Chapitre 2

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John ne pouvait pas avoir l'air plus surpris. 17 ans ? Est-ce que cela était ne serait-ce que possible ?
La jeune fille devant lui n'avait pas plus de 25 ans. Un rapide calcul suffisait à se demander quelle relation ces deux personnes pouvaient bien avoir. Sherlock devait également se poser la question car il fixa la jeune fille un bon moment, les sourcils froncés.
Elle était blonde et avait les cheveux assez longs, ils allaient jusqu'à sa ceinture. Elle était habillée de manière simple, pas comme pour un réveillon de Noël traditionnel. Elle n'était pas non plus maquillée et avait des cernes sous les yeux. La tâche de thé sur la manche de son pull lui prouva qu'elle disait la vérité concernant le salon.
Sa solitude un jour de fête lui indiqua également que si elle avait une famille, elle n'était très certainement pas en bons termes avec eux. Ce qui le ramena à Greg Lestrade. Cet homme dont il pensait qu'il savait tout ce qu'il y avait à savoir avait apparemment un secret. Il connaissait cette jeune femme depuis 17 ans, elle devait donc être très jeune, moins de 10 ans à l'époque. Si il avait été son père, vu comment il l'a pris dans ses bras en arrivant, il est clair qu'ils auraient été ensemble ce soir pour le réveillon. Il n'était donc pas de sa famille. Mais alors, qu'est-ce qui les liait ? Un mystère que Sherlock Holmes n'allait, il en était sûr, pas mettre longtemps à résoudre.

- Bon, je vais aller voir le cadavre, déclara John pour changer de sujet.

Il se dirigea vers la cuisine bientôt suivi de Sherlock, Zoé et Lestrade. Après un examen rapide, il confirma les déclarations de son ami et Lestrade insista pour que Zoé rentre chez elle. Cependant, elle affirma n'avoir personne qui l'attendait à la maison et qu'elle serait plus utile en les aidant avec l'enquête plutôt qu'à rester sagement chez elle.

- C'est vrai, désolé... s'excusa Lestrade. J'avais oublié ce détail. Tu peux rester si tu en as envie mais sois prudente, un meurtrier rôde. 

Elle hocha la tête et il eut une expression à la fois rassurée et résignée. Cela ne fit que raviver les interrogations du détective qui ne put s'empêcher de remarquer l'affection que portait l'homme à la jeune fille. Quant à l'inspecteur, il se remémora les années passées. La première fois qu'il avait rencontré Zoé, si jeune, abandonnée près d'une benne dans le centre de Londres. Elle était aussi petite qu'apeurée et ses yeux bleus étaient ternes, comme vides. Il l'avait recueillie chez lui pour la nuit et après des jours de recherche et d'affiches pour retrouver ses parents, il avait finalement dû l'amener à l'orphelinat de Londres où il revenait souvent prendre des nouvelles. Quelques semaines plus tard, elle s'était faite adopter par une gentille famille qui, il en était sûr, allait bien prendre soin d'elle. Il fut donc largement déçu lorsque l'orphelinat le rappela plusieurs jours après pour lui annoncer qu'ils l'avaient ramenée. Ce schéma se reproduisit plusieurs fois, jusqu'à la famille de trop.  Il ne se souvenait que trop bien. A ses 9 ans, elle avait de nouveau été adoptée par un père célibataire dont le plus grand souhait était d'élever un petit être et de lui donner tout l'amour qu'il n'avait pas pu donner à sa compagne malheureusement décédée lors d'un accident de la route. Il représentait pour Zoé sa dernière chance d'avoir une famille qui l'aimerait de tout son cœur et ne l'abandonnerait pas une énième fois. Une fois les papiers d'adoption signés, les nouveaux père et fille avaient disparu et ne donnaient plus de nouvelles. Lestrade était inquiet vu les antécédents de la jeune fille qui n'avait pas eu de chance ces 4 dernières années. Des mois plus tard, un civil avait appelé la police pour prévenir qu'il semblait y avoir un problème chez son voisin où il entendait des hurlements répétés depuis plusieurs heures. Lestrade et son équipe s'y étaient donc rendus pour démêler cette étrange histoire. Le fameux voisin ne répondait pas mais les cris s'intensifiaient, les forçant à ouvrir la porte de force. Le spectacle qui les attendait à l'intérieur les horrifia.

Çà et là, des ordures jonchaient le sol, allant de vêtements sales à de la nourriture vieille, sans aucun doute, de plusieurs semaines. Des mîtes y avaient fait leur nid et grouillaient un peu partout. L'appartement empestait et se sentait du couloir extérieur et un canapé se trouvait au fond de la pièce. Sur celui-ci ronflait un homme en caleçon, une bouteille d'alcool presque vide à la main, une barbe d'au moins 10 jours collée au visage.

Une histoire de DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant