1 - Arrivée douloureuse

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-Je ne vais pas plus loin rothaarige*, mon contact coupe le moteur du véhicule et se tourne vers moi, tu ne peux plus faire marche-arrière désormais. Après avoir pris une grande inspiration, j'acquiesce.

-Je sais que c'est dangereux mais.. je dois retrouver mon frère, c'est le dernier vivant de ma famille.

-Tu n'en sais rien s'il est vivant. Je lui lance un regard noir.

-Durant ces 6 ans de guerre en France, j'ai appris à ne pas perdre espoir vois-tu ! J'étais une agent-double moi aussi je te rappelle, alors t'es ondes néfastes tu peux te les garder. Déclare-je en prenant ma valise pour la déposer sur mes genoux.

-Je sais bien rothaarige, mais ici, ils ne savent pas qui tu es. Pour eux, tu vas être une ennemie, une nazie qui est à la recherche de son frère, qui plus est, soldat de la Wehrmacht. Poursuit le communiste français dans ma langue natale, tout en jetant quelques coups d'oeil à l'extérieur.

-Je n'ai jamais été une nazie et tu le sais. Sur ce, bonne continuation J., et merci pour tout.

-Fais attention à toi. Je hoche simplement la tête puis sors de la voiture, ma valise en main.

J. était l'un de mes meilleures contacts durant la guerre, il faisait parti d'un grand réseau de résistant à Reims, la où j'étais basée en tant qu'infirmière à la Kommandantur. Oui, je suis allemande mais j'ai toujours été contre le régime nazi, c'est pourquoi je me suis engagée auprès de la résistance française pour plusieurs actions tels que des attentats, des missions de renseignements ou de reconnaissances. J'ai tout fait. Mon nom de code était rothaarige*, cela signifie rousse en allemand. Tous mes contacts me reconnaissaient grâce à ma chevelure de feu, d'où ce choix de surnom.

Lorsque les alliés et les soviétiques ont remporté la guerre, j'ai longtemps fêté la victoire avec eux, j'ai été récompensée pour mon courage par de Gaulle lui-même, un grand homme. Cependant, j'avais une dernière mission en tête : retrouver mon petit frère. Ralph Känsweis, il a été obligé de rejoindre la Wehrmacht, et j'ai été séparée de lui lorsque je suis arrivée en France, je n'ai plu eu aucune nouvelle de lui, sauf en 1944, il était apparemment au front de l'Est. Je garde espoir qu'il ne soit pas mort, au fond de moi. Car l'espoir anime ma vie depuis maintenant prêt de six années, et si je n'en avais pas, je serais déjà morte et enterrée.

Désormais, je suis en Allemagne, plus précisément à Bautzen, ma ville natale. J'ai appris qu'ici s'est déroulée l'une des dernières batailles entre le Reich et l'URSS, la victoire a été remportée par les allemands, cependant, cela n'a rien changé puisque les nazis sont tout de même les perdants de cette guerre. La première chose que je remarque, c'est le désastre. Beaucoup de bâtiments sont détruits ou tombent en ruines, forcément, après une bataille de chars, cela est évident. J. m'a déposé dans une rue suffisamment à l'extérieur du centre, pour éviter de se faire remarquer. Doucement, j'avance dans ce quartier vraisemblablement peu - ou pas - fréquenté. Je suis un minimum au courant de la situation : l'armée rouge s'est installé ici pour s'occuper de la dénazification, en soit, l'épuration du peuple allemand.

Lorsque j'arrive à mon ancienne maison, je remarque qu'elle n'a pas été détruite entièrement, et qu'elle est même en bon état comparé aux autres demeures que j'ai pu voir jusqu'ici, le seul problème, c'est que l'armée rouge a l'air de s'être installée dans cette rue encore debout. Je reste cachée à l'angle du bâtiment pour observer au loin, attendant le bon moment. Pour le moment, je n'ai vu que trois allemandes, deux d'entre-elles avaient l'air pressés et non pas relevées le visage en me croisant. Je reporte mon attention sur ces hommes et ces quelques femmes soviétique, ils sont tous habillés de vert ou de noir. Ils parlent ensemble, rient, mangent, boient. Tout à l'air si détendu, que je n'ai pas entendu le groupe d'homme arrivé derrière moi.

Le maître du jeu [Nv T3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant