37. Andra

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Je suis assise sur ma chaise, les chevilles croisées. Je tire un peu sur ma robe et remonte mon décolleté. Je n'aurai jamais dû mettre cette robe. En vérité je ne l'aime pas vraiment, je l'ai acheté pour le bal de fin d'année de l'an dernier mais je ne l'ai jamais mise parce qu'elle était trop étroite. Je pensais qu'avec le poids que j'avais perdu ces derniers jours elle m'irait mieux mais je me suis trompée, je la revendrai dès demain matin. Rien ne va ce soir, ni ma robe, ni mes cheveux et encore moins mon maquillage. L'éclairage de ce restaurant est affreux et la couleur des assiettes me coupe l'appétit. Je crois que je n'ai tout simplement pas envie d'être ici.
— Ça va ?
Je relève les yeux vers César qui me sourit. C'est étrange de me retrouver à nouveau en face de lui. Ça ne fait pas si longtemps que nous ne sommes plus ensemble et pourtant, j'ai l'impression de ne plus le connaître. J'avais oublié ses mimiques et sa façon de parler. Et plus il parle, plus je me demande ce que je fiche ici. Il a insisté pour que j'accepte un dernier rendez-vous. J'ai répondu par la négative à chaque fois. Mais hier encore il m'a promis de ne plus m'importuner si je lui laissais une dernière soirée. Alors j'ai cédé. Et nous voilà.

Quand j'ai dit à ma mère que je sortais avec César ce soir, son visage s'est décomposé. Elle qui adorait Flynn. Je la comprends. Mais elle n'a pas cherché plus loin. Je crois que la frange et les yeux gonflés tous les matins ont répondu aux questions qu'elle n'a pas osées poser. J'ai un creux au fond de mon cœur en pensant à ces derniers jours. Flynn me manque. Je pense à lui tout le temps et le pire c'est que je n'arrive pas à lui en vouloir. Parfois je l'aperçois au bout du couloir et je veux lui demander comment il va. Je pense qu'il me manque tellement que je pourrais me contenter d'être son amie. Mais lui, il m'évite. Je le sais. Alors je baisse les yeux en sa présence et je marche dans la direction inverse. Théo n'arrive pas à comprendre, Eliott non plus. Mais la vérité c'est que je ne pense pas qu'il y ait quelque chose à comprendre. Flynn m'a quittée. C'est tout ce qu'il y a à savoir.

Le repas m'a paru très long. Je n'ai pas pris de dessert en espérant que ça l'écourterait ce moment, mais pas du tout. Lorsque nous sortons du restaurant César essaie de me prendre la main mais je la retire. Nous sortons et je me rappelle qu'il est venu me chercher et qu'il doit donc me ramener. Je regarde l'heure à ma montre et fait mine d'avoir froid.
— Oh tu veux ma veste ?
Non, je veux rentrer chez moi.
— Non, c'est juste qu'il se fait tard, dis-je un sourire forcé.
C'est définitif, peu importe ce qu'il s'est passé avec César je ne ressens plus rien pour lui. Plus rien du tout et j'aimerai être n'importe où mais pas avec lui. Il me suit jusqu'à sa voiture, enfin.

Arrivé devant chez moi il sort pour ouvrir ma portière. Je le remercie poliment et commence à m'éloigner.
— Attends.
Je me tourne, un sourire crispé sur les lèvres.
— Oui ?
Il s'approche de moi et prend ma main.
— T'as passé une bonne soirée ?
Je soupire et plonge mes yeux dans les siens, ces yeux bleus que j'ai chéri tant de temps. Pour qui j'aurais fait n'importe quoi.
— César, t'es génial. T'es intelligent, patient et vraiment gentil. Nos un an et demi passés ensemble étaient super.
Il retire sa main et tourne la tête.
— Me balance pas tout ça pour me foutre un vent Andra.
J'ai besoin de lui dire, je ne veux pas terminer tout ça sur quelque chose de négatif. On aura essayé mais ça n'aura pas fonctionné, mais on peut toujours garder les bons souvenirs. Je n'ai pas de place pour la colère.

— On se sera aimé, de la façon la plus sincère et pure possible. Mais le temps passe et l'amour aussi.
Il prend sa tête entre ses mains et soupire bruyamment.
— Non, pas le temps. Le truc qui s'est passé c'est Kim. Et je suis désolé, je passerais ma vie à m'excuser à cause de ça s'il le faut.
Je reste impassible, je sais qu'il veut nous redonner une chance mais je ne ressens pas l'envie. Au fond de moi je sais que plus rien ne pourrait être comme avant.
— Il n'y a pas que Kimberley, répondis-je.
Son ton se lève.
— Flynn, dit-il en se pinçant les lèvres.
Il croise les bras.
— Je pourrais te le pardonner, j'y arriverais. Je me fiche de Flynn tant que je t'ai toi.
Je ferme les yeux et lui demande d'arrêter, ça lui fait du mal et ça ne nous mène nulle part.
— Oh je t'en pris Andra, ne me dis pas que t'es vraiment amoureuse de lui ? Tu le connais vraiment depuis quoi... Deux mois ? Il était la dernière personne que tu voulais voir il n'y a pas si longtemps.
Je comprends son point de vue, tout ça a été si soudain. Et pourtant ce que j'ai ressenti pour César ces 18 derniers mois n'étaient rien en comparaison avec ce que j'éprouve pour Flynn.
— Au moins ce n'était pas qu'une histoire de cul, rétorquais-je.
Ça y est je l'ai blessé dans son ego, je sais que je ne devrais pas parler de Flynn avec lui. J'imagine ce qu'il peut ressentir malgré tout, mais il me cherche. Tout ce que je voulais c'est que tout se finisse bien.
— Pour quelqu'un qui n'a pas hésité à te larguer pour une place avec un recruteur... Je ne sais pas si ce n'est guère mieux.
Mon sang ne fait qu'un tour, je me fige tout entière. Les mots de César résonnent et son regard satisfait se pose sur moi.
— Oh, il ne te l'a pas dit ?
C'est pas vrai, il ment. Pour me mettre en colère, Flynn n'aurait pas fait ça. C'était sincère entre nous, il m'aurait dit la vérité. Il ne m'aurait pas quittée pour une foutue place. Puis j'essaie de connecter les informations entre elles. Ils sont repartis tous les deux de chez moi ce soir-là et c'est depuis ce moment que Flynn a changé. Et puis notre rupture n'avait aucun sens, il n'avait aucune excuse valable. Je porte mes deux mains à ma bouche et la couvre.
— Putain, chuchotais-je en réalisant.
César sourit en coin et me regarde sûr de lui. Fière de m'avoir appris la nouvelle.
— Alors, toujours si génial ton prince charmant ?
Ma main est partie toute seule. Mes nerfs ont répondu à la place de mon cerveau. Et le pire c'est que j'aurais aimé que cette gifle soit plus violente. César se tient la joue sur laquelle je viens de frapper et jure.
— La prochaine fois si tu veux échanger une fille contre quelque chose, assure-toi qu'elle veuille vraiment de toi.

It wasn't a mistakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant