lit, il constata avec colère la situation tout en s'habillant. Il s'était fait berner par les plaisirs de la maison et en avait oublié l'objet de sa visite. Réveillant violemment son compagnon, il le pria de se vêtir, à la fois furieux et un peu gêné. Sans sourciller, celui-ci s'exécuta. Une fois sortis de la chambre, ils profitèrent du calme pour visiter la maison. Ce n'est pas une petite gueule de bois qui allait le dévier de son but, de plus il devait rattraper le temps perdu, se dit Adam. Évitant les chambres des filles et de la patronne à l'étage, il entreprit de fouiller le rez-de-chaussée, son alter ego sur les talons. Au fur et à mesure de leur avancée, Adam se remémorait la soirée et n'osait plus regarder Aymar dans les yeux. Désormais, il connaissait son nom, cette nuit les avait rapprochés et de bien trop près, se dit-il. Il était loin de penser à ce genre de rapprochements entre eux. Passant devant la salle principale et ses alcôves, ils prirent un couloir qui menait aux cuisines et à la cour intérieure. S'arrêtant un instant, ils entendirent un bruit d'eau. S'approchant à pas de loup de la porte entrouverte, ils virent un jeune homme en train de remplir un seau. Adam comprit que c'était l'homme qu'il recherchait. Au petit matin, seul un employé peut se trouver dans un bordel. Les clients ne dorment jamais sur place. Ce qui, en déduit-il, prouve bien que ces satanées putains étaient de mèche avec lui et l'avaient amadoué pour cacher sa présence. Faisant signe au garde de se tenir prêt, il fit irruption dans la cuisine, l'un se ruant vers Amùr pour bloquer la sortie et Adam se campa devant la porte. Pris en étau, Amùr lâcha le seau plein d'eau et tenta de s'échapper mais se retrouva irrémédiablement entre les mains de ses assaillants. Aymar l'immobilisa sur une chaise, tandis qu'Adam fouinait dans les tiroirs pour finalement l'attacher à l'aide de ficelle à rôti. Fier de leur prise, ils le laissèrent un instant se débattre, alors qu'ils pillaient les victuailles et prenaient leur petit déjeuner sous son nez. Il savait qu'une fois le ventre plein, ils auraient suffisamment de force pour lui faire du mal. Ne pouvant crier, il tapait des pieds, espérant ainsi réveiller les filles. Mais agacé par le bruit, Adam lui ordonna de cesser et lui attacha aussi les pieds. Enfin restauré, il entreprit de le faire parler. S'installant négligemment devant lui, l'interrogatoire pouvait commencer.
- Nous recherchons un homme qui aurait des contacts avec une ou plusieurs femmes pratiquant la sorcellerie et la magie noire. Des hérétiques que notre bon comte veut, pour le bien de tous, neutraliser. On m'a dit que tu savais où elles se cachent et qu'il suffit de te demander de leur envoyer un message. Dis-moi comment les attraper et je tacherais de minimiser ta complicité dans cette histoire auprès du comte.
Amùr, les yeux ronds, le regardait sans ciller.
- Tu sais où elles se trouvent et tu les aides dans leur terrible dessein. Mais tu partageras aussi leur sort si tu t'entêtes à ne rien dire. Alors, parle, fit-il agacé. J'ai des preuves que tu les connais et il ne sert à rien de les protéger. Tôt ou tard, tu parleras, cria-t-il.
La tension montait au même rythme que la voix d'Adam. Excédé par son mutisme, il répéta inlassablement les mêmes questions. A bout de nerfs, il hurla.
- Espèce d'abruti, tu vas me répondre ou je te jure que tu le regretteras.
Se ruant vers lui, il l'attrapa par le cou et le souleva de la chaise. Il le relâcha un instant pour lui asséner des coups de poing. Amùr sentait la rage l'envahir mais il était solidement attaché et ne pouvait rien faire pas même crier pour appeler à l'aide.
VOUS LISEZ
DEMENCIA Heureux celui qui ignore
Ficción históricaA l'époque médiévale, la médecine est souvent affaire d'hommes voire même d'hommes d'Eglise. Etre une femme, qui plus est guérisseuse, est source de bien de dangers. D'autant plus si la cité où elle vit, est régie par un homme avide de pouvoir , qu...