Chapitre 10

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- "QUI VA GAGNER CE COMBAT? L'HEURE EST AUX PARIS MESSIEURS!"

Les combats illégaux de rues étaient toujours extrêmement bruyants. Entre le commentateur et les cris d'encouragements ou de désespoir du public, on ne s'entendait même plus penser.

C'est ce que se marmonnait la petite Luna, évitant un énième coup de son adversaire. Celui-ci avait beau être plus grand et plus lourd qu'elle, il était facilement déséquilibré. Elle se contenait d'éviter, tout en analysant le gros garçon devant lui, à la recherche d'une ouverture. Tout était une question de timing. Après un coup de poing manquant une nouvelle fois son ennemi, le garçon tituba vers l'avant, agitant vainement les bras pour garder son équilibre. C'était le moment ou jamais: Luna l'aida dans sa chute en le bousculant de toute ses forces, puis lui asséna un coup violent au niveau de la nuque avant de lui tordre le bras derrière le dos. L'enfant par terre, rua dans tous les sens, mais la petite fille ne céda pas.

- "Abandonne, à moins que tu ne veuilles que je te casse ton bras.", dit froidement Luna.

Sa victime grogna un peu et continua de se débattre, mais la fillette raffermi sa prise, tirant un gémissement du garçon. Il finit par taper trois fois par terre, indiquant à l'arbitre son abandon. Les cris jaillirent de plus belle quand le commentateur hurla de vive voix le nom de la gagnante. Celle-ci libéra son adversaire et lui tendit la main pour l'aider à se relever, mais il se contenta de lui cracher dessus avant de s'enfuir vers son Maître. Luna s'essuya la main avec dégoût et une pointe de tristesse, avant de sortir de la petite arène creusée dans le sol qui servait de lieu de combat entre enfants. Son Maître s'approcha pour la féliciter, mais elle n'entendit rien. Après un combat, elle oubliait tous ce qu'il y avait autour d'elle. Le publique qui l'acclamait, son Maître qui la serrait contre lui afin que personne ne la lui vole, les autres enfants-combattants qui la regardait avec peur et admiration mélangées. Peu après sa première fuite, elle n'avait cessé de trouver des plans plus ou moins ingénieux pour s'enfuir à nouveau. Son acheteur, face à sa détermination, ne put réprimer sa passion pour les combats illégaux auxquels il prenait part régulièrement, au grand désarroi de sa femme. Un peu septique au départ, il l'avait forcée à participer à un premier combat, qu'elle remporta miraculeusement. Luna appris donc à se battre sur le tas, observant ses adversaires ainsi que les autres combats auxquels elle ne participait pas. Contrairement à d'autres enfants extrêmement violents, elle ne blessait, ni ne tuait jamais ses adversaires. Même si ce n'était pas la vie idéale, c'était mieux que d'être une simple bonne, car son Maître s'occupait d'elle afin qu'elle soit toujours en forme pour se battre. Malheureusement, cela ne dura pas longtemps. Etant petite et relativement frêle, elle ne combattait jamais d'enfants trop forts ou trop grands. Mais elle commençait à avoir une réputation et son Maître, avide d'argent, ne put ignorer la provocation de l'un de ses concurrents qui le mettait au défi de faire combattre son protégé et Luna.

Le jour où elle dut l'affronter, elle savait qu'elle ne pourrait pas se battre comme elle le faisait avant. Son adversaire était fort, mais surtout cruel. Il était connu pour avoir tué une dizaine d'enfants et blessé gravement une autre bonne dizaine. Il abordait un sourire carnassier et ne tenait pas en place, faisant les cent pas devant elle en attendant le départ de l'arbitre. Luna se dit à ce moment que son adversaire ressemblait vraiment à un de lion en cage. Et on ne battait pas un lion sans le tuer. Or, aussi horrible que ce gamin pouvait être, Luna refusait de s'abaisser à son niveau. Il fallait qu'elle trouve une astuce, et vite. Elle jetait des petits coups d'œil à gauche, à droite, espérant trouver une sortie potentielle. Mais cela s'avérait impossible avec le public autour d'eux. L'arbitre annonça le début du combat. Sans plus attendre, le garçon se jeta sur elle et la plaqua violemment au sol. Luna essayait tant bien que mal d'éviter les coups, mais il était si rapide, qu'elle se prit bien la moitié de ses coups de poings. Du sang lui coulait sur le visage et lui obstruait la vue. Son adversaire ne lui laissa pas le temps de récupérer et la projeta contre les parois de l'arène. La fillette ne pouvait que subir, elle était tombé sur bien plus fort qu'elle. Elle n'arrivait plus à penser, ni à bouger.

Tadaima.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant