Chapitre 8

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Le retour au 221B Baker Street fut assez silencieux si on omet les nombreuses interrogations de John et de Greg. Il s'est avéré que lorsque John s'est arrêté dans la course, il a tout de suite téléphoné à l'inspecteur pour lui indiquer le bon chantier.

Après notre mésaventure dans le train, Sherlock et moi avions contacté Scotland Yard qui avait envoyé une voiture nous chercher. Nous avions en fait parcouru plus de 60km dans notre course ! Le trajet fut long et notre déception à la hauteur, étant donné que le suspect, qui paraissait vu son comportement plus que coupable, avait essayé de nous tuer puis s'était enfui.

Malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de penser au moment où ma main avait tenu celle de Sherlock lorsqu'il m'avait rattrapé, puis quand je l'avais pris dans mes bras, euphorique d'être encore en vie et d'avoir réussi à ne pas provoquer la mort de passagers innocents. Ce que j'avais ressenti... cela ne m'était encore jamais arrivé auparavant. Après cette enfance désastreuse, j'avais passé mon adolescence recluse, isolée sans aller chercher le contact, ni même en recevoir. Le lycée était plus une torture qu'autre chose et je m'étais accrochée aux études pour ne pas sombrer. Sur mon corps, les nombreuses cicatrices des anciens traumatismes causés par Henri Finney seraient à jamais gravées, me rappelant sans cesse que je ne méritais pas d'être aimée. Cette période avait sans conteste été la pire de ma vie et je remercierai jamais assez Greg de m'en avoir sorti. Je lui étais plus que redevable, et jamais je n'oublierai ce qu'il a fait pour moi.

Quelque part, j'étais soulagée de ne pas me souvenir du temps, des années avant mes 5 ans. Si je les ai oubliés, c'était probablement mieux comme ça. Quelque chose me disait que je n'avais pas besoin de m'en souvenir, que ça me ferait plus de mal que de bien. Malgré cela, j'étais quand même curieuse de savoir qui étaient mes vrais parents, pourquoi ils m'avaient abandonnée. Peut-être étaient-ils là, quelque part, à me chercher, ou au contraire ne voulaient-ils plus jamais entendre parler de moi. Je ne savais pas si j'aurais la réponse un jour, mais quelque chose me disait que cette enquête qui semblait être liée à moi m'apporterait un élément de réponse.

Nous passâmes chez moi afin que je puisse récupérer quelques affaires de toilette et des vêtements. Mes escortes patientaient gentiment dans la voiture de police tandis que je ramassais aussi vite que possible ce dont j'aurai besoin pour les jours à venir car j'en étais maintenant sûre : ce meurtrier nous en voulait et n'était pas prêt de nous lâcher la grappe. Prête à partir, je me dirigeai valise en main vers la porte d'entrée quand un dossier posé sur la grande table attira mon attention. C'était celui qui avait été rédigé lorsque Greg m'avait trouvé, 17 ans plus tôt. Réfléchissant un instant, je me dis qu'il pourrait être utile et le fourrai dans mon sac. On ne sait jamais, après tout.

Je descendis rapidement les escaliers du perron et mis ma valise dans le coffre du taxi, avant qu'il ne reparte en direction de Baker Street.

Point de vue externe

Mycroft Holmes était assis près de sa cheminée, un verre de whisky à la main. Il en remuait le contenu sans grande conviction, l'esprit ailleurs. En réalité, il ne revenait pas. Comment Zoé Sanders pouvait-elle être elle ? Il avait remué ciel et terre pour la retrouver à l'époque sans aucun aboutissement. Il la pensait morte, tuée après avoir finalement été retrouvée par ce monstre qui la poursuivait. Mais le dossier qu'il avait en face de lui disait tout le contraire. Il s'en était douté, la ressemblance était frappante, mais la savoir réellement en vie, actuellement logée chez son propre frère, il n'en revenait pas. Il ne pensait plus jamais revoir sa filleule, et pourtant voilà qu'il en avait de nouveau la chance.

Mycroft Holmes n'était pas un homme qui se laissait distraire par les émotions, au contraire il les haïssait, et ce encore plus depuis ce fameux jour où tout avait basculé. Mais pourtant, deux subsistaient au fond de lui même. La première était l'amour - même s'il détestait ce mot - envers son petit frère, car ils avaient beau avoir eu des différents, Sherlock avait beau le considérer comme son "ennemi", il n'en restait pas moins qu'il ferait tout pour le protéger. Son frère était ce qu'il avait de plus cher, même s'il le cachait bien, et contrairement à ce que Sherlock pensait, il tenait à son travail et à l'avenir de la nation, mais jamais il ne sacrifierait son frère pour cela.

Une histoire de DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant