Chapitre 7

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- J'ai trouvé ! crièrent-ils en même temps.

Il se regardèrent surpris, et ouvrirent la bouche de concert. Je me contentai de les fixer, en quête d'une réponse qui complèterait mon ignorance.

- Allez-y d'abord, proposa doucement Zoé.

- A bien y réfléchir, je préférerai que ce soit vous en premier, contra Sherlock. Cela permettra d'évaluer vos compétences.

- Très bien, répondit-elle avec un air de défi que je ne lui connaissais pas. Tout d'abord, cet homme dont vous avez bien évalué la taille, étant donné sa pointure, travaille dans un chantier ferroviaire. On peut le voir tout d'abord aux particules présentes dans ce tas de terre que vous avez récupéré, il est évident, dans ses empreintes.

Je me retins de dire que ce n'était pas spécialement évident mais me dis que je ferais mieux de me taire.

- Ensuite, j'ai décelé des traces de ferraille qu'on ne trouve que dans dans la composition des trains des années 1970, c'est donc fort probablement un chantier qui doit remettre à niveau des anciens trains. Comme celle-ci, fit-elle en nous indiquant le microscope.

Je laissai au scientifique le soin d'identifier ce que Zoé voulait montrer. Il se pencha sur l'instrument, se rapprochant significativement de la jeune fille. Alors que je pensais qu'elle serait gênée, elle resta impassible et patienta le temps qu'il analyse ce qu'elle voulait montrer. Il ne dit rien pendant quelques secondes avant de prendre la parole :

- Je dois avouer que je suis surpris. Je suis parvenu à la même conclusion grâce à cet élément qui parsème ses empreintes. Il n'y a que deux chantiers ferroviaires de la sorte dans Londres, cela nous limite donc grandement les recherches. Pour récapituler, le suspect à la cinquantaine d'années, fait environ 1m85, travaille dans un chantier ferroviaire, en tant que mécanicien, pour être précis. Ce chantier se situe soit au nord de Londres, soit à l'ouest. Nous avons donc une chance sur deux et devons nous dépêcher de nous y rendre avant qu'il ne pense à s'enfuir. Mlle Sanders, appelez Lestrade et dites-lui d'aller à celui de l'Ouest, nous irons au Nord.

Sans plus attendre, nous courons jusqu'à l'extérieur du bâtiment tandis que Zoé prévenait l'Inspecteur.

Point de vue de Zoé

L'étonnement de Mr Holmes me révolterait presque ! Ce n'est pas parce que je suis une femme que je dois forcément être nulle en chimie. De même, il a beau être intelligent, ça ne veut pas dire que nous sommes tous des poissons rouges pour autant. La chimie a toujours été un domaine qui m'intéressait grandement et je suis ravie d'avoir eu le temps de m'y pencher sérieusement. C'est dans ce genre de moments - même si j'aurai préféré qu'il n'y ai ni meurtre ni suspect à étudier - que je me rend compte que toutes ces heures à étudier n'ataient pas vaines. J'avoue être loin d'être douée pour certaines choses, mais ce n'était pas le cas de la chimie. Heureusement pour lui, on n'avait pas vraiment le temps de se chamailler pour le moment. Je textai Greg rapidement pour lui indiquer notre plan et nous prîmes encore une fois un taxi. Est-ce que l'un de ces deux hommes avait au moins le permis ? Je remarquai cependant que depuis que toute cette histoire avait commencé, je n'avais pas quitté une seule seconde mes deux comparses et ma solitude s'évapora un peu. Malgré les circonstances, cela me fit quand même chaud au cœur. Je commençais quand même à en avoir marre de ces trajets en taxi.

Sherlock avait eu la bonne idée de choisir le chantier le plus proche et notre arrivée mouvementée dans ce dernier ne passa pas inaperçue, loin de là. Dès notre descente du taxi, je remarquai que le chantier était bien développé. Pour y entrer, il fallait passer un portail. Ensuite, nous avions à notre gauche plusieurs bungalows avec un parking plein à ras bord, sûrement pour permettre aux travailleurs de se reposer, prendre leur pause mais aussi aux responsables d'installer leurs bureaux. A notre droite, environ 4 ou 5 lignes de rails avec plusieurs trains arrêtés. Sur chacun, des salariés travaillaient, armés de marteaux, de clous, de gilets oranges et de casques. Le tout était si bruyant que je résistai à l'envie de me boucher les oreilles. Dès notre arrivée, tous les regards, c'est-à-dire plus d'une vingtaine, se tourna vers nous. Tous semblaient surpris, sauf un au fond que je vis partir en courant dans l'autre sens.

- Par ici ! criais-je en montrant du doigt le suspect.

Cette indication fut un peu inutile car Sherlock s'était déjà élancé, suivi par John. Je ne perdis pas une seconde en commençant à courir moi aussi et je me rendis rapidement compte qu'il nous emmenait vers des trains que je n'avais pas vu plus tôt, au fin fond du chantier. Le sol poussiéreux était plus difficile à fouler que je ne l'imaginais et je remarquai bientôt que John prenait du retard. J'étais toujours près de Sherlock, nous-même à une centaine de mètres du suspect. Il courait si vite ! L'air me manquait petit à petit mais il ne semblait pas moins rapide pour autant. Pour son âge, il avait l'air d'être bien conservé ! J'espérais avoir sa forme dans 30 ans.

Je ne pus cacher ma surprise en le voyant monter dans la locomotive du train devant lequel nous nous situions. Rapidement, la machine démarra et nous n'eûmes pas d'autre choix que de grimper dedans avant qu'il ne prenne trop de vitesse. Sherlock s'avança rapidement vers l'avant du train et je tentai de le suivre tant bien que mal. Il sauta entre deux wagons, se réceptionnant avec grâce et alors que j'essayais de faire de même, mon pied glissa sur l'arrière du wagon de devant. Je fermais les yeux rapidement, certaine de tomber du train en marche mais une main m'attrapa avant que je ne m'éclate au sol. Sherlock me tira à lui et je me retrouvai contre son torse, sa main toujours dans la mienne. Nos regards se croisèrent une seconde et je me perdis dans ses yeux bleus. Je n'avais pas remarqué avant qu'ils étaient ni intenses. Il sembla troublé un instant avant de secouer la tête. Je repris mon sang froid immédiatement.

- Vite ! Nous devons le rattraper.

J'hochai la tête et nous nous retournâmes vers l'avant du train l'air déterminé. Mais combien de wagons possédait donc ce train ? J'avais l'impression qu'on n'en verrait jamais le bout. Finalement, nous parvînmes à la locomotive de tête au moment où le train dans son ensemble arrivait à un nouveau point de chantier. Sherlock ouvrit la porte avec force et entra bruyamment dans le petit espace. Je le suivis immédiatement et eu à peine le temps de voir le suspect posté à l'ouverture de la porte de l'autre côté, juste avant qu'il ne saute du train pour atterrir sur une motte de terre assez molle. Le train filait toujours aussi vite et Sherlock se précipita pour le voir chancelant se relever et monter dans une voiture stationnée sur le parking. C'était trop tard, il s'était enfui. Notre énervement et déception furent palpables avant qu'on se rende compte que nous étions encore dans un train en marche qui fonçait droit devant... dans une autre locomotive de voyageurs stationnée !

- Sherlock ! criais-je pleine d'effroi sans me rendre compte que je venais de l'appeler par son prénom.

Il se rendit tout de suite compte du problème - notre mort imminente et celles des passagers du train de devant si nous n'arrivions pas à arrêter ce train rapidement - et se précipita aux commandes. Je me sentais inutile, je n'avais aucune idée de ce à quoi servaient toutes ces manettes et boutons. Je vis mon coéquipier analyser le tableau de bord, son regard parcourant chaque coin. Personnellement, j'étais plus occupée à fixer le train en face de nous qui se rapprochait immanquablement. Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'à l'intérieur, une centaine de personnes au moins s'y trouvait, ne se doutant pas un seul instant que leur moment était probablement venu.

Sherlock sortit de sa transe et attrapa rapidement un levier pour le baisser de toutes ses forces. Dès lors, il prit une autre manivelle pour la tirer vers nous. Le train ralentit automatiquement. Il garda en main la manivelle pour l'empêcher de reprendre sa position initiale et par conséquent, la vitesse de la locomotive. Le voyant doucement faiblir devant la difficulté d'arrêter un train si rapidement, j'attrapai la manivelle et tirai avec lui de plus belle. Je me retins de fermer les yeux devant le peu de mètres qui nous séparaient encore du train plein de voyageurs. Nous ralentîmes fortement et notre locomotive bouscula celle de devant, la faisant s'arrêter complètement. Les voyageurs n'eurent qu'une petite secousse avant de s'immobiliser.

Quant à Sherlock et moi, nous étions abasourdis. Abasourdis d'avoir frôlé la mort de si peu. Abasourdis d'avoir presque causé la mort d'une centaine d'innocents. Mais aussi soulagés de s'en être finalement sortis. N'y tenant plus, je sautai dans le bras de mon partenaire, heureuse d'être toujours en vie. Sa surprise fut palpable et je le relâchai, estimant que c'était devenu assez étrange d'un coup. Je m'écartai de lui et me contentai de lui sourire chaleureusement.

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Et voilà, nos deux loulous sont en vie ! N'hésitez pas à me dire si vous avez des suggestions, des critiques logiques et des remarques ^^ tout est bon à prendre

En tout cas, j'espère que vous avez passé un bon moment et vous dis à bientôt pour le chapitre 8 !

Une histoire de DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant