Je t'haine

« J'ai eu une enfance difficile »

Mai 2012

Tarik recomptait ses billets à toute allure. Il était très satisfait. Son stock s'écoulait comme il le souhaitait. Il se trouvait à gérer un terrain particulièrement florissant et qui était très vite devenu la plaque tournante de la vente de stupéfiants dans le sud parisien. Il fallait dire que Tarik ne comptait pas ses heures. Il avait beau ne plus se trouver en bas du bâtiment, il laissait son portable allumé. Les clients pouvaient le joindre à n'importe quelle heure. Il était content, l'argent entrait et il pouvait faire décemment faire vivre sa famille. Ses deux frères travaillent bien à l'école, son père essayait tant bien que mal de ne pas ressasser le passé et Sarah veillait au grain à cela.

La seule chose qui gênait Tarik c'était l'événement du barbecue. Depuis ce jour là, il se sentait affreusement gêné. Il avait réalisé avec la remarque assassine de Naë qu'elle l'avait entendue. Depuis, il faisait son maximum pour l'éviter. Il savait à quelle heure elle descendait et rentrait de chez elle pour le travail et faisait en sorte de ne pas être dans les parages quand cela arrivait. C'était Nabil qui allait chercher Yanis à l'étude. Nabil n'avait rien comprit d'ailleurs à cela. Le jour où Tarik était venu en lui demandant d'y aller à sa place dorénavant, il n'avait pas ou cacher à son cadet la raison. Nabil avait alors répondu "Nan mais elle te sort par les trous du zen alors tu t'en fiche qu'elle t'ai entendu nan ?"
Tarik n'avait rien répondu et s'était contenté de lui redemander d'aller chercher le plus jeune sous peine de représailles s'il ne le faisait pas. Malgré son business qui allait plus que bien, moralement c'était une autre histoire.  En dehors de l'histoire avec Naë, il lui arrivait fréquemment de s'isoler, monter sur le toit et demander pardon à Dieu. Il avait conscience de ses péchés, mais il savait aussi que c'était le prix à payer pour nourrir sa famille. Ce n'était pas avec la vieille retraite de son père et le pauvre ménage de Sarah que le frigo allait se remplir. C'était l'homme de la famille et il essayait de s'en montrer digne. Son père se doutait de ses agissements sans vraiment chercher à savoir sans doute ayant trop peur de connaître la vérité et se dire que son fils reproduisait les mêmes erreurs que lui. La famille Andrieu avait une faiblesse profonde. Ils aimaient trop l'argent et tout les moyens étaient bons pour en avoir. C'était la seule chose qui importait en dehors de la famille, avoir de l'argent.

Tarik fut interrompu dans sa comptabilité par Némir. Il tcheka Tarik et lui tendit une énorme liasse. Ce dernier le regarda dans l'incompréhension.

- Tu fais quoi là ?

- Bah je te ramène le benef de la semaine du stock que tu m'as passé...

- T'as déjà tout écoulé ?! S'exclama Tarik en haussant ses sourcils.

- Igo, j'ai pas le temps. Plus tôt j'amasse ma somme, plus tôt j'arrête cette merde.

Tarik prit la liasse, compta à la vitesse de l'éclair et lui tendit plus de la moitié.

- Mais on avait dit...

- Ça c'est pour ton honnêteté frérot.

- Wallah que ça ne va pas me faire de mal en ce moment. Dit-il en soupirant.

-Pourquoi ? Vous avez des soucis de tunes ? Si c'est ça wallah prends toute ta part, je vais gérer pour le reste.

-Nan nan hamduleh ça ça va. Juste mes darons ils sont au bled.

Tarik fronça les sourcils ne voyant pas ce que cela venait faire là.

-Et il est où le problème ?