Le maître du jeu [Nv T3]

12 - Passion & révélation

Après avoir subi tous les examens nécessaires, j'ai pu sortir de l'infirmerie, le médecin m'a "donné" ma journée si je puis dire. J'ai également eu la visite surprise de Karina, mon ancienne camarade de passage de France, ce qui m'a également fait plaisir. J'ai pu discuter avec un visage amical qui m'a fortement rappelé Rose Dumont, cette jeune femme avec qui je m'étais liée d'amitié durant tout le long de mon séjour en France. Cela m'a rendu nostalgique, je dois avouer qu'elle me manque, et espère qu'elle va bien, peu importe l'endroit où elle se trouve, ainsi que son fils.

Maintenant, je me rends au bureau du commandant qui n'a pas bougé de toute la journée selon Karina, il n'est pas très bien et préfère être seul pour le moment. Je ne sais pas si ma présence va lui faire du bien, mais je préfère essayer. Peut-être qu'une ou deux parties d'échec lui occupera l'esprit, pour qu'il oubli durant quelques heures son passé si douloureux. J'avoue avoir aussi envie d'en savoir un peu plus sur lui, pour l'aider ou du moins, atténuer sa douleur en trouvant une solution, néanmoins, j'ai un présentiment qui me dit que rien ni personne ne pourra effacer ce ou ces souvenirs de sa mémoire.

-J'ai demandé à être seul ! Hurle-t-il de son gros accent russe à travers la porte, malgré tout, j'ouvre la porte et dépasse la tête de l'entrebâillement.

-Oh, c'est vous. Mikhail Ivanovitch se lève de son siège pour s'allumer une cigarette et se poser contre sa fenêtre légèrement ouverte. Je prends cela pour une invitation à entrer puis ferme la porte derrière moi.

Une odeur étrange me parvient jusqu'aux narines et je décèle un mélange de tabac, d'alcool et de son propre parfum, je déglutis difficilement lorsque nos regards se croisent et je me sens comme foudroyée par ses pupilles glacées qui sont le reflet de son désarroi, il semble comme, torturé mentalement. Doucement, je m'avance jusqu'à lui, comme attirée par un aimant, lorsque je me retrouve à quelques centimètres de lui, il se permet de me détailler sans scrupule, me déshabillant littéralement du regard.

-Que faites-vous là ? Vous devriez rentrer chez vous Gerda. Mon prénom sonne comme un appel que j'ai fortement envie de prendre, à la place, j'approche lentement ma main de son visage pour lui prendre sa cigarette.

-Je me permets.. Je voulais vous remercier, encore une fois, pour ce que vous avez fait ce matin pour moi. Après avoir pris une taffe, je recrache ma fumée en même temps que lui.

-C'est normal.

-Mais.. Arrêtez moi si je me trompe. Mais j'ai l'impression d'avoir ravivé de vieilles blessures commandant. Comme je m'y attendais, le soviétique fuit la réalité et se redresse brutalement pour retourner à son bureau, à quelques mètres de moi. Je dépose la cigarette dans un cendrier posé sur le meuble à côté de moi et me positionne juste derrière lui.

-Vous savez, vous pouvez me parler je peux vous aider et.. Soudainement, l'homme se retourne pour agripper ma gorge et me plaquer violemment contre le mur, cet acte si imprévisible me surprend et je dépose mes deux mains autour de son poignet, cependant, je remarque qu'il ne serre pas pour me faire mal, simplement pour me maintenir, car je peux encore respirer.

-Vous ne savez rien. Déclare-t-il sèchement.

-Alors expliquez-moi et j'aviserai pour..

-Pour faire quoi hein ? Vous avez le pouvoir de faire revivre les morts peut-être ? La pression augmente sur mon cou et je ferme les yeux, subissant en silence.

-En parler vous fera sûrement du bien mais si vous ne voulez pas, je ne vous force pas. Murmure-je difficilement en prenant sur moi pour ne pas me débattre, lorsque j'ouvre les yeux pour chercher les sentiments qu'il éprouve, je suis surprise en le voyant fixer mes lèvres. Et cette fois-ci, je ne peux réprimer l'envie que je partage avec lui.