Chapitre 1

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Le camion s'arrête devant une grande maison haussmannienne, blanche et aux marches d'ardoise. La haute tour imposante qui surplombe la bâtisse me fait me recroqueviller un peu plus sur mon siège. Je ne veux pas être ici. Je voudrai prendre mes jambes à mon cou et retourner dans mon ancienne demeure près de la mer. Mais c'est malheureusement impossible. Je vais devoir habiter ici les trois prochaines années, dans cette maison étrange, dans cette ville qui, malgré son architecture éblouissante, me repousse encore un peu plus.

Je ne comprends pas pourquoi ma mère est venue nous installer ici. J'aimais mieux la mer. Au moins je pouvais aller nager et profiter de la plage quand je le voulais. Maintenant, je vais pouvoir rester cloîtrée dans ce manoir saugrenu. Comme si ne pas avoir le droit de tisser des liens avec quiconque ne suffisait pas. Il fallait qu'elle me coupe de tout ce qui me rattache à mon enfance et me rendait heureuse.

Le conducteur sort du véhicule et ma mère m'interpelle :

- Allez Mia ! Viens voir ta nouvelle chambre !

J'ouvre ma portière brutalement et m'extirpe hors du camion. Le long voyage m'a toute engourdie et je m'étire à peine après avoir posé les pieds sur le sol. J'inspecte la rue dans laquelle je me trouve d'un balayement du regard et soupire. Je n'ai absolument aucune envie d'être ici. Toutes les bâtisses de cette avenue sont blanches et majestueuses, entourées d'un grand terrain, le plus souvent décoré de milliers de fleurs et de plantations de toute sortes. 

Cependant, le manoir dans lequel j'allais bientôt habiter est de loin le plus prestigieux. Ma mère réussit toujours, je ne sais comment, à nous procurer le meilleur de ce que le marché propose. Je me suis souvent demandé d'où elle tirait cette fortune, sans jamais vraiment trouver de réponse à ma question. 

Mon regard s'arrête sur la bâtisse d'en face, au premier étage, j'aperçois un garçon qui me sourit en me faisant signe derrière la vitre. Je soupire d'exaspération et me retourne. Il croyait vraiment que j'allais me laisser approcher comme ça ?

Pendant que les déménageurs transportent le reste de nos meubles et de nos cartons, je suis ma mère dans la grande demeure qui se présente à moi.

Elle me fait une rapide visite des lieux, pendant que les meubles sont montés et mis en place par les employés de la société de déménagement.

- Je pensais que cette pièce serait ta préférée, alors voici ta chambre, me souffle ma mère en poussant une belle et vieille porte en bois.

J'y jette un regard, et la lumière qui passe par les grandes fenêtres en chêne m'éblouit. La pièce ronde aux lignes épurées est en fait la plus haute de la tour que j'ai aperçue auparavant. Mon lit est déjà en place, tout comme les autres meubles de mon ancienne chambre. Je soupire et me force à sourire :

- Merci maman.

- De rien ma chérie. Je t'appellerai quand Lya aura fini de préparer le repas.

Lya est l'une des seules employées de ma mère qui a accepté de venir s'installer avec nous. C'est elle qui nous prépare le repas et s'occupe des tâches ménagères. Je la connais depuis toute petite, et elle s'entend bien avec ma mère. Je crois que c'est pour cela qu'elle est venue.

Ma mère referme la porte de la chambre et je m'écroule sur le lit avant de m'endormir, quelques secondes plus tard.

- Mia ? Votre mère vous attend pour passer à table.

- J'arrive, je soupire en me réveillant avec un mal de crâne insoutenable.

Je me lève et rejoins ma mère dans la salle à manger. Nous commençons à manger, et seul le tintement des couverts est à entendre.

- Ecoute, Mia. Je sais que tu ne voulais pas venir ici, mais sache que je le fais pour ton bien. Nous ne pouvions plus rester là bas, tes professeurs commençaient à te soupçonner, et tes camarades de classe aussi. On n'était pas en sécurité. J'espère simplement que tu réussiras à accepter cette nouvelle maison comme ton chez-toi.

- Je vais essayer.

Je sais bien que ce n'est pas de sa faute. Je l'aime, ma mère, nous avons toujours été très proches, et elle est la seule personne sur laquelle je puisse compter, même si ce déménagement m'a bouleversée, même si je ne voulais pas venir ici. Je sais que ce qu'elle a fait, elle l'a fait pour moi, pour me protéger, mais ce n'est pas pour autant que j'accepte cette situation.

- Viens me voir.

Elle ouvre ses bras et je viens m'y lover, malgré le fait que j'aie bien grandi, et que ce n'est plus de mon âge.

- Merci pour tout maman. Je sais que tu n'y peux rien. Je ne t'en veux pas.

- Je sais.

Elle me regarde dans les yeux et me replace une mèche derrière l'oreille.

- Tu vas y arriver, Mia, tu verras, tout ira bientôt pour le mieux.

MiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant