Dans l'escalier en direction de l'étage pour voir mon petit frère qui se repose, je croise le commandant Ivanovitch qui sort de sa chambre. Tous deux nous arrêtons pour nous fixer. Mon coeur se contracte lorsque je lis une profonde peine dans son regard, lui qui d'habitude, est tellement indifférent, ne semble pas l'être depuis ces deux derniers jours. Nous nous parlons que très rarement, et assez froidement je dois dire. Depuis que j'ai appris qu'à la base, si il était proche de moi ainsi c'était uniquement pour retrouver Ralph. J'ai énormément de mal à digérer ça. Malgré tout, au fond de moi il me manque. Sa présence, nos discussions, nos soirées d'échec, nos nuits..-Gerda. Me salut-il poliment en hochant la tête après quelques instants.
-Commandant.. Je passe à côté de lui, tête baissée mais le soviétique attrape mon bras au dernier moment et je me retourne, surprise.
-Pourriez-vous passer dans mon bureau juste après, j'ai à vous parler. Je plisse mes paupières suspicieuses, sans m'en cacher.
-Très bien, à tout de suite. Je le force à me lâcher sans pour autant être brutal avant de me diriger vers la chambre du blessé. Du moins, du mal-nourrit. Il a perdu beaucoup de poids à cause de la sous-nutrition ces derniers mois.
-Bonjour Gerda. Je lui offre un petit sourire tout en refermant la porte derrière moi avant de me diriger jusqu'à son lit pour y déposer mon derrière.
-Comment tu te sens aujourd'hui ?
-Bien mieux. Je voulais te remercier Gerda, sans toi, je ne serais jamais revenu de mon plein gré. Je dépose ma main sur la sienne, émue.
-Et moi je suis heureuse de t'avoir retrouvé Ralph.
-Si tu savais comme ça a été dur dehors..
-Depuis quand as-tu déserte l'armée Allemande ?
-Juste un peu avant la fin de la guerre, voire même, bien avant ça. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire ça lorsque mon lieutenant m'a demandé d'exécuter des témoins dans une maison à l'est de l'Allemagne. J'ai donc déserté. J'ai été recherché bien-sûr, mais avec les américains et les soviétiques à nos portes, la Wehrmach avait d'autres chats à foutter. Je caresse lentement de dos de sa main.
-J'ai cru que j'allais être tranquille un moment, j'ai même cherché à partir en France pour te retrouver. Mais les soviétiques étaient déjà arrivés. J'ai donc appris que le commandant Ivanovitch traquait le reste de l'armée Allemande, je ne savais pas si c'était pour les torturer, pour les tuer ou alors pour les envoyer en prison. Alors j'ai continué à me cacher et à survivre comme je le pouvais. J'ai entendu dire que tu étais de retour ici, mais je n'y ai pas cru. Je me suis dis que c'était une ruse pour m'attirer. Mais désormais, nous sommes enfin réunis. Je ne reste plus sur place et le prend dans mes bras, le serrant aussi fort que je le peux contre moi, sans pour autant lui faire mal.
Ma mission en tant que rothaarige est enfin terminée. Mon dernier objectif a été atteint avec réussite.
-Dis Gerda, tu sembles proche de ce soviétique. Je m'écarte de mon petit frère et me contrôle pour ne pas rougir.
-Mikhail ? Nous nous entendons bien, enfin, je crois. Pas récemment je veux dire..
-Tu sais, j'ai bien vu comment il te dévisage. Son sourire en coin me donne envie de le frapper mais je n'en fais rien. Il est assez faible comme ça pour que j'en rajoute.
-Qu'est-ce que tu vas t'imaginer là.
-J'ai toujours su que tu ne finirais pas avec un allemand. Déjà que tu as aidé les français pendant la guerre.. alors maintenant, tu coopères avec les soviétiques. Dis, tu n'es pas allemande c'est ça ? Je ne résiste pas à l'envie de lui frapper la cuisse, par dessus sa couverture.
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Le maître du jeu [Nv T3]
Ficción históricaDurant 6 longues années de guerre, j'ai été envoyé en France en tant qu'infirmière allemande pour aider mon peuple dans leur victoire. Les nazis. Leur idéologie me répugnait, alors j'ai décidé d'aider la résistance française sans qu'aucun nazi ne s'...