Boss Games [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 2.3

"Come sink into me and let me breathe you in
I'll be your gravity, you be my oxygen
So dig two graves 'cause when you die
I swear I'll be leaving by your side"
~ Follow You ; Bring Me The Horizon

Miller affiche un sourire satisfait débordant de suffisance en avançant d'un pas. Plus qu'un mètre me sépare de lui, ma cage thoracique se soulève au rythme légèrement saccadé de ma respiration alors qu'il plante son regard sombre dans le mien. Ses deux billes noires semblent me sonder tandis que son amusement s'accentue.

- Nos clients réguliers ne poseront aucun problème, en revanche, il est courant que nous soyons obligés de rappeler les nouveaux à l'ordre.

Il s'approche davantage ne laissant qu'un simple filet d'air nous séparer.

- Ici, nous considérons nos employées comme des œuvres d'art. On peut regarder, mais personne ne touche. Rassurée, Mademoiselle O'Brien ?

- Oui.

Je recule de deux pas, imposant une distance entre cet homme, trop magnétique pour la totalité de mon être, et moi. Je fais mine de resserrer ma queue de cheval pour m'occuper les mains avant d'observer le coin VIP dont la porte est encore clause. Je me racle la gorge et sans le regarder, je souffle :

- On poursuit ?

- Mais bien sûr, Mademoiselle, après vous.

Son ton est ironique. Je n'ai jamais su cacher mes émotions, même un aveugle lirait en moi comme dans un livre ouvert. Gabriel Miller ne semble pas faire exception à la règle. Toutefois, j'ai assez de confiance en moi pour assumer mon désir. Miller est un homme agréable à regarder,c'est peu de le dire, et il doit avoir toutes les femmes à ses pieds.

Mais je suis assez grande et perspicace pour avoir conscience qu'une relation, qu'importe sa forme, avec son patron, n'est pas une bonne idée. Bien que je ne compte pas faire carrière en tant que serveuse, encore moins dans un club échangiste, je compte bien garder ce travail, au moins jusqu'à la fin de mon année.

L'année prochaine, si je réussis mon examen, je signerais mon contrat chez Simms & Associés. Bien que je ne puisse pas voir Simms en peinture, c'est le plus gros cabinet d'avocats de la ville et leur réputation va au-delà de l'Etat. En tant qu'avocate fédérale, Simms & Associés ne sera qu'une étape dans ma vie. Je pourrais exercer où je le souhaite, peut-être même à mon compte les années qui suivent.

Aujourd'hui, j'ai infiniment besoin de l'argent que je vais gagner ici, je ne peux pas me permettre de mettre à mal mon travail et donc, pas conséquent, mon avenir pour un désir fugace, qui, de toute évidence, provient de mes hormones en ébullition. Dieu merci, je suis capable de refreiner mes ardeurs comme la jeune femme raisonnable que je suis.

Nous entrons dans le coin VIP qui, même vide, dégage une certaine tension érotique et même sexuelle. La banquette en cuir rouge forme un cercle à l'intérieur duquel se trouve une barre de pole-dance.

- Ici, nous n'avons pas de stripteaseuse, seulement des danseuses qui reste vêtu de la même façon du début à la fin de leurs shows.

- Laissez-moi deviner, aucune vulgarité, seulement de l'élégance et de l'érotisme ?

- Il en va de soi, Mademoiselle O'Brien. Vous commencez à comprendre.

- Comme quoi, je ne suis pas seulement une œuvre d'art ! J'ai aussi un cerveau en parfait état de marche.

Je m'avance dans la salle laissant derrière moi Miller, mi-figue mi-raisin. La beauté des lieux est à couper le souffle. Lorsqu'on prend la peine d'observer, on se rend compte qu'une certaine harmonie règne dans cette pièce. C'est sans aucun doute liée aux deux seules couleurs présentes, accordée à ma tenue : rouge et noir.

Les murs formant la largeur de la pièce sont noirs alors que les longueurs sont rouges. Un magnifique lustre baroque doré, dont les lumières sont tamisées, trône au-dessus des banquettes. Le tout forme un endroit débordant de sensualité, d'élégance et étrangement chaleureux vu ce qu'on y fait.

Je sursaute légèrement en sentant la main de Gabriel Miller frôler ma hanche, avant de murmurer à mon oreille.

- Vous avais-je dit qu'ici, nos serveuses restaient anonymes, pour qu'elles ne courent aucun risque ?

Alors que je m'apprête à me retourner pour lui faire face, Miller m'en empêche en maintenant fermement ma hanche. Dos à lui, mes talons faisant que j'égale pratiquement sa taille. Je sens son souffle chaud s'écraser sur ma nuque, déclenchant un long frisson qui part de ma tête pour se répercuter directement dans le creux de mes reins.

- Et comment faites-vous cela, Monsieur Miller ? demandé-je, perturbée par cette proximité.

- Ainsi, murmure-t-il en glissant un bout de tissu sur mes yeux. Vous pouvez vous regarder.

Il m'incite à me tourner face à un miroir que je n'avais pas remarqué. Mes yeux sont couverts d'un masque en dentelle noire, c'est juste magnifique. Bien que je me reconnaisse aisément, je doute que ce soit le cas d'une personne qui m'est inconnue ou que j'ai juste croisé quelques fois dans ma vie.

- Maintenant, vous être fin prête, Mademoiselle O'Brien.