Tadaima.

Chapitre 12

Luna fit une pause dans son récit. Un frisson la parcouru quand elle repensa à ce moment. Ce moment où sa vie bascula à tout jamais. Kanda et Allen la regardèrent silencieusement, attendant la suite. Aucun des deux n'osaient l'interrompre. 

- "... Une fois que Luverrier mit la main sur moi, ce fut fini. Il voulait sanctionner les scientifiques pour m'avoir cachée, mais j'ai heureusement pu le convaincre qu'ils ne savaient rien. Je n'ai rien dit pour Alma, ni Yû, feignant être arrivée il y avait quelques jours seulement. C'était sûrement parce qu'il était ravis de m'avoir retrouvée qu'il les laissa tranquille. Il m'emmena dans un autre bâtiment dans sa Branche de la Congrégation. 

A partir de là, ma vie fut un enfer. Il voulait faire de moi une arme. Pas d'émotions, pas d'hésitation quand il fallait tuer quelqu'un, que ce soit un akuma ou un être humain. Il n'hésitait pas à me torturer. Il m'enfermait dans des pièces sombres, me clouait les mains, ...". Elle regarda les dos de ses mains dans lesquelles s'étaient maintenant incrusté deux petits cristaux. "Mais aussi horrible que cela pouvait être, la torture finissait par ne plus faire effet. Je ne pouvais pas m'empêcher de me rebeller, d'essayer de m'échapper. Sans succès. Quand Luverrier remarqua que la torture physique pure ne fonctionnait plus, il passa à la psychologie et enfin ...". Luna ne termina pas sa phrase. Elle mit sa main devant sa bouche, retint avec peine un sanglot. Puis, elle acheva: "Le viol. Ce fut le meilleur moyen pour lui de me faire obéir. Je pouvais tous subir, mais pas ... ça. C'est à ce moment que je fis la connaissance de Link. Il n'était que tout jeune apprenti et c'est lui qui s'occupait de moi après mes tortures. 

Petit à petit, je suis devenue l'arme qu'il voulait. Aucune émotion. Je tuais sans faire de distinction. Je me vois encore prendre la vie d'hommes innocents, sans hésitation." Des larmes finirent par couler et terminèrent sur le tissu de son short. "J'ai commencé mon métier d'exorciste vers mes 13 ans. Je ne voyais personne, je faisais des missions seule, toujours seule. Il ne voulait pas révéler son arme tout de suite. Quand tu es devenu exorciste Allen, quelque chose en moi se réveilla. Je ne voulais plus être une marionnette. Je venais illégalement prendre de tes nouvelles. C'est ainsi que j'ai rencontré Komui. C'est ce qui m'a fait retrouver ma part humaine. Komui ne savait pas tout ce que j'avais vécu, mais je lui avais raconté quelques bribes et il finit par comprendre certaines choses, notamment concernant les nombreuses tortures que j'avais subies. Il voulait m'aider et c'est pour ça qu'il a fait cette 'fête' pour mon retour. Il m'avait dit que Luverrier voulait que je pose mon rapport dans son bureau. C'était pour mieux m'appâter. Il ne pensait pas faire de mal. Sauf que Luverrier à des yeux partout. Quand je l'ai vu dans le bureau de Komui, j'ai cru que c'était la fin. J'avais peur de ce qu'il pouvait lui faire ... ce qu'il pouvait VOUS faire. Mais étonnamment, il voulait que je rentre dans votre groupe. Sûrement une de ses ruses pour voir si j'allais craquer ... Et je suis tombée dans son piège."

Elle poussa un profond soupir de soulagement mêlé à la douleur des souvenirs. Il faisait encore noir dehors, ce qui indiquait qu'ils avaient encore un peu de temps. Kanda avait le regard dur et serrait les dents de rage. Allen voulait pleurer, mais se retint. Il prit la main de sa sœur dans la sienne. Ils laissèrent passer un silence, puis Luna leur demanda s'ils avaient des questions. Étonnement, ce fut Kanda qui prit la parole:

- "Tu sais, Alma était fâché quand tu as disparue. Mais il ne t'en a jamais voulu. J'ai été plus bête que lui pour une fois. Il savait qu'il y avait quelque chose de louche."

Les lèvres de Luna tremblèrent.

- "Je suis désolée de ne pas avoir été là pour vous. Luverrier a pris un malin plaisir à me raconter ce qu'il s'était passé. Dire que si j'étais restée une semaine de plus ..."

- "Ça ne sert à rien de ressasser le passé. Ce n'était pas ta faute.", dit Kanda.

Allen attendit un peu avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres: "Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment est-ce que tu sais pour le 14ème?"