L'essence de Lys 1 - Le bal d'Adriel (Terminée)

21 - La discussion révélatrice

À peine une demi-heure plus tard, Lys était sur le parking de sa résidence.

L'automne commençait à se faire sentir. Le froid arrivait. La végétation devenait ocre, orange ou bien marron. Les gens délaissaient enfin leur débardeurs et tee-shirts pour des blousons et quelques-uns même des écharpes.

La jeune femme avait toujours aimé cette période, contrairement à beaucoup d'autres personnes qui trouvaient cette saison triste.

— Eh bien ! J'ai cru que tu n'allais jamais arriver, rouspéta Daphné à quelques mètres d'elle.

Les fesses collées contre la portière de sa petite voiture, la brune affichait un sourire malgré sa réplique.

— Excuse-moi. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais mon réveil n'a pas sonné.

Bien évidemment, comme toujours, Daphné ne comptait pas lui faire la tête pour si peu. C'était quasiment une habitude chez Lys d'arriver en retard aux rendez-vous.

— Alors, quel est le programme ? demanda la châtaine en nouant ses doigts à ceux de sa petite amie.

Elle aimait que Daphné la dépasse. Cela lui donnait l'impression d'être protégée, et ce n'était peut-être pas qu'une impression d'ailleurs.

— C'est une surprise ! répondit la concernée avant d'enlacer Lys.

Un petit rire échappa à la jeune femme quand Daphné fit semblant de lui mordre le cou.

— Tu sais, même si tu ne tu n'es pas maquillée et pas coiffée, ma Lisou reste la nana la plus craquante de tout le campus.

Comme à chaque fois que sa copine lui faisait des compliments, le cœur de Lys s'affola et ses lèvres s'étirèrent. Elle apprécia la caresse de Daphné sur sa main. Elle se perdit dans les yeux canailles et en amande de cette dernière. Elle se laissa enivrer par le doux parfum de la brune.

— Et moi je vois que tu es d'humeur joviale ce matin ! ajouta-t-elle à son tour.

Daphné passa un bras autour de la taille de Lys et ne tenant plus, posa ses lèvres sur celles de sa petite amie. Comme à chaque fois, le couple fut dans sa bulle durant leur embrassade.

Malgré les années qui passaient, la magie des premiers temps de leur relation leur était restée fidèle. Lys ne voyait plus sa vie sans Daphné et inversement. Leur idylle n'était pas près de s'arrêter. Du moins c'était ce que la plus innocente des deux pensait...

— Dis, tu as reçu l'invitation de Lulu ? Elle prévoit une méga party pour Halloween. T'as une idée du costume que tu vas porter ? demanda Daphné tandis qu'elles rentraient toutes les deux dans la voiture.

Lys haussa les épaules. Elle n'y avait plus pensé deux secondes après avoir entendu l'invitation.

— En fait, je ne sais même pas si je vais y aller.

— Mais si ! Ça va être super, répliqua Daphné en mettant le contact.

La jeune femme n'était pas des plus motivées pour cette soirée spéciale. Pas spécialement fêtarde, il lui arrivait tout de même de faire la fiesta, au moins pour faire plaisir à Daphné. Mais cette fois-ci, ça ne la tentait vraiment pas.

— Tu vas te déguiser en quoi ?

La brune venait de passer la première et elles sortaient désormais du parking.

— Ha... ha ! s'exclama-t-elle ravie. Ça t'intéresse quand même hein ?

Lys roula des yeux. Évidemment que cela l'intéressait puisque dès que ça avait un rapport avec Daphné, ça suscitait son intérêt. Et même si elle ne comptait pas se rendre à la soirée, elle avait envie de connaître l'idée de déguisement de sa petite amie.

— Je vais me déguiser en sorcière, avoua la brune en s'engageant dans le giratoire.

Le léger sourire de la jeune femme s'évapora alors. Sorcière... C'était ce que Mélodie avait dit être. C'était également ce que Lys était supposée être.

Tout cela fit remonter les souvenirs de cet étrange cauchemar, une fois de plus. Son ventre se noua. Une idée venait de lui parvenir et même si elle la trouvait un peu ridicule et surtout malsaine, elle se tourna vers sa copine.

— Ce matin, j'ai croisé Mélodie. Elle n'avait pas l'air en forme...

Sa respiration était en train de l'abandonner. Venait-elle vraiment de prononcer ces phrases car elle se mettait à douter de sa petite amie à cause d'un stupide rêve ? Lys n'avait jamais eu à s'inquiéter à propos de Daphné. Pourquoi ? Parce que cette dernière ne lui avait fait aucune crasse. Parce qu'elle était franche et directe. Parce qu'elle la voyait comme son âme-sœur.

Alors comment un stupide rêve, si c'était vraiment le cas, pouvait-il amener Lys à tout repenser ?

— Ah ouais ? Et bien j'espère qu'elle ne t'aura pas refilé des microbes, parce que je ne veux pas que ma chérie soit malade !

Le silence de Lys ne sembla pas alerter Daphné qui, concentrée sur sa conduite, fixait la route. Le cœur prêt à exploser, la jeune femme n'arrivait plus à retirer son regard du profil de la brune.

Pourquoi, alors que tout le monde à la résidence avait oublié l'existence de Mélodie (à sa sortie du bâtiment, elle avait demandé à deux autres résidents s'ils avaient vu la jeune femme afin d'être certaine de ce qu'elle avançait), Daphné n'avait pas froncé les sourcils à l'entente de ce prénom ?

— Tu te souviens de Mélodie ? l'interrogea-t-elle, la gorge serrée.

Cette fois-ci, Daphné lui accorda un regard surpris. Elle semblait perdue et inquiète, ce qui était rare. Certes, Lys se doutait que sa copine devait parfois paniquer, mais jamais elle ne le faisait devant elle. Car Daphné s'efforçait d'être forte et de la protéger.

— Attends, est-ce que tu essaies de me rendre jalouse avec cette fille ? tenta de plaisanter Daphné.

La nuque de Lys heurta le repose-tête. Elle avait l'impression que des feux d'artifices explosaient dans son cerveau. Avait-elle envie d'en connaître d'avantage ? Avait-elle envie de faire un pas vers ce qui semblait être un gros merdier ?

— Arrête-toi s'il te plaît.

Même si la voix de l'étudiante avait été calme, on pouvait deviner sans mal que quelque chose n'allait pas.

— Quoi ? Maintenant ? s'étonna Daphné.

Et si elle finissait par le regretter ?

— Mais pourquoi tu...

— Tout de suite ! ordonna Lys, coupant ainsi la parole à la brune.