Chapitre 22

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Ursula laissa passer deux semaines avant de mettre en place son projet. Elle laissa le deuil s'en aller et attendit que les choses reviennent plus ou moins à la normale. Il fallait bien qu'elle respecte ces règles de bienséances si elle voulait montrer à tous qu'elle serait la bonne petite souveraine que tout le monde s'attendait à voir. Mais elle ne pouvait s'empêcher de songer au fait qu'elle-même ne se considérait pas totalement comme cela.

Elle assista aux réunions habituelles dans la matinée, déjeuna avec sa nourrice et partit pour ses enseignements de magie. En milieu d'après-midi, elle feignit de se sentir quelque peu souffrante et demanda à écourter ses leçons afin de pouvoir se reposer dans ses appartements. Son père, bien que quelque peu récalcitrant, le lui autorisa.

"En revanche, depuis ton escapade de la dernière fois, tu comprendras que je fasse poster un garde devant ta porte et un autre sous ton fameux perchoir ?"

"Oui père, bien que de toute façon je vais sans doute m'assoupir jusqu'aux premières lueurs du prochain jour" dit-elle d'une voix faible en se massant les tempes."

"Je te crois, tu n'as pas pour habitude de te plaindre ou de mentir sur ton état de santé. Mais comme on dit, on n'est jamais trop prudent ! Et au moins si tu as un quelconque souci tu pourras les appeler."

Ursula ne répondit pas et se dirigea vers sa chambre, suivie des deux gardes en question.

" Je vous remercie messieurs d'être aussi vigilants envers moi et ne vous en faites pas, je vous appellerai au besoin"

Sur ce, elle alla réellement s'assoupir, une longue nuit l'attendait et une sieste lui permettrait de lui redonner des forces. Elle se réveilla quelques heures plus tard, il faisait nuit. Les gardes n'avaient toujours pas quittés leurs postes. En fait, peu lui importait qu'ils soient là ou pas. Son père n'avait donc pas encore compris l'étendue de ses pouvoirs magiques.

Elle se dirigea vers sa malle et en sortit une sacoche avec le bracelet qui lui avait donné des jambes autrefois. Elle l'avait gardé au cas où et avait placé une copie dans la salle aux trésors. Elle avait également pris soin de briser l'enchantement extérieur empêchant quiconque d'entrer et sortir du palais durant la nuit sans accord des sentinelles. Ou tout du moins elle l'avait détourné en y'ajoutant la magie du sang, elle serait ainsi la seule à pouvoir passer sans être repérée. Elle avait également mémorisé l'heure de ronde des gardes, elle disposerait alors de très exactement 2 minutes et 36 secondes pour se faufiler hors du palais sans être vue par qui que ce soit. Elle avait également préparé une solution d'algues soporifiques qu'elle avait mis dans les cuisines et s'était assurée qu'elles seraient cuisinées dès le soir pour le roi. Ainsi, il n'y aurai aucun risque qu'il vienne s'assurer de son état durant la nuit et qu'il découvre le lit vide.

Une fois prête, elle s'installa au milieu de la pièce et dirigea une main vers la fenêtre et l'autre vers la porte. Elle se mit à fredonner tout doucement, faisant jaillir une légère vapeur dorée du collier. Celle-ci suivit le trajet que lui montrait les mains d'Ursula et s'engouffra dans les narines des soldats. Leurs yeux prirent une teinte jaunâtre.

"Et voilà, si quiconque vient les déranger, ils répondront que la princesse ne souhaite pas être dérangée mais qu'elle leur a ordonné de rester à leurs postes" dit-elle à haute voix, satisfaite de son travail.

Elle sortit donc et se dépêcha de fuir en se cachant derrière le varech, les soldats n'étaient peut-être pas encore là, mais les domestiques pouvaient se balader aisément et l'apercevoir. Son plan se déroula à la perfection et elle réussit  à sortir du palais sans encombre.

Elle se dirigea vers une plage déserte, de là, elle s'installa entre deux rochers, et s'amusait à faire tremper l'extrémité de sa nageoire dans l'eau. Elle avait réussi ! Elle porta son regard vers les étoiles et adressa un premier chant harmonieux en l'honneur de sa mère. Une fois qu'elle eut finit elle regarda les lumières de la ville au loin.

Le Chant de la SirèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant