Chapitre 28 : Un coeur à la dérive (2)

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*Mathieu*
J'observe, de loin, la discussion entre Flav et Azalée. Je vois rouge lorsqu'elle lui fait un câlin. À quoi ils jouent ?

-Je te laisse fumer, mon ange, dit Louise. On se rejoint chez toi.

Je hais ce surnom niais. Elle m'a embrassé et elle est entrée. Flav s'est approché de moi, les mains dans les poches avec un air désapprobateur.

-Pourquoi tu me regardes comme ça ? m'énervai-je.

-Parce que tu fais de la merde.

Nerveusement, j'ai rigolé.

-Tu me casses les couilles Antoine avec tes airs supérieurs.

-T'es mon pote. Je suis obligé de te dire quand tu fais n'importe quoi.

Je ne sais pas où il veut en venir et ça m'énerve. Je le dévisage tout en tirant sur mon joint.

-Pourquoi tu t'es remis avec Louise ? Si je me souviens, elle t'a largué comme une merde.

-Elle avait une excuse.

-Elle s'est remise avec un autre mec une semaine plus tard, souffla mon ami.

Je me souviens quand j'ai appris qu'elle s'était remise avec quelqu'un. Elle avait posté une putain de story. Il était tout le contraire de moi : riche, faisant des études et s'exprimait comme les gens de la haute.

-Je crois que tu as blessé Azalée.

-Tu ne l'aimes pas, ricanai-je. Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

-Elle a perdu du poids, dit-il sur un ton grave.

Flav est loin d'être bête. J'crois qu'il a un détecteur à problèmes. Il arrive à connaître les histoires des gens sans même le demander.

-Faut pas être devin pour voir qu'elle a un problème avec la bouffe, rajouta-t-il.

Je me suis assis sur les marches devant l'entrée. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je ne suis pas un putain de psychologue. Mon ami m'a rejoint et a passé son bras autour de moi. Il me regarde droit dans les yeux avant se mettre à soupirer. Peu à peu, il se met à pleuvoir. Je regarde les gouttes de pluie tomber sur le sol. La pluie, ça m'a toujours apaisé.

-Tu as besoin d'elle dans ta vie, finit-il par avouer. Je ne sais pas comment elle fait mais elle arrive à t'apaiser et à te faire redescendre sur terre quand tu en as besoin. Elle ne va jamais pas dans ton sens pour te faire plaisir. C'est une vraie pote. Alors arrête de jouer au con et va t'excuser.

-J'y vais maintenant tu penses ?

-Attends demain. Elle a besoin d'être seule.

Flav m'a souhaité une bonne nuit et je suis rentré chez moi. Pendant 10 bonnes minutes, j'ai hésité à sonner chez elle. Non, j'irai demain. Je me suis glissé sous les draps et Louise est venue se blottir contre moi. Cette nuit-là, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

*Azalée, le lendemain matin*
Je n'ai pas dormi cette nuit. J'ai dessiné mon projet. Enfin, c'est plutôt un croquis médiocre mais cela fera l'affaire. J'ai dessiné un couple, sans visage, qui s'embrasse avec une ombre menaçante derrière. Il est très simpliste mais cela représente un amour impossible. Ma porte s'est ouverte et Zola est entrée en trombe.

-Salut ! dit-elle. Tu as l'air fatiguée, tu n'as pas dormi cette nuit ou quoi ? Bref, j'ai passé ma soirée avec Noa et Maeva et c'était trop bien. Elle est vraiment trop gentille. Ah, je devais te parler de quelque chose. Noa m'a proposée de venir dormir chez lui une semaine sur deux, comme ça tu m'auras moins sur le dos.

Trop d'informations pour un dimanche matin.

-On peut en reparler après mon café ? demandai-je sur un ton suppliant.

Zola est une réelle pile électrique. Elle ne tient plus en place depuis qu'elle reparle à Noa. Je suis heureuse pour elle. La voir rigoler et sourire me fait du bien. J'ai bu mon café brûlant tandis que Zola dévisage mon dessin.

-C'est vachement dramatique, analysa-t-elle.

-C'est mauvais surtout.

-T'es toujours trop exigeante avec toi. Tu tiens ça de maman.

Depuis une semaine, j'ai perdu toute ma patience. Je ne veux plus entendre parler ni de ma mère, ni de mon père et encore moins de Mathieu et sa copine parfaite.

-Sans doute.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Ça fait une semaine que tu fais la gueule.

-Je suis juste fatiguée. Je suis pressée d'être en vacances.

-C'est le premier Noël sans maman, dit Zola avec un air triste.

-On peut arrêter de parler d'elle ? Elle est morte, faut l'accepter.

Zola a levé les yeux au ciel.

-Tu as le droit de montrer tes faiblesses. Jouer à la dure constamment ne va te mener à rien.

-Laisse-moi Zola. Tu n'as qu'à aller dormir chez Noa. Je veux être seule.

-Ne fais pas ça, rétorqua ma sœur, ne te renferme pas sur toi-même.

Plus elle essaie de me conseiller, plus je m'énerve. J'ai fait un sac d'affaire et j'ai pris mes clés de voiture. J'entends Zola qui m'appelle au loin. Je n'y prête pas attention. J'ai balancé mon sac sur la banquette arrière et j'ai démarré. Parfois, il faut retourner aux sources quand la vie devient trop dure. Parfois, il faut tout simplement fuir pour tenter de survivre. Si je reste ici, je vais finir par exploser. J'ai conduis pendant de longues heures avant d'arriver à destination. J'ai toqué.

-Azalée ? demanda-t-il. Qu'est-ce que tu fais là ?

-Je peux dormir ici ? articulai-je en commençant à pleurer.

-Bien sûr. T'es toujours la bienvenue à la maison.

Mon grand-père, Edmond, m'a laissée entrer. C'est le père de ma mère et c'est aussi un peu le père que je n'ai jamais eu. Il a toujours détesté André. Il répétait sans cesse que sa fille méritait mieux. Je l'ai enlacé et je suis montée dans ma chambre. J'ai allumé mon téléphone.

Zola : Tu ne peux pas partir comme ça.

Lola : Tu es partie où ??

Jonas : Tout va bien ? Zola m'a appelé.

Elie : Qu'est-ce qu'il se passe, meuf ?

Adrien : Avec Ormaz et Zeu, on t'a cherchée dans tout Paname. T'es où wesh ?

Mathieu : J'ai vu ta localisation snap. Et t'as intérêt à être là quand je serais là.

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Fin du 28ème chapitre !

Deux mondes opposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant