Épilogue

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— Comment est-ce possible ?

La question de Daphné resta sans réponse.

Deux jours étaient passés depuis le drôle d'évènement. La brune avait envoyé plusieurs messages à Lys qui les avait lus mais n'avait jamais répondu.

Alors Daphné s'était rendu à sa résidence. Seulement une fois devant la chambre de la concernée, elle avait trouvé porte close. D'après Samuel, qu'elle avait croisé en chemin, la châtaine avait mis les voiles dans la journée du jeudi. Le jeune homme avait rajouté que Lys lui avait posé des questions sur le local de rangement et ne semblait pas vraiment en forme.

Ensuite, plus personne ne l'avait vue. Lys ne s'était pas rendu en cours. Les étudiants de son cursus n'en savait pas plus. Elle avait disparu, comme par magie.

— Comment est-ce possible ? répéta Daphné en brandissant le bracelet que Lys avait fait tomber sous ses yeux.

Madame Grant, qui accueillait les invités, lui envoya un regard noir.

— C'est pas le moment Daphné, lâcha-t-elle doucement.

Le visage parfait de Marcia Grant se ferma quand elle se tourna vers la concernée.

— Écoute, nous avons des invités, alors la moindre des choses, c'est d'être souriant et d'arrêter de parler de cette Lysandre !

— Mais puisque je te dis qu'elle m'a bloquée sans mon bracelet !

— Daphné ! s'emporta Marcia.

Les sorciers qui étaient déjà présents dans le salon tournèrent la tête en direction de la mère et de la fille.

— On en parlera plus tard, si tu veux bien.

Le soupir de l'étudiante prouva qu'elle ne comptait pas abandonner. D'ailleurs, lorsque ses yeux se posèrent sur la silhouette d'Aline Rival, elle s'empressa de la rejoindre.

— Est-ce que des professeurs de Lys l'ont vue ces deux derniers jours ?

Aline qui discutait jusqu'à présent avec Eduardo Filiez s'excusa avant de se tourner vers Daphné.

— Quelle ravissante réception ! s'exclama-t-elle en laissant arpenter son regard sur les invités. Et non, personne parmi mes collègues ne l'ont vue. Mais Lysandre a sûrement voulu prendre des vacances à l'avance.

— Vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas son genre de manquer des cours. Je sais qu'elle avait un TD jeudi après-midi. Un TD bon sang ! Lys a trop peur de l'appel pour sécher.

Madame Rival ne répondit rien. A vrai dire, elle n'avait pas spécialement envie de parler de son étudiante, mais plutôt de profiter des festivités.

— Elle a fabriqué un mur de protection, jeudi matin.

Le sourcil fin d'Aline se souleva. La conversation semblait vouloir devenir intéressante.

— Un mur de protection ? répéta-t-elle, surprise.

— Sans mon bracelet. Elle l'a retiré, sans mon aide et m'a dit qu'elle ne voulait plus jamais entendre parler de moi.

Comme le professeur semblait perdu, Daphné roula des yeux.

— Adriel, le démon des rêves, s'en est pris à elle. Mélodie Maligne a été effacée du monde des humains.

— Quelle horreur ! Pauvre petite, souffla Aline dans une grimace.

Certes, Mélodie n'avait jamais été une sorcière de grande lignée, mais Aline l'avait déjà aperçue et avait remarqué que cette dernière semblait gentille.

— Ce n'est pas un monde fait pour les faibles, trancha Daphné en comprenant que madame Rival était peinée pour la défunte.

— Certes, mais cela ne nous empêche pas de compatir.

— Si cela vous chante ! se moqua Daphné. Je préfère me concentrer sur les bons éléments pour ma part. Et Lys en est un !

— Daphné, Lysandre est une sang-mêlé et n'a même pas encore choisi son essence. A ce stade, elle est comme une simple humaine. Ce qui la place un rang en-dessous de Mélodie, nota Aline avant de faire un sourire à un chancelier.

— Et depuis quand les humains ont des pouvoirs ? rétorqua Daphné dans un ton de défi.

Aline grimaça une nouvelle fois.

— Un point pour toi, concéda-t-elle.

— Un problème avec la sang-mêlé ? demanda une voix qui agaça aussitôt Daphné.

Gladys, ou bien celle qui voulait sans cesse la provoquer, venait de parler. Que faisait-elle là ? Ah oui, évidemment, les rescapés des Grant étaient tous là. D'ailleurs, c'était étrange qu'Arthur ne soit pas là. Maintenant qu'elle y repensait, il n'avait plus donné de nouvelles depuis que Lys avait été faite prisonnière du monde d'Adriel... Est-ce que tout ceci avait un lien ?

— Je t'avais dit qu'elle ne nous apporterait que des ennuis ! continua Gladys.

Daphné abandonna sa réflexion sur Adriel et Arthur.

— Nous apporter que des ennuis ? Même sans avoir choisi son essence, elle est deux fois plus forte que toi !

Gladys, qui s'apprêtait à répliquer, referma la bouche. L'incompréhension peinte sur le visage, elle resta sans voix.

— Est-ce que tu as senti une autre force ? la questionna Aline.

— Non, enfin oui. Mais ce n'était pas un sorcier, ni même un démon. C'était... elle. C'était son essence. Je ne sais pas comment c'est possible, mais c'était comme si elle l'avait déjà choisie.

Maintenant que Daphné y repensait, Lys avait été plus curieuse ces derniers jours. Son envie de retourner dans le café de leur premier date, ses résistances lorsque la brune avait essayé de l'ensorceler pour la calmer...

Comment aurait-elle pu lui dire que deux mois après leur venue dans ce café, le gentil serveur qui s'était occupé d'elle avait été retrouvé mort dans son lit. D'après l'étude des chanceliers, des chasseurs l'avaient trouvé. Et c'était aussi la raison pour laquelle Daphné s'était empressée de commencer sa protection.

— C'est tout bonnement impossible ! sa fâcha Gladys en croisant les bras sur sa poitrine.

Ses sourcils froncés trahissaient sa jalousie.

— Et pourtant, c'est en train d'arriver, déclara madame Rival.

Son visage était, comme celui de Daphné, partagé entre l'admiration et l'inquiétude. Car désormais que Lys semblait vouloir voler de ses propres ailes, les ennemis allaient être nombreux.

Et sans moi, elle n'a aucune chance de survie. Elle sera telle une offrande, songea la brune, la gorge nouée.

L'essence de Lys 1 - Le bal d'Adriel (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant