2 - Une vie tout ce qu'il y a de plus normal...

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— Essaie de ne pas trop penser à moi durant ton cours, souffla Daphné avant d'embrasser Lys.

La pression des doigts de Daphné dans le creux des reins de la châtaine, son doux parfum, sa voix légèrement grave et la provocation dans le sourire qu'elle lui offrit, la firent fondre, comme à chaque fois.

Malgré les mois puis désormais les années qui passaient, elle ressentait encore les picotements dans le ventre chaque fois que la brune lui faisait des compliments ou lui disait qu'elle l'aimait.

— Je t'aime, répondit en retour Lys dans un sourire.

Daphné lui fit un clin d'œil avant de prendre le chemin en direction de son UFR. Tout en la regardant partir, Lys soupira. Parfois, elle se disait qu'elle l'aimait tellement que ce n'était pas possible que ce soit réel.

Et encore une fois, c'était ce qu'elle se disait, jusqu'à ce que Daphné ait disparu derrière le bâtiment de géographie. Étrangement, cette sensation de flotter disparut en même temps que la chevelure brune de sa petite amie.

Quelque peu surprise, Lys fronça les sourcils. Un sentiment bizarre venait de l'attraper. Était-ce de l'inquiétude ? Mais de l'inquiétude à propos de quoi ? Impossible de dire à cause de quoi elle se sentait mal. Son esprit paraissait subitement embrouillé, comme si elle venait d'oublier une partie de ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt.

Tout en portant la main à la tête, l'étudiante soupira. De la fatigue, voilà ce que c'était. Les vacances de la Toussaint approchaient à grand pas et lui feraient un grand bien.

Lys emboita le pas et les mains dans les poches de son pantalon, laissa son regard se promener sur la pelouse de la fac. Cette dernière avait connu des travaux, quelques années avant que ne commence son cursus. Apparemment, elle avait une apparence beaucoup plus sympathique qu'avant. En tout cas, l'étudiante lui trouvait de nombreuses qualités architecturales.

Alors qu'elle quittait la route du restaurant universitaire et se dirigeait vers la bibliothèque, lieu où elle comptait s'occuper durant l'heure de pause qui lui restait avant le début de son prochain cours, ses yeux se posèrent sur une fresque. C'était l'œuvre d'un de ses camarades de classe de l'année précédente. Et peu importait le nombre de fois qu'elle la voyait, elle la trouvait toujours aussi magnifique.

Un peu comme Daphné...

Est-ce que Lys venait de comparer sa petite amie à une fresque ? C'était tellement ridicule qu'elle éclata de rire.

Lorsque la jeune femme passa devant un des étudiants qui bossait à la bibliothèque universitaire, elle fit un signe de tête. Ce n'était pas le moment de crier un "bonjour" bien bruyant, sinon elle pouvait être certaine qu'elle allait se faire virer.

Après avoir posé le casque sur ses oreilles, l'étudiante lança sa musique. Un morceau de Lewis Calpadi démarra et elle s'engagea dans les escaliers menant au premier étage.

Lys aimait venir ici. Pas spécialement pour étudier. La plupart du temps, elle écoutait de la musique. Mais être entourée par des livres, pouvoir les lire à sa guise et avoir la chance d'être au calme étaient de bons arguments pour venir à la bibliothèque.

Seulement aujourd'hui, l'étudiante avait décidé de bouquiner un peu, en plus d'écouter de la musique. Elle avait prévu de lire un livre que le prof du matin avait mentionné. Un livre qui, d'après ses dires, l'avait grandement aidé à rédiger son cours. Donc un livre, en concluait Lys, qui pourrait lui donner les mots clés de la discipline.

Tout en remuant distraitement la tête, la jeune femme survola les ouvrages du bout des doigts. Elle aimait leur texture, leur odeur, et le pouvoir qu'ils refermaient. Peut-être était-ce pour cette raison qu'elle avait songé à se tourner vers la littérature avant de choisir l'histoire des arts.

Fille de deux parents professeurs, Lys avait toujours ressenti la pression que lui mettaient sa famille. Ils voulaient que comme eux, elle réussisse et s'épanouisse dans les études. Enfin, c'était surtout ce qu'aimait se dire l'étudiante. Car au fond, elle savait qu'ils voulaient surtout qu'elle soit en mesure de ramener un bon salaire.

Lys ne parlait pas souvent de son père et sa mère, parce que même s'ils étaient plutôt agréables, la jeune femme avait atteint un certain objectif en arrivant à la fac : elle avait débuté son indépendance. Bien évidemment, ils l'aidaient encore financièrement. Mais ils n'étaient plus là pour lui dire quoi faire et encore moins pour lui interdire de faire des choses.

Ce n'était pas pour autant qu'elle faisait les quatre cents coups. Lys se contentait juste de vivre, comme bon lui semblait désormais.

Les doigts de l'étudiante se posèrent sur le livre qu'elle cherchait depuis quelques secondes. Enfin, elle venait de trouver le manuel.

Tout en rejoignant sa chaise sur laquelle elle avait laissé son sac, elle regarda les étudiants qui buchaient. Tous avaient plus ou moins la tête dans leur bouquin ou bien le stylo à la main ou encore les doigts tapotant les touches de leur ordinateur. Tout le monde bossait dur ici et ça faisait plaisir à voir.

Après s'être rassise, la châtaine regarda son manuel. Bien évidemment, elle savait qu'elle ne pourrait pas tout lire en une heure, elle serait obligée de l'emprunter...

Les doigts désormais posés sur la couverture du manuel, Lys fronça les sourcils. Étrangement, cela lui fit penser à la conversation (si on pouvait appeler cela comme telle) avec Mélodie, une de ses camarades de résidence.

"C'est un cadeau " avait-elle dit en lui tendant un livre à la couverture travaillée.

Cela faisait deux ans qu'elle logeait dans cette résidence universitaire, et plusieurs mois qu'elle croisait cette Mélodie. Pourtant, jamais celle-ci n'avait dit plus qu'un simple "bonjour" ou "bonne journée". Alors pourquoi... Est-ce que Mélodie avait des...

Lys roula des yeux. Il était inutile pour elle de continuer à se questionner à propos de sa camarade de résidence. Celle-ci lui avait filé un vieux livre (qu'elle avait laissé dans sa chambre d'ailleurs car celui-ci était plutôt lourd), sûrement parce que celle-ci faisait partie des gens qui aimaient bien partager leur culture et déposaient leur bouquin dans des boites à lire.

Durant plusieurs minutes, la jeune femme se concentra sur sa lecture. Son professeur avait raison, ce manuel était patronnant. Et il lui faudrait plusieurs heures pour récupérer tous les secrets qu'il enfermait.

Ce fut sur cette pensée que Lys se releva. Il lui restait tout juste quinze minutes pour aller à l'accueil, emprunter ce livre et rejoindre son amphi. Elle avait encore le temps, mais cela ne l'empêcha pas de quitter son petit bureau pour se diriger vers les escaliers.

L'essence de Lys 1 - Le bal d'Adriel (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant