Chapitre 15 : Éclaircissement exhaustif

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𝒫𝑜𝒾𝓃𝓉 𝒹𝑒 𝓋𝓊𝑒 𝒹𝑒 ℒ𝒾𝓋𝒶𝒾̈

Le temps semble se suspendre, il n'y a plus que nous ici. Plus aucun son, tout semble lointain. Comme si nous étions derrière une vitre fissurée. Que le temps est compté, que le verre peut se briser à n'importe quel instant. Que c'est maintenant que tout se joue. Que les langues se délieront si elles en ont le courage. Qu'il n'y aura peut-être pas de prochaine fois.

-Dis-moi, je commence, ne voulant attendre plus longtemps, pourquoi maintenant ? Pourquoi t'es là maintenant ? Pourquoi t'es pas venu avant ? Je demande, tandis que l'air me bouscule à vouloir m'en faire tomber.

Me regardant droit dans les yeux, Eren inspire, le visage contrit par la nuit. L'air qu'il arbore...je ne saurai le définir, ne le connaissant pas assez pour ça. Dégageant autant de complexité que de simplicité.

-Parce que je ne me comprenait pas. Lâche-t-il, d'une voix rauque. Et j'avais honte de ça. Il fallait que je me questionne, que je trouve des réponses. Je ne pouvais pas te revenir comme ça. Comme une jolie fleur, en te disant que je m'excuse, que je ne savais pas dans le conscient pourquoi je t'ai laissé tombé.

-Tu ne t'ai pas dit que j'aurais préféré que tu me dises ça ? Que tu me fasses au moins un signe ? Que tu me dises que tu avais besoin d'un peu de temps ? Je demande de façon rhétorique, l'amertume passant la barrière de mes lèvres.

-Je me le suis demandé oui, mais je me suis permis de ne pas le faire. Parce que même si tu l'avais accepté, il y aurait toujours un fossé entre nous sans qu'on ne sache pourquoi...Excuse-moi pour mon égoïsme, pour tout...j'aurai pu au moins te dire ça...j'aurai pu te dire que j'avais besoin de temps.

-Alors quoi maintenant ? Qu'en est-il Eren ? Tu m'invites à Hurghada, on se rapproche, tu m'aimes apparemment beaucoup sans connaître la nature de tes sentiments, tu me dis de belles choses...puis tu t'es éloigné après cette journée sur le bateau. Jusqu'à n'être plus qu'un souvenir, je finissais par me demander si tu n'avais pas été qu'une illusion.

-J'ai eu peur Livaï...

-Quoi ? Mais...peur de quoi ? Je demande, me demandant si son aveux est sincère, ou si il n'est qu'une vieille disquette pour justifier son acte.

-Je n'ai pas été honnête avec moi, je pensais que ça irait, que c'était derrière moi...que ce n'était pas pareil malgré les ressemblances...

-De quoi parles-tu ?

-Il y a longtemps, j'avais un ami, Harta...

Mes sourcils se froncent, ne comprenant pas ce qu'il commence à me raconter. Je ne l'interromps pas pour autant et l'écoute malgré tout.

-On était deux gamins, avides d'aventures, continue-t-il, on s'était rencontrés pendant mes vacances dans son pays. En Indonésie. Je parlais déjà plusieurs langues à l'époque, communiquer avec lui n'était pas bien compliqué. On était vite devenus amis. Portant ce sentiment de s'être toujours connus. Comme si on avait toujours vécu ensemble. En seulement quelques jours, Harta s'était bâti une précieuse place dans mon cœur d'enfant. Un jour sur la plage, pendant qu'on jouait à faire des châteaux de sables, il m'a dit que lui aussi, un jour il irait chez moi. Il me l'avait promis et cette perspective me rendait heureux. Je prévoyais avec hâte tous les endroits que je pourrais lui faire découvrir, lui qui adorait les histoires de roi et de reines... Quand j'ai quitté l'Indonésie, on s'était donné nos adresses, pour que par la suite on s'écrive en attendant de se revoir. À la maison je n'avais pas la notion du temps. Pour moi il pouvait arriver d'une minute à l'autre. Chaque soir, je m'endormais en me disant que demain ça serait le grand jour. Un matin, pendant que je répondais à la dernière lettre qu'il avait envoyé, ma mère avait zappé sur les informations à la télé. Les images défilaient, j'avais arrêté d'écrire et je m'étais rapprocher de l'écran. Je voyais des villes détruites, et ce n'est pas tout de suite que j'ai compris ce qu'il se passait. Puis j'ai vu les caractères érigés à l'écran : un tsunami venait de ravager le nord de l'Indonésie. Le nombre de survivants était inconnu, rien n'était sûr, les morts ne cessaient de rejoindre les étoiles. Sur les images, j'ai reconnu la plage où on avait l'habitude de jouer, sa maison où il ne restait plus rien. Pleins de débris, plus grand espoir...des souvenirs ravagés, souillés...Je pleurai, je demandais à ma mère si Harta allait bien. Elle n'en savait rien. Je voulais qu'elle me promette des choses qu'elle ne pouvait pas.

𝓡𝓮𝓬𝓴𝓵𝓮𝓼𝓼 𝓬𝓸𝓷𝓷𝓮𝓬𝓽𝓲𝓸𝓷 [𝓔𝓻𝓮𝓻𝓲/𝓡𝓲𝓻𝓮𝓷]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant