"I've been thinking 'bout my life and
How much time I've wasted
I'm ready to put it all behind
Let it all be yesterday
But the hardest part of letting go"
~ Cry ; Jason WalkerJe jette un coup d’œil à mon téléphone en sortant de mon cours portant sur l’histoire du droit. J’aurais dû participer à ce cours en première année, mais j’avais beaucoup trop à faire à cette époque et surtout pas assez de temps. Le doyen m’a donc gentiment proposée de repousser ce cours à ma dernière année, ce que j’ai accepté bien évidemment.
C’est loin d’être le cours le plus passionnant de l’univers, on y retrace l’histoire du Droit national et international ainsi que des institutions de notre Pays. On y apprends également les mécanismes institutionnels, politiques et juridiques, du Moyen-Âge à nos jours. C’est loin d’être la partie la plus exaltante des mon cursus et ce d’autant que je connais déjà tous les rouages actuels de notre système puisque depuis plus de deux ans j’étudie la matière. Le professeur Jones essaie cependant de rendre le cours attractif et arrive à captiver son auditoire de jeunes étudiants. Pour ma part, je dois impérativement valider ce module si je souhaite passer mon examen du Barreau.
Il est déjà dix-sept heures vingt et je dois être présente à vingt-deux heures trente au Luxure pour mon premier jour officiel de travail. Je m’y suis présentée une seconde fois mardi dernier et c’est Ethan Johnson, l’associé de Gabriel Miller, qui m’a reçue. Bien qu’il dégage bien moins de prestance que son associé, Ethan s’impose dans une pièce avec son aisance orale et a tendance à monopoliser la conversation, ce qui n’est pas forcément pour me déplaire.
Bien que je sois à l’aise en société, je n’apprécie pas initier et mener une conversation surtout lorsqu’il s’agit de banalité dont tout le monde se contrefout. J’étais bien heureuse à simplement devoir répondre à quelques questions sans grande importance, tandis qu’Ethan faisait la causette.Il m’a remis ma tenue de travail dans une boîte que je n’ai pas encore osée ouvrir, bien que la curiosité m’ait rongée toute la semaine, j’ai peur de devoir me vêtir d’un vulgaire bout de tissu, je préfère être mise devant le fait accompli, lorsque je n’aurai plus le temps de réfléchir. Il m’a également fait signer mon contrat de travail, un contrat à durée déterminée de huit mois avec une période d’essai de trois semaines.
Il m’a également fait visiter le club dans son intégralité, hormis le coin VIP qui été déjà occupé et m’a demandée de venir plus tôt aujourd’hui afin de m’expliquer le fonctionnement des soirées. Chose intrigante, aucune serveuse ne travaille ensemble. Nous sommes seules à chaque vacation. Nous nous croiserons sûrement en début ou fin de service mais durant notre temps de travail, une seule serveuse gère la totalité du club. J’espère sincèrement ne pas avoir à courir partout.
Une fois chez moi, je prends une douche rapide. Bien que la ponctualité ne soit pas ma qualité première, j’espère bien me montrer à l’heure, au moins pour mon premier jour. Je ne reste pas plus de temps que nécessaire sous l’eau chaude et me plante rapidement devant le miroir de la salle de bain.
Comme à mon habitude, j’évite soigneusement de poser mes yeux sur mon corps alors que je démêle et sèche mes cheveux. J’ai réalisé un gros travail sur moi même pour accepter mon corps tel qu’il est aujourd’hui, enfin l’accepter partiellement. Je pense être sur la bonne voie, puisque j’arrive à regarder mon visage, mes épaules et même ma poitrine dénudée. En revanche, plus bas, je ne suis pas encore prête, je n’y arrive pas. Un jour viendra où je pourrai regarder mon reflet sans appréhension, je ne perds pas espoir.
Je me maquille légèrement, préférant le naturel au ravalement de façade intégral. Je souligne simplement l’éclat de mon regard à l’aide d’un fin trait noir d’eyeliner et la longueur de mes cils avec une légère couche de mascara. J’applique une touche de rouge à lèvre clair et mat avant de me diriger vers ma chambre.
Je sors la boîte de mon armoire et en tire la tenue de travail, mon cœur battant à tout rompre. Je n’ai pas envie de devenir un bout de viande destiné à attirer l’œil des clients et accentuer leurs désirs et imaginations.
Je lâche un soupir de soulagement en constatant qu’il s’agit d’un short en cuir noir qui, à vue d’œil, recouvre l’intégralité de mes fesses et d’un débardeur rouge. Le logo de Luxure, un petit ange avec une queue et les cornes d’un diablotin, est brodé sur mon sein gauche ainsi que sur ma fesse droite. Je suis parfaitement consciente que ces logos ont été placés méthodiquement afin d’attirer l’œil des clients sur les parties les plus aphrodisiaques de mon anatomie, mais je le vis bien, moi qui avais imaginé devoir faire le service quasiment nu, c’est presque trop soft.
J’enfile rapidement les vêtements avant d’attraper la seconde boîte, je grimasse légèrement face aux talons d’environ douze centimètres noir vernis. Moi qui suis habituée à mes Vans, je sais que mes pieds vont vivre un enfer pendant, durant et après mes jours de travail, mais je sais aussi que ce sera un bon entraînement, je me vois mal plaider à l’avenir en baskets.
Je relève mes longs cheveux blonds en une queue de cheval haute avant d’attraper mon sac. Sans perdre une seconde de plus, je quitte mon studio et m’élance sur le campus. Un coup d’œil à ma montre m’informe que j’ai encore quinze minutes pour me rendre au Luxure.
Je jette un coup d’œil à mon sac à main en soupirant : la nicotine a encore gagné. Je ne voulais pas reprendre et pourtant, j’ai craqué avant-hier. Je ne saurais dire pourquoi, je ne suis pas plus stressée que d’habitude et j’évitais toute tentation. Mais je me suis réveillée en pleine nuit avec non pas une envie mais un besoin irrémédiable de détruire mes poumons. J’ai hésité avant de sortir un vieux paquet qui traînait dans un tiroir de mon bureau me promettant de ne céder qu’une seule fois à cette attraction. Mauvaise idée, dès le lendemain matin, je buvais mon café, une clope à la main.
Je termine rapidement ma cigarette et prends un chewing-gum avant de pousser la porte du Luxure, la boule au ventre. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, je ne sais pas comment fonctionne ce genre de club. Ce que je sais en revanche c’est qu’il n’y a pas de chambres ou de salles privées. Miller et Johnson mettent un point d’honneur à ce que ce club soit un lieu de rencontre pour une clientèle guindée partageant les mêmes envies de libertinage et non une maison close ou un lieu de débauche.
Ethan m’accueille avec le sourire et si j’ai bien compris, ce soir, il sera derrière le bar. Ethan est un grand brun athlétique aux yeux si bleus qu’ils en deviennent presque transparents, c’est dérangeant et fascinant à la fois. Sa barbe de trois jours apporte à son visage aux traits juvéniles, un côté plus masculin, adulte.
Il est vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise rouge ouverte sur son torse, sur laquellepend une cravate noire qu’il n’a pas pris la peine de nouer.
— Bonsoir Mademoiselle O’Brien, ravi de constater que vous ne vous êtes pas dégonflée.
— Monsieur Johnson, dis-je en attrapant la main qu’il me tend, ce n’est pas dans mes habitudes d’abandonner, encore moins sans raison valable.
— Heureux de l’entendre, suivez-moi.
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Boss Games [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
Romance[RETROUVEZ MOI LE 3 AOÛT 2021 AUX ÉDITIONS ADDICTIVES] 𝗜𝗹 𝗳𝗶𝘅𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲̀𝗴𝗹𝗲𝘀. 𝗘𝗹𝗹𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗯𝗿𝗶𝘀𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲𝘀. Gabriel Miller est arrogant, sûr de lui, séducteur et propriétaire d'un club échangiste. Les femmes, c'est son rayon...