« Et elle c'est qui ? »

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Novembre 2011

Il était universellement connu qu'une fille célibataire en âge de se marier faisait la course pour trouver le meilleur parti, le prince charmant, celui qui lui fera voir la vie autrement. Peu importe la classe sociale, l'objectif était toujours le même, trouver l'homme parfait qui correspondait aux besoins. Toutes les techniques étaient pertinentes pour être la première à attirer l'œil d'un homme « éligible ». Cela allait d'une tenue aguicheuse au comportement ostentatoire qui faisait au mieux rire l'assistance, au pire la honte sur la famille. Les garçons de leur côté n'espérait qu'une chose de la vie, l'argent. Tout les moyens étaient bons pour gagner de l'argent.

C'est dans ce décor de fond que vivait Naëlle depuis sa tendre enfance. Elle se dégageait particulièrement des autres filles. Ses parents lui avaient inculqué très tôt la valeur du travail bien fait et la persévérance pour réussir. Contrairement à beaucoup, elle n'avait jamais eu sa mère qui lui mettait une pression monstre pour la marier, tant que sa fille était heureuse, indépendante financièrement et qu'elle était sérieuse, tout allait. Elle faisait la fierté de ses parents. Souvent son père s'asseyait à table et se vantait d'avoir l'une des filles la moins sotte du pays. Némir, le frère cadet intervenait aussitôt pour dire que c'était faux et que c'était même la plus stupide. C'est à ce moment là que le repas dérapait entre insultes et rappel à l'ordre des parents. Némir était le petit prince de la mère de famille au plus grand désespoir du père qui voyait son fils posé en bas du bâtiment depuis l'obtention de son bac qu'il n'avait eut que de justesse et ce uniquement grâce à l'aide de sa sœur aînée. La famille déjeunait tranquillement comme chaque matin avant que Naëlle ne parte pour le travail. Le père venait d'être retraité et la mère travaillait comme nounou pour les enfants du quartier et ne commençait sa journée qu'à la sortie de l'école des enfants. Une fois la retraite acquise, le père de famille avait mit un point d'honneur à ce que la famille se retrouve le matin et le soir autour du repas. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle et c'est encore ensommeillée que Naëlle buvait son café, l'esprit encore endormit pour pouvoir aligner deux pensées cohérentes. Son père la regardait avec bienveillance. Elle avait l'air épuisée quand bien même maquillée et en tailleur pour aller travailler.


Naëlle était la plus grande réussite selon son père. Contrairement à beaucoup d'hommes il avait toujours voulu avoir une fille. Dieu le lui avait donné du premier coup. Elle était très douce et aimante avec lui. Elle avait cependant un très sale caractère que lui reprochait souvent sa mère et une manie de juger les gens à sa guise. Elle ne jugeait pas pour critiquer mais évaluer ce qu'ils valaient, s'ils étaient dignes de confiance ou non. Ses parents devaient souvent lui rappeler que les personnes vivants dans ce quartier n'avaient pas eu la chance qu'elle avait chose à laquelle elle répondait cyniquement " De faire des études ?" d'un air blasée. Elle se disait souvent que si elle, elle avait réussit à s'en sortir en travaillant. N'importe qui pouvait le faire, il fallait juste s'en donner les moyens. C'est pour cela qu'elle levait un oeil particulièrement péjoratif sur les gens du quartier. Elle considérait qu'ils étaient des incapables. Ils se plaignaient de l'état qui les avait abandonné mais qu'est ce que l'état peut faire pour nous si nous même ne sommes pas capables de serrer les dents et avancer. La vie lui avait apprit une chose, ne jamais faire confiance aux gens, se contenter de soi et avancer peut importe comment on se sent. Cela la faisait apparaitre comme une fille froide et hautaine mais cela lui était égal. L'opinion des personnes qui passaient leur vie au chômage, elle n'en avait vraiment rien à faire. La seule chose qui l'importait était que ses parents et son frère soient à l'abris du besoin. En outre, elle avait l'apparence d'une belle femme mais c'était un homme. Sa mère lui disait souvent " Ma fille, comporte toi comme un homme, sois forte, sois une combattante, fais partie des capables de ce monde."


Je t'haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant