Chapitre 19

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Poséidon accompagna le souverain terrestre et sa flotte de guerre jusqu'au point de rendez-vous. De là, on pouvait apercevoir au loin les faibles lueurs du festival. Le souverain des Océans avait expliqué au roi Georges que le peuple marin serait en pleine fête et qu'il lui ferait signe au moment le plus propice pour démarrer l'attaque. Ces créatures n'auraient ainsi quasiment plus aucune chance de s'échapper et le roi aurait juste à attendre que sa fille soit totalement désespérée avant de surgir tel un héros, la faisant ainsi se sentir coupable et inutile. Plus que quelques heures et son plan prendrait littéralement forme.

Pendant ce temps, Ursula se préparait pour le festival. Elle avait fait luire ses écailles bleues et violettes et s'était procuré les plus beaux bijoux de la salle au trésor, un diadème doré serti d'améthyste et plusieurs bracelets dorés et argentés à chaque poignet; le collier d'incanta venait compléter sa tenue. Elle était magnifique, et avait noué ses cheveux en une tresse africaine descendant de ses épaules à sa poitrine.

Elle était fière. Fière de sa beauté, fière d'avoir su gérer le royaume sans qu'il ne s'y passe l'ombre d'une seule catastrophe, fière du festival et ses préparatifs; mais surtout : elle était fière d'être devenue l'amie de son peuple. Elle leva les yeux vers la surface. Elle aimerait tant partager ce moment avec sa mère... Elle se dit cependant que quoiqu'il arrive sa mère demeurait près d'elle, dans son cœur et que son esprit demeurait peut-être à ses cotés, tel un ange gardien l'accompagnant dans sa vie, invisible mais bel et bien là.

Son père devrait déjà être rentré, elle commençait à s'inquiéter, n'ayant reçu absolument aucune nouvelle concernant son prochain retour, elle se dit que son voyage diplomatique devait s'être prolongé pour une quelconque raison. Du moins, elle tentait de s'en persuader car elle ne cessait de penser que quelque chose clochait. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Elle ressentait juste une sorte de mauvais pressentiment depuis des jours maintenant.

Elle chassa de son esprit ses pensées négatives, l'heure était à la fête désormais et, que son père soit là ou non, elle comptait bien s'amuser et chanter tout au long de la nuit. Cela faisait bien longtemps qu'elle attendait une pareille occasion pour faire une nuit blanche et s'amuser jusqu'aux premières lueurs du jour, comme n'importe quelle autre jeune sirène de son âge. Elle était légèrement en retard, plusieurs personnes étaient déjà présentes. Elle s'installa à la place qui lui était attitrée, assise sur le plus majestueux des rochers. Les autres sirènes avaient insisté pour que leur princesse fut commodément installée et au dessus de tous le monde lorsqu'elle chantera de sa magnifique voix.

Ursula était émue en voyant l'attention que ses amis du peuple de la mer lui accordaient. Ils étaient tous si gentils, aimables et attentionnés envers elle; comme sa mère l'avait été avec tout le monde de son vivant. Beaucoup d'entre eux lui disaient qu'ils reconnaissaient en elle la reine Narissa et qu'elle avait hérité de sa beauté autant que de sa bonté. La nuit commença à tomber lors des dernières arrivées.

Une fois les dernières lueurs du crépuscule presque disparues, Triton prit son trident et lança grâce aux dernières lueurs un signal que les sirènes n'auraient pas pu percevoir. Georges, à la tête de son commando ordonna de commencer l'assaut. Pendant ce temps, Poséidon se fit rapetisser et se mit à l'abri dans une crevasse. Il se servait d'une boule d'eau pour voir la scène en détail. Il savait à quel point cela allait être horrible mais il continuait de se dire qu'il n'avait nullement le choix. Il ne pouvait s'empêcher de laisser un sourire malsain se dessiner sur son visage.

La fête battait son plein jusqu'à ce que certains invités se mirent à hurler. Ils pointaient leurs doigts vers le large. Ursula suivit leurs gestes et vit. Là, au loin, se dressait des navires à étendards noirs. La peur l'envahit soudain et elle mit quelques secondes à réagir : il fallait qu'elle sauve tout le monde. Mais comment ? Ils hurlèrent tous que les passages s'étaient refermés mystérieusement : il n'y avais plus aucune issue !

Les navires se mirent à bombarder avec leurs canons en direction des sirènes, cela fit s'effondrer des rochers qui engloutirent certaines sirènes avant de fracasser leurs os contre les parois. tous les hurlements et les pleurs se mêlèrent au bruit assourdissant des canons. Ursula tentait de libérer les passages mais une forme de magie bloquait la sienne. alors elle sortit et s'installa sur un rocher. Elle n'avait jamais fait ça mais il fallait qu'elle essaie : son peuple se faisait massacrer derrière elle et ils la suppliaient de l'aider.

Poséidon, dans sa cachette, ne compris pas ce que fit sa fille, pourquoi se dirigeait-elle vers les bateaux ? Elle espérait tous les détruire d'un seul coup avec sa voix peut-être ? Mais c'était impossible ! Quelle idiote !

Ursula prit une grande inspiration et chanta le chant le plus ancien du peuple des sirènes. Un chant aujourd'hui oublié mais que sa mère lui avait enseigné. Le collier réagit et fit s'élever une brume dorée en direction des navires. Ou, plus précisément, en direction des hommes sur les navires. Le chant d'enchantement commençait, et avec lui, elle pourrait sauver son peuple et mettre les humains hors d'état de nuire. Elle se sentait  puissante.

Le Chant de la SirèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant