𝐏𝐞𝐧𝐬𝐞́𝐞 𝐄́𝐠𝐨𝐢̈𝐬𝐭𝐞

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On s'est croisé à la sortie du métro, aujourd'hui. Dans cette foule dense qui prend possession des entrailles de Paris à l'heure de pointe, j'ai croisé tes yeux. Tes opales bleues qui se sont mélangées au vert des miennes. Ton regard algide qui a transpercé ma poitrine, qui a percuté violemment mon esprit de ses pupilles aiguisées. Ce n'était pourtant qu'une seconde. Une seule et unique seconde. Mais elle a été suffisante pour que tu asphyxies mes pensées de multiples inquiétudes. Et sur ce temps que les Moires ont obtenus de Chronos pour te placer sur mon chemin, j'ai pu me rendre compte de l'ampleur des dégâts. Cela faisait bien trois mois que je ne t'avais revu. Ce laps de temps peu paraître si dérisoire ; pourtant, il m'a paru cruellement long. C'est peut-être pour ça que je t'ai autant détaillé. Sur ce visage vide d'émotion, je n'ai pu que constater un regard abîmé et des yeux criant à l'aide. Un air maussade et une peau livide. Des marques toutes aussi affligeantes que poignantes, qui trahissaient le chaos dans lequel tu étais plongé. Et s'il y a encore quelques semaines, j'étais proche de toi, tu paraissais aujourd'hui si loin. Tellement éloigné de moi qu'il me semblait impossible de pouvoir te porter secours. De toute façon, je crois que tu n'aurais jamais voulu de mon aide. Mais quoi de plus normal quand on sait que je suis la cause de tous tes tourments ?

Oh, si tu savais comme je m'en veux. Si tu savais comme j'aimerais retourner en arrière pour ne jamais le rencontrer et que mon cœur t'appartienne encore. Je serais prêt à tout donner, pour cela. Pour te revoir sourire, pour te revoir aimer, pour te revoir vivre. Mais voilà, Clotho en a décidé autrement. Elle a mis sur mon chemin, cet homme que je n'ai pas choisi. Elle a mis dans mon cœur, ses sentiments que je n'ai pas voulus. Pardonne-moi et relève-toi, s'il te plait. Devient fort, devient encore plus beau, fait moi regretter d'avoir tout bousillé. Haïs-moi, insulte-moi, même, si cela peut te soulager. Mais ne sombre pas. Je t'en supplie de toute mon âme, ne me fais pas porter sur les épaules, le poids d'être l'enclume qui t'a fait te noyer.

𝐃𝐞𝐬 𝐌𝐨𝐭𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐌𝐚𝐮𝐱 [𝐑𝐞𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐓𝐞𝐱𝐭𝐞𝐬]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant