« I control my emotions pretty well, but when you come around they're all over the place. »
Auteur inconnu
À présent, nul doute n'était possible, je détestais les bateaux.
Je fermai les yeux, essayant de calmer les battements précipités de mon cœur. Je prenais de profondes inspirations, comme Gabriel me l'avait conseillé, mais rien n'y faisait, la nausée ne me quittait pas. Et pour une fois, cela n'avait rien à voir avec le bébé qui grandissait dans mon ventre.
J'en avais conclu que les Ivoiriens n'étaient pas faits pour les lents roulis d'un navire, qu'après avoir vécu des années dans une Tour, à des dizaines de kilomètres au-dessus du sol, nous n'étions tout simplement pas capables de supporter ça, même si notre constitution avait été plus qu'améliorée. Mes petites suppositions avaient volé en éclats lorsque j'avais vu ma grand-mère, pourtant ancienne Ivoirienne, vivre cette expérience sans la moindre difficulté. C'était simplement moi qui ne supportais pas de naviguer en mer.
J'avais passé 18 ans à imaginer ce que cela ferait de poser mes yeux sur la mer, l'océan, qu'importe, sur une vaste étendue bleutée. Il y a quelques semaines, lorsque nous étions allées au Grand Marché des Nations, j'avais eu la joie immense de contempler l'or bleu de mes propres yeux. Mais là, c'était plus que ce que j'avais plus espérer. J'étais sur la mer. Je pouvais bien faire le tour du bateau, regarder de tous côtés, je ne verrai que la mer, une étendue bleue s'étendant à l'infinie. Je ne savais pas encore si j'en étais émerveillée ou effrayée. Cependant, mon corps avait choisi à ma place et réglé la question. Je pouvais passer ma journée à regarder la mer, mais rien de plus, et surtout pas naviguer !
Le navire royal de la Nation d'Émeraude était impressionnant avec ses grandes voiles vert clair et sa coque d'un noir profond qui semblait pouvoir résister à toutes les intempéries. Si les cabines n'étaient pas excessivement grandes, elles étaient assez luxueuses pour l'ancienne Ivoirienne que j'étais, et chacun avait le droit à ses propres appartements. Mais si j'en croyais Jesmiel, les appartements des Sarkis étaient beaucoup plus spacieux que les nôtres, ils étaient les souverains du royaume, après tout.
Cela faisait quelques jours que nous avions pris la mer, au sud de la Nation d'Émeraude, non loin du Grand Marché des Nations. J'étais restée stupéfaite devant le port de la Nation et ses centaines de navires, certains exclusivement destinés à un usage militaire. Afin d'éviter toute tentative d'attaque, d'autres navires de guerre, plus petits que le nôtre, nous escortaient jusqu'à destination. Depuis que nous étions partis, à part quelques îles de temps en temps, je n'avais pas encore vu la terre ferme, et ça n'arrangeait pas mes angoisses. Nous aurions aussi bien être perdu au beau milieu de la mer.
-Lévana ? appela une voix. Tu m'écoutes ?
-Laisse tomber, Gab, tu la noies de parole depuis vingt minutes. Elle n'est déjà pas bien, tu veux vraiment l'achever ? ricana Elina.
Je battis plusieurs fois des paupières et concentrai mon attention sur l'homme qui me faisait face.
Gabriel et moi étions assis face à face à l'avant du bateau. Chaque jour, il me consacrait deux heures de son temps pour continuer à me parler de son monde, de leur code, leur tradition. Même si beaucoup de choses se ressemblaient entre les Nations, je compris bien vite que ce n'était pas aussi simple que ça. Si leur manière de gouverner était approximativement la même, le reste était propre à chaque Nation. Et ça compliquait encore plus la tâche pour moi.
De mon côté, je continuai de leur parler de la Tour, des informations que je savais sur les organes de pouvoirs des miens, de notre mode de vie... Si nous avions été d'abord seuls, Gabriel et moi, nos petits cours avaient vite attiré du monde. Et bientôt, Elina, Jesmiel, Néhora, Elvira, Raphaël, Seth, Joan, Myriam, Clara, et d'autres personnes dont je ne connaissais pas encore le nom, nous rejoignaient et écoutaient attentivement mes explications sur la Tour d'Ivoire tandis qu'eux se permettaient de rajouter quelques petites anecdotes aux récits de Gabriel.
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La Tour d'Ivoire - Tome 2
Bilim Kurgu« Je m'appelle Lévana Sildek. Je ne suis plus personne. Je suis celle que tout le monde attendait. » Sa liberté récemment acquise, Era a trouvé une famille et une cause à défendre auprès de la légendaire Nation d'Emeraude. Cependant, les danger...