20. Flynn

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Je suis dans le vestiaire à taper du pied. Je regarde l'heure sur mon portable pour la quatrième fois consécutive. Kenny me charrie en me demandant si j'ai envie de pisser pour avoir l'air tendu comme je le suis.
— Ferme là, dis-je sèchement.
César devrait déjà être là, il va être en retard pour l'entraînement. Il n'en manque jamais aucun.
J'ai quitté Andra il y a presque une heure. Ils n'ont pas pu parler si longtemps.

Peut-être qu'il a réussi, qu'il l'a récupérée. Peut-être qu'elle n'attendait que ça.
Bien sûre qu'elle n'attendait que ça, elle est raide dingue de lui. Elle a eu le cœur brisé quand elle l'a vu avec Kimberley. Comment j'ai pu croire qu'elle n'allait pas lui courir dans les bras à la première occasion.
La porte des vestiaires s'ouvre, César entre presque en courant. Je me lève directement et m'approche de lui.

— Mec t'as failli être en retard, le coach t'aurait tué !
Il s'excuse et retire ses fringues à une vitesse incroyable.
— Qu'est-ce que tu foutais ? Dis-je en connaissant évidemment la réponse.
Il jette ses vêtements de tous les côtés et prend la tenue de base-ball.
— J'étais avec Andra.
Ma gorge se noue.
— Ah ouais ? Pourquoi ?
Il sourit et enfile le pantalon.
—Tu ne lis jamais cette putain de conversation WhatsApp ou quoi ? Je suis allé chez elle, j'ai été trop con je veux la récupérer.
Je regarde le sol, attendant qu'il m'en dise plus.
— Du coup je suis allé la voir, et ce n'était pas aussi facile que je le pensais en fait. Mais elle était bouleversée, et je pense que c'est sur le bon chemin.
Je fronce les sourcils.
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Il s'approche de moi comme s'il voulait me dire un secret.
— On s'est embrassés.
Je me fige instantanément, ma mâchoire se contracte automatiquement.
— Je lui laisse de l'espace pour réfléchir, évidemment, j'ai joué au con il faut bien que je paye un peu mes conneries.
Je sens ma mâchoire se tendre. Je n'arrive pas à croire qu'il arrive à se dédouaner de ce qu'il a fait et qu'Andra tire un trait si facilement sur tout ça.
— Mais c'est évident qu'elle reviendra, je veux dire on a été ensemble si longtemps. Et elle est raide dingue de moi.
Tous les gars sont sortis des vestiaires. Je prends une longue inspiration. César me tape dans le dos.
— Mec, t'as vu ta tête ? C'est bon c'est pas parce que je vais me remettre avec elle que je vais te laisser tomber. Et peut-être que cette fois tu pourrais faire un effort d'ailleurs. Qui sait ? Peut-être que vous pourriez bien vous apprécier après tout ?
Je ne réponds pas. César me signale qu'on va vraiment se faire tuer si on traîne encore.
Il sort du vestiaire et je reste, là, debout. Je balance ma casquette sur le sol et m'assieds quelques secondes, la tête dans les mains.

J'ai évité César tout le long de l'échauffement et tous les autres gars aussi d'ailleurs. J'ai n'ai envie de parler à personne. Je ne sais pas pourquoi je prends ça autant à cœur. J'ai juste l'impression d'avoir été utilisé.
Et si elle racontait tout à César ? Il lui pardonnerait à elle. Après ce qu'il lui a fait, il ne peut que lui pardonner. Mais moi ? J'ai menti à mon meilleur ami. Je l'ai trahi, et tout ça pourquoi ? Pour une putain de meuf dont j'avais pitié. C'était clairement juste de la pitié. J'ai été sympa avec elle pour la première fois de ma vie et voilà où ça nous mène. Quel putain de con j'ai été.

Je sors de ma voiture et marche jusqu'à l'entrée du lycée. J'ai mal dormi cette nuit. Je marche à vive allure et aperçois la grille de loin.
— Flynn !
Je reconnais directement la voix d'Andra et ne m'arrête pas. Cette fois-ci évidemment, elle est rapide et me rattrape. Je garde mes mains dans mes poches et me tourne, lui montrant que je n'ai pas envie de parler.
— Qu'est-ce que tu me veux encore ?
Son sourire s'évanouit.
— Rien, je... Tu vas bien ?
Je lui lance un regard de dégoût.
— Pourquoi tu viens me parler ?
Elle se met à balbutier.
— Je, bah je ... enfin je.
Je la fixe froidement.
— On n'est pas amis Andra. D'ailleurs on est rien du tout toi et moi. On a passé un week-end sympa et un concert cool. Mais c'est tout, maintenant lâches-moi un peu.
Je soupire et fais demi-tour pour reprendre ma route jusqu'au lycée sans même la regarder. Je n'ai pas envie de lui parler ou même de la voir. Je ne pensais pas pouvoir la détester plus que quand elle sortait avec César mais la vie peut nous surprendre. Vivement la fin de cette foutue année que je puisse me barrer et plus jamais avoir à faire à eux.

It wasn't a mistakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant