Mia

Chapitre 12

- Mia, qu'est ce qu'il se passe ?

Nous sommes installées devant la cheminée de marbre du salon. Les flammes lèchent la pierre et envahissent le salon d'une chaleur douce. L'ambiance sereine et chaleureuse ne parvient malheureusement pas à calmer mes émotions, et je dois me concentrer très fort pour freiner les larmes qui menacent de déborder de mes yeux.

- Tu sais, Cela fait quelques jours que tu n'es plus comme avant. Tu ne manges presque plus, tu ne descends plus me dire bonjour quand je rentre du travail, tu loupes les cours de plus en plus souvent pour ne pas dire tous les jours... Qu'est ce qui ne va pas, ma chérie ?

J'inspire profondément et ferme les yeux. Comment lui expliquer la situation ? Comment lui dire que mon changement de comportement est notamment de sa faute à elle aussi ?

- Je... Je suis désolée maman... J'ai eu peur. Quand tu m'as raconté ce qu'il s'est passé pour Illéana... J'ai pris conscience de la gravité de la situation...

Je la vois poser les coudes sur ses cuisses et mettre sa tête dans ses mains. Mais je continue tout de même :

- Je sais très bien maintenant que si Sam et Jenny découvrent ma véritable nature et que le conseil l'apprend, il leur arrachera leurs souvenirs. Et me condamnera à mort. Puisque si Illéana a été épargnée, c'est bien parce qu'elle n'était pas entièrement fautive... Mais moi ! Moi, maman, je serai totalement responsable ! Car c'est moi, et moi seule qui les aurais laissés s'approcher de moi ! C'est moi, qui aurais accepté leur amitié et les aurais laissés entrer dans ma vie. Et le conseil ne me le pardonnera jamais, maman. J'ai beau être ta fille, cela les importera peu quand ils se seront rendus compte de la situation. De la gravité de ce que j'aurais fait.

Elle lève la tête et me regarde d'un air sage et convaincu.

- Mia... La différence entre toi et Illéana, c'est que les enfants qui l'ont dénoncée la haïssaient. Ils la harcelaient jour après jour. Ce n'étaient pas ses amis. Bien au contraire. Pour toi, ma chérie, c'est bien différent. Sam et Jenny sont tes amis. Tu l'as dit toi-même : ils tiennent énormément à toi. Même si ils apprennent par mégarde qui tu es, ils n'auraient aucun intérêt à te dénoncer. Aucun intérêt à te perdre. Ils seraient sûrement blessés que tu ne leur aies pas dit, mais je suis convaincue qu'ils comprendraient les raisons que tu as de ne pas leur révéler. Et ils te pardonneraient. Mais Mia... Arrête de te maltraiter de la sorte. Tu ne parviendras à rien. Et tu vous blesses tous les trois. Ce n'est pas la bonne solution.

- Tu crois ?

Je la regarde, les yeux pleins d'espoirs à travers les larmes qui plongent ma vision dans un flou humide.

- Mais bien sûr ! elle rit doucement. Je ne te raconterai pas tout ça si je ne le pensais pas vraiment.

Je lui souris timidement en ravalant mes larmes.

- Tu sais quoi, ma puce ? J'ai une excellente idée. Tu n'as qu'à les inviter à dormir vendredi soir après les cours. Ca vous aidera à renouer les liens que tu as tenté de briser.

- Je... Je sais pas trop... Tu es sûre ?

- Mais oui ! Je veux revoir la Mia avec les étoiles dans ses yeux. Celle qui descend me voir lorsque je rentre du travail. Celle qui respire la joie de vivre et qui redonne des couleurs à mon monde lorsqu'elle sourit. Si c'est comme ça que je la retrouverai, alors je te permets de les inviter. Non. Je te l'ordonne même.

Nous rions doucement, et je lui souris :

- Merci maman.

- Il n'y a pas de soucis, ma puce. C'est pour toi que je le fais.

Je lui fais un câlin, puis me relève :

- Je vais leur demander !

Un petit sourire collé aux lèvres, je vais, le cœur un peu plus léger dans ma chambre pour récupérer mon téléphone et leur envoie un message. Je ne suis toujours pas convaincue de ce que je fais, mais voue une confiance quasiment totale à ma mère. Si elle me permet de les voir, peut être que c'est tout de même la bonne solution ? Peut être qu'elle a raison et que je risque bien moins que ce que je croyais, du moins je l'espère.