Cela lui réchauffait toujours le coeur de chanter. Mais le chant des baleines était de loin celui qui lui apportait le plus de sentiments, à la fois semblables et contradictoires. Elle se sentait heureuse, libre et en paix avec elle-même et le monde qui l'entoure; mais elle se sentait également malheureuse, triste, prisonnière du souvenir perdu de sa mère et surtout seule. Des larmes coulaient sur ses joues pendant que sa voix voguait sur l'infini mouvement des vagues. La mer était calme et agitée seulement par le bruissement des vagues, sonorité apaisante pour le coeur alourdi de la sirène.
C'est lorsqu'elle libéra ses émotions par son chant qu'une faible lueur dorée apparut, là entre les rochers. Elle devenait de plus en plus forte aussi bien qu'Ursula n'aurait pu l'ignorer. Seulement elle était hors d'atteinte. Il était impossible, en ayant une queue, de franchir ses rochers la séparant de cette douce lumière. Elle se souvint alors de Stefan, son ancien garde du corps, qui l'avait alors portée pour qu'elle puisse atteindre la crevasse. Lui-même qui était si grand - a moins que ce ne fut ses souvenirs de petite fille qui le rendait plus grand qu'il devait être- n'avait alors pu l'attraper, alors il lui était impossible à elle-seule d'y arriver.
Elle sortit alors le bracelet de sa sacoche : se pouvait-il qu'une autre forme lui permette de passer les obstacles la séparant de cette beauté éclatante ? Elle hésita. La magie, sous n'importe quelle forme, avait toujours un prix à payer. Mais ne l'avait-elle pas d'ores et déjà payé ? La perte de sa mère n'était-ce pas déjà un prix bien trop élevé pour la vanité de son père ? Elle n'avait rien demandé pour que ça arrive. Alors ce devait être cela, son prix. Elle mit le bracelet.
Sa nageoire s'enveloppa d'une lueur turquoise, séparant sa nageoire en deux. Ses écailles violettes se mirent à luire avant de changer de forme et de se métamorphoser en une sorte de tissu protégeant ses jambes du froid. Elle croyait que cela s'appelait une robe. Tout s'était passé sans douleur, elle n'avait d'ailleurs pas l'impression que cela ait changé quoi que ce soit. Mais comment se servait-on de ces... choses en dessous de sa taille ? Voyons voir... Elle avait déjà vu son père se métamorphoser et lui expliquer qu'il ne se tenait pas debout sur deux nageoires mais sur deux jambes. Des jambes ce devait être ça. Il se redressait alors et tenait verticalement, ancré sur le sol par ses deux petites choses étranges au bout des jambes.
Elle prit une grande inspiration et fredonna pour se donner du courage. Le bracelet luit d'une étrange lueur verdâtre et elle réussit à se mettre debout et à avancer, comme si c'était devenu aussi machinal que de respirer. Ce devait être un autre pouvoir du bracelet : apporter la connaissance des façons de vie humaines. D'où cette robe simple à bustier turquoise et jupe jaune. Comment les femmes humaines pouvaient supporter cette chose qui vous comprimait la poitrine et ces jupons aussi lourds qu'inconforts ? Elle essaierait de trouver une meilleure tenue un jour. Ceci dit les rochers étaient glissants, ce qui fit qu'elle faillit se rompre le cou à plusieurs reprises ou faire une chute d'une bonne vingtaine de mètres dans l'océan. Mais elle ne pouvait et ne devait pas abandonner, elle avançait en chantant pour que la lueur lui éclaire le chemin bien qu'elle sache exactement où la situer.
Une fois arrivée elle s'allongea un instant sur la roche. Il fallait qu'elle reprenne son souffle, il était beaucoup plus facile de se déplacer dans l'océan : tout y'est plus léger ! Ici la gravité fait son effet et la colle au sol. Elle se reprit et se pencha vers la crevasse. Une sorte de coquillage doré enroulé dans une ficelle noire y'était coincé. Il suffisait juste à Ursula de se pencher un peu plus pour le défaire de son antre de pierre et elle pourrait le tenir en main. Alors pourquoi hésitait-elle ? Elle était pourtant sur le point de retrouver après tant d'années l'objet de ses rêves alors pourquoi une telle angoisse ?
Elle réfléchit et se dit que c'était sûrement parcequ'elle trouvait cela surréaliste, elle se trouvait là, avec des jambes sur la terre ferme, essayant d'attraper un coquillage. La scène devait être ridicule à voir. Et que ferait-elle ensuite ? C'était la promesse qu'elle avait fait devant le cercueil de sa mère, le retrouver était donc devenu son but. Mais maintenant qu'elle pouvait l'avoir elle ne savait que faire. Elle se raisonna et l'attrapa, elle n'avait pas fait tout ça pour le laisser là ! Elle l'enleva de la roche et s'éloigne du bord. Il s'agissait d'un collier, magnifique qui plus est.
Elle l'accrocha à son cou, alors le coquillage se mit à iradier et l'enveloppa d'une douce lumière qui la fit chanter. Elle était rayonnante et elle se sentait.... PUISSANTE. C'est alors qu'elle entendit les cors royaux et qu'une colonne d'eau s'élança devant elle. Son père armé de son trident la regardait avec colère. Une tempête s'annonçait, il allait tout ravager. Peut-être même allait-il la foudroyer. Elle avait peur. Un éclair zébra le ciel tendis qu'il s'approchait d'elle sous sa forme humaine. Il leva la main et tenta de lui arracher le collier. Elle hurla.
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Le Chant de la Sirène
Paranormalil était une fois, une petite sirène. Celle-ci vécu les plus beaux moments de sa vie jusqu'à la mort de sa mère. Seul une chose lui restait de sa mère, la plus magnifique mais aussi la plus destructrice... comment pourra-t-elle gérer ce fardeau ? Ar...