Chapitre 10

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Ce matin-là, quelque chose d'étrange se produisit : Ursula ne se fit pas réveiller par sa femme de chambre mais par son père en personne. Cela ne s'était pas produit depuis le jour où sa mère fut tuée. Il se tenait là, sur le rebord de la fenêtre, observant un banc de vivaneaux à bandes bleues qui passait près du palais. Leurs écailles reflétaient la lumière du soleil, apportant à la pièce quelques scintillements se reflétant sur la nageoire d'Ursula.

D'ordinaire, elle aurait sauté dans les bras de son père, elle qui attendait depuis si longtemps le retour des moments enchantés qu'elle vivait enfant. Mais elle savait qu'il n'était pas là pour profiter de cette belle matinée, d'autant plus qu'il lui avait à peine adressé quelques mots après les évènements de la veille. Il semblait absorbé dans ses pensées, aussi bien qu'il ne remarqua pas qu'Ursula était réveillée. Ses traits étaient plissés, signe d'une réflexion intense, et sa main tremblait, signe d'une certaine angoisse. Etrangement, il n'était pas accompagné de son attribut fétiche, ce qui était devenu encore plus rare que les promenades auxquelles Ursula avait eu le droit. Le regard intense d'Ursula dut le sortir de sa torpeur puisqu'il soupira avant de se retourner, comme s'il avait senti qu'elle n'était plus endormie.

"Bonjour mon enfant as tu passé une nuit paisible ?"

"Bonjour père, paisible n'est pas vraiment le mot adéquat lorsque notre sommeil se trouve envahi d'images cauchemardesques"

"Et quelle est donc la source d'autant de tourments ?"

Ursula ne répondit pas, elle se contenta de pencher la tête et de lever un sourcil de façon disgracieuse, sous-entendant son incompréhension face à ce comportement aussi docile qu'inhabituel que son paternel n'adoptait jamais envers elle.

"Ne me regarde pas comme cela, je reste ton père et bien que je sois sévère avec toi, c'est pour ton bien que je t'empêche de sortir.'' Il dirigea de nouveau son regard dans le bleu lointain de l'océan

 " Tu sais je m'inquiète beaucoup pour toi et je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit et ne pas savoir où tu étais m'a rendu malade d'inquiétude."

"Je ne sais pas moi-même où j'ai atterri ni comment j'y ai atterri. En revanche je sais de quoi il s'agit et je sais que tu n'as pas été honnête avec moi sur la mort de maman."

Le roi sembla avoir prit un coup de plein fouet et recula en écarquillant les yeux : "Mais enfin de quoi parles-tu ???"

Ursula commençait à sentir les larmes picoter ses yeux et sentit sa voix trembler lorsqu'elle répondit "Et un étendard noir en lambeau à bord d'un navire humain calciné en dessous des collines de la terre des brumes ne te rappelle rien j'imagine ?" dit-elle d'un ton provocateur.

Poséidon se laissa de nouveau emporter par la colère, la seule émotion qu'il arrivait encore à témoigner envers les autres, et déclencha les marées ce qui fit trembler les murs du palais lorsqu'il se mit à hurler :

"JEUNE FILLE JE T'INTERDIS DE M'ACCUSER DE QUOI QUE CE SOIT CES MONSTRES ONT TUES LA REINE ILS NE POUVAIENT PAS RESTER IMPUNIS ET SI TU AVAIS UNE QUELCONQUE VALEUR MORALE TU NE TE PERMETTRAI PAS D'ALLER VISITER DES ÉPAVES MAIS TU EN SERAIS LA CAUSE POUR DÉFENDRE L'HONNEUR DE TA MÈRE !!!"

Sur ce, il sortit et laissa sa fille en larmes dans les recoins de son lit. Elle ne savait plus quoi penser et ne pensait qu'à une chose : fuir. Elle chantonna pour se calmer et c'est en fredonnant qu'elle eut une idée. Une idée qui lui causerait sûrement des torts par la suite, mais dont elle ne s'inquiétait aucunement pour le moment.

Elle allait s'introduire dans le trésor royal et se servir de la magie pour sortir et avoir des réponses à ses questions. Après tout sa mère lui avait dit de s'en servir en cas d'urgence et là, s'en était un. Elle voulait connaître la vérité sur les agissements de son père et par dessus tout, elle était déterminée à retrouver le dernier objet que sa mère avait tenu entre ses mains.

Le Chant de la SirèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant