Chapitre 9

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Chacun finit par détourner son regard de lui au moment où il se mit à inspecter la concernée. Du point de vue d'une personne normale, elle aurait pu paraître très jolie avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus. Mais l'était-il, normal ? La famille Holmes s'était toujours différenciée des autres, entre Mycroft dont l'impassibilité était légendaire, lui qui se considérait comme un sociopathe de haut niveau et Eurus qui était une génie psychopathe.

Et pourtant, lorsqu'il regardait la jeune fille, un étrange sentiment prenait place. Celui du dégoût, dégoût de ne pas avoir pu la sauver plus tôt des mains d'Henri Finney, dégoût de ne pas pouvoir mieux la protéger, encore plus depuis l'épisode où ils avaient tous les deux failli mourir. Il se dit ironiquement qu'autant elle que lui, durant leur vie ils avaient frôlé la mort plus d'une fois. Il se sentit également curieux, déjà de découvrir le meurtrier de cette histoire, mais aussi le lien de Zoé avec tout ça, car il en était sûr, il y avait bien quelque chose. Mycroft lui avait caché une partie de l'histoire, il en mettrait sa main à couper. Il savait quelque chose et il le découvrirait. Car un mystère planait toujours, celui du temps avant les 5 ans de la jeune fille. Elle en avait parlé chez Mme McKazy, et ne pas se souvenir du tout d'une partie de sa vie était signe de traumatisme. Or, cette période serait peut-être la clé pour déverrouiller tous les secrets et mystères de cette histoire.

Mais au-delà de résoudre cette affaire, il avait envie de la protéger, de faire en sorte qu'elle ne soit pas blessée. Ce n'était pas la même chose qu'avec Irène Adler, car cette dernière n'était pas quelqu'un qu'on protège. Au contraire, on se protégeait d'elle. Mais il n'avait jamais ressenti quelque chose pour elle, il la considérait seulement comme une femme supérieure aux autres.

Zoé, elle, dégageait une douceur, une certaine fragilité dont il avait envie de prendre soin. Il le savait, sa vie était loin d'avoir été facile, et elle n'était certainement pas au bout de ses surprises. Et il avait envie de l'en préserver. Jamais avant il n'avait ressenti pareille compassion, et un tel état d'esprit le rendit mal à l'aise, car c'était bien la première fois en 35 ans qu'il ressentait l'envie de protéger quelqu'un.

Lorsque son regard croisa celui de la jeune fille, il sut qu'il l'avait fixé trop longtemps. Il remarqua ainsi que Mme Hudson et John n'étaient plus là.

- Garry, vous savez où est John ? demanda le violoniste impassiblement.

L'interrogé soupira et répondit :

- C'est Greg.

- Pourtant je suis presque sûr qu'il s'appelle John, fit remarquer Sherlock.

- Je parle de moi ! finit par s'énerver l'inspecteur.

- Ça ne répond pas à ma question.

- Il est parti rejoindre Mary, si vous voulez tout savoir.

- Je vois, répondit Sherlock, l'air de s'en ficher totalement.

- De toute façon, j'allais aussi partir, j'ai du travail. Zoé, si tu as un souci, n'hésite pas à m'appeler, proposa-t-il en se tournant vers elle. Je suis toujours disponible pour toi.

- Merci, Greg, je m'en souviendrai. Mais je ne pense pas craindre quelque chose avec Mr Holmes, sourit-elle pour le rassurer.

- Sherlock, dit le détective distraitement.

- Comment ? demanda-t-elle surprise.

- Appelez-moi Sherlock et ne me le faites pas répéter, soupira-t-il.

Elle hocha la tête, un peu perplexe, et dit au revoir à Lestrade qui avait déjà enfilé son manteau. Elle se retrouva donc seule avec le détective avec lequel elle ne savait pas quel comportement adopter. Lorsqu'elle le regardait, elle sentait son cœur battre la chamade, mais elle avait bien bu, depuis les deux jours qu'elle le connaissait, qu'il n'était pas du genre à se laisser aller à la romance. Elle doutait même qu'il ait eu une quelconque relation avec quelqu'un, en fait.

Une histoire de DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant