Chapitre 17 - Confiance

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Leber fondit sur Strom d'un coup, ne laissant même pas aux yeux de l'assassin le temps d'atteindre sa blessure.

Sa dague allait s'abattre sur la gorge du jeune homme, lorsque une masse colossale balaya Leber à l'autre bout de la pièce.

Un homme à face crocodilienne se tenait face à lui. Un Emodrazel aux ongles comparables à des griffes et aux crocs jaunâtres. Ses écailles d'un vert sombre reflétaient sans éclat la lueur de la Lune.

Rihorrim gronda profondément, d'une voix froide et rêche telle la roche.

Sans geste brusque, Leber se releva pour chercher la fenêtre. Estimant qu'une dague valait peu dans un duel contre ce terrible lézard à la vivacité sans égale chez les Humains.

Il parvint à la trouver, s'enfuyant au moment même ou le reptile furieux lui fonçait dessus.

L'intrus sorti, Rihorrim ferma la fenêtre pour éviter qu'il ne revienne les surprendre.

Un tintement sur le parquet attira son attention du côté de Strom. Son poignard lui avait glissé des mains. Il tremblait de plus en plus, sentant ses forces l'abandonner. Il finit par s'écrouler sur le plancher.

Rihorrim parvint à le rattraper avant qu'il ne frappe le sol. L'Hommiroir allongea le demi Foudroyeur avec précaution, puis retira son masque, sa cape, et sa chemise.

N'ayant pas besoin de plus de lumière que celle de la nuit pour y voir clair, Rihorrim évalua rapidement la gravité de la situation en pressant la plaie pour limiter l'hémorragie.

Pas d'organes touchés. Strom survivrait, si il ne perdait pas trop de sang. Par contre, il aurait du mal à se battre durant un moment...

Dardant sa langue, l'Emodrazel improvisa un bandage de fortune à l'aide de la chemise de l'assassin. Il le porta ensuite à un bureau, où ses yeux perçants avaient remarqué du matériel de médecin, un peu plus tôt dans la soirée. Rihorrim n'avait pas manqué d'explorer toute la demeure, en constatant que personne n'y avait mis les pieds depuis plusieurs années, au vu de la couche de poussière recouvrant chaque objet de chaque pièce.

L'être posa Strom sur une table, après l'avoir déblayée à l'aide de sa queue crocodilienne. Rassemblant ce qu'il lui fallait pour traiter la plaie, la voix de l'assassin, à peine un souffle, parvint à ses oreilles :

" - Pourquoi m'aides-tu...? "

Rihorrim marqua un temps d'arrêt pour assembler une réponse claire. Son mufle se plissa au rythme de son ton rocailleux :

" - Tu te méfies de moi. Peut-être même que tu me hais, mais ça ne veut pas dire que moi je te hais. J'ai de l'estime pour ceux qui sont prêts à tout risquer pour protéger les leurs.

- Emra n'est pas de ma famille...

- Tu voyages avec elle, c'est pareil. "

L'Emodrazel darda à nouveau sa langue, fronçant ses sourcils dénudés. Rihorrim venait de comprendre quelque chose. Peut-être que ce que l'Hommiroir cherchait depuis si longtemps se tenait là, juste au creux de ses mains, finalement.

" - Alors toi aussi, tu fais partie de ma famille, si on suit ce raisonnement... "

Cette dernière phrase de l'assassin avait été prononcée encore plus bas que la précédente, mettant des mots sur les pensées de Rihorrim.

Strom avait l'impression que tout vacillait, autour de lui. Il devait arracher chaque mot aux méandres de son esprit, puis produire un effort titanesque pour les rendre audibles, tandis que ses paupières se fermaient toutes seules.

Le Secret de la MontagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant