Chapitre 4

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Un canapé au fond de la pièce se trouvait face à une petite table remplie de papiers, photos et dossiers d'anciens meurtres tous aussi sanglants les uns que les autres. Je retins une grimace et inspectai le reste de la pièce. La fenêtre à ma droite amenait sur la rue où des voitures et des taxis continuaient de passer malgré l'heure tardive. Je m'assis sur le canapé et sortit mon téléphone. Deux appels manqués de Lestrade, dont le dernier il y a 4min. Je décidai de la rappeler avant qu'il ne soit trop tard. Après tout, il devait s'inquiéter. J'eu à peine le temps d'entendre une tonalité qu'il avait déjà décroché. 

- Zoé, j'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose ! Tu es bien arrivé chez Holmes ?

- Désolée inspecteur, je voulais vous prévenir mais je n'avais plus de batterie, mentis-je avec une pointe de culpabilité.

- Ce n'est pas grave Zoé, et je t'ai déjà dit de m'appeler Greg et de me tutoyer, surtout en privé, me reprocha-t-il.

- C'est vrai, Greg, j'ai juste un peu de mal avec les familiarités. 

- D'ailleurs, tu es sûre de n'avoir jamais revu Joe McKazy ?

- Je n'en ai pas le souvenir, en tout cas... La dernière chose qu'il m'ait dite, c'est lorsque je suis partie de chez eux, quand tu es venu me chercher. "Nous sommes désolés, mais tu ne peux pas rester avec nous. On espère que tu trouveras la bonne famille pour toi". C'est tout. Je ne les ai pas revus ensuite.

- Très bien, soupira-t-il. Si jamais quelque chose te revient, n'hésite pas à m'appeler. On se verra demain. Repose-toi bien.

- Vous - toi aussi, Greg, me corrigeais-je. Bonne nuit.

Une fois la conversation terminée, je mis mon visage entre mes mains. J'étais sincèrement épuisée, mais incapable de m'endormir. Il fallait que je trouve une occupation. En levant la tête, je vis au fond de la pièce une énorme bibliothèque que je n'avais pas remarqué avant. Curieuse, je m'approchai. Après tout, s'il y avait bien une occupation à chercher, c'est sans doute ici que je la trouverai. J'arrivai au niveau de deux fauteuils face à face, dont l'un était... visiblement occupé. Sherlock Holmes en personne, que je croyais endormi depuis un bon moment, était confortablement assis, un violon posé sur ses genoux. il tripotait distraitement une des cordes tout en me fixant. Je rougis furieusement en comprenant qu'il était sans doute ici depuis le début et qu'il avait entendu ma conversation téléphonique.
Sans faire un bruit, il déposa son violon sur la table à côté et se leva, me faisant face mais surtout me dépassant de toute sa hauteur.

- Tiens donc, vous ne dormez pas, Zoé ?

- Le sommeil me fuyait, effectivement. Vous ai-je dérangé ?

- Pas vraiment. J'aimerais surtout que vous répondiez à mes questions. Qu'est-ce qu'une jeune fille comme vous aurait avoir avec le meurtre d'un homme de 50 ans ? Mais encore, quelle est votre relation avec l'inspecteur Lestrade ?

- Je pense que cela ne vous regarde pas, Mr Holmes.

- Au contraire, Miss. Vous cachez quelque chose et soyez assurée que je le découvrirai.

Sans un mot de plus, il tourna les talons et disparut au fond du couloir, entrant de nouveau dans ce que je supposais être sa chambre. Secouée, je me laissai tomber dans le deuxième fauteuil et expirai un bon coup. Cette histoire risquait de mal se finir.

Le reste de la nuit passa tranquillement, je lus ''Le tour du monde en 80 jours'' jusqu'au petit matin. Vers 6h30, je décidai qu'il était temps de petit-déjeuner en entendant mon ventre grogner. Il est vrai qu'avec toutes ces histoires, je n'avais pas pu dîner hier soir. La faim se réveilla d'un coup et je ne pus m'empêcher d'aller à la cuisine. En farfouillant çà et là, je trouvai une boîte de sachets de thé, une tasse ainsi qu'un bout de pain de la veille. John débarqua lorsque je finis de boire le breuvage.

- Bonjour Miss, vous avez bien dormi ?

- Ça va, et vous ?

- Tranquillement.

- Quel est le plan aujourd'hui ? demandais-je, impatiente de savoir ce que nous ferions pour démêler l'histoire de Joe.

- Nous irons interroger sa femme, lança Sherlock en entrant dans la pièce.

Je me remémorai hier soir et me retins malgré moi de rougir. Secouant la tête pour éviter de penser à ce désastreux épisode, je lui répondis :

- Vous savez où la trouver ?

- Scotland Yard n'est peut-être composée que d'incapables, je suis sûr que ce sera dans les cordes de Lestrade d'ouvrir un dossier et de trouver une simple adresse, fit-il dédaigneux.

- Je ne vous permet pas ! m'exclamais-je irritée.

- Sheldon... l'avertit son ami.

Il ne répondit pas et déverrouilla son téléphone que je n'avais pas remarqué avant. Après un texto rapide, une sonnerie indiqua qu'il avait reçu une réponse. Sans plus attendre, il enfilade son manteau et John et moi en fîmes de même. Je suis presque sûre que si nous ne nous étions pas dépêchés, il serait parti sans nous.
Un taxi nous attendait devant l'entrée et Sherlock et John s'asseyèrent sur la banquette arrière. Sherlock, qui était monté du côté du trottoir, ouvrit la porte et lança impatiemment :

- Bon, vous vous décidez ?

Soupirant, je m'assis sur le siège passager et le chauffeur démarra à peine la portière fermée. J'attachai donc ma ceinture tout en lui lançant un regard noir, tandis que Sherlock donnait l'adresse. Le trajet me sembla interminable et je ne pus m'empêcher de somnoler suite à la nuit blanche que je venais de passer. Pourtant, un malaise subsistait sans que je n'arrive à mettre la main dessus. Enfin, cela resta un mystère jusqu'à ce que j'aperçoive Sherlock Holmes me regarder fixement dans le rétroviseur. Je rougis automatiquement avant de me reprendre. Il était hors de question que je me fasse intimider par un homme que je ne connaissais même pas. Je lui jetai un mauvais regard avant de me reconcentrer sur la route. Elle m'était familière. Il faut croire qu'en 17 ans, ils n'avaient jamais déménagé. Le taxi s'arrêta rapidement devant la bâtisse qui avait pour une courte période été mon chez moi. Les seuls souvenirs que j'avais pu créer ici remontèrent à la surface avant que je ne les chasse d'un geste de la main. Nous descendîmes de l'automobile avant de remonter l'allée jusqu'à la maison. Sherlock, nullement intimidé ou hésitant, sonna directement suivi de ses deux accompagnateurs. La porte s'ouvrit bientôt sur une femme d'environ 50 ans, qui semblait cependant en avoir bien plus. Elle semblait épuisée par la vie, lasse de tout. Elle ne cacha pas son air de surprise en nous voyant nous, ses invités, qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.

- Je peux faire quelque chose pour vous ? leur demanda-t-elle incertaine.

- Bonjour, je m'appelle Sherlock Holmes, détective consultant pour Scotland Yard. Pouvons-nous entrer ?

- Hum oui, je vous en prie.

Elle s'écarta pour nous laisser passer et j'eu l'impression d'atterrir dans une boutique de meubles. Chaque chose était à sa place, le ménage était impeccable et des cadres avec des photos pleines de personnes heureuses étaient disposées un peu partout. Sur la plupart, on voyait le couple accompagné de leur fameux fils qui devait avoir maintenant environ 25 ans. Parce que je ne m'étais pas entendue avec lui, les McKazy m'avaient renvoyée à l'orphelinat. C'est comme s'il m'avait empêchée d'avoir une famille et d'être heureuse. Je laissai de côté mon ressentiment et écoutai attentivement ce qu'elle nous disait.

- Si vous cherchez mon mari, il n'est pas revenu depuis hier soir. Je ne sais pas où il est.

- Notre présence est justement due au fait qu'il ne soit pas là. Voyez-vous... commença Sherlock.

- Sherlock, laisse-moi faire, l'interrompit John, sûrement peu rassuré du tact de son ami. Il se tourna vers la jeune veuve et lui annonça :

- Nous sommes venus afin de vous prévenir que votre mari avait été retrouvé hier soir par la jeune fille ici présente, fit-il avec un geste de la main en ma direction. Nous sommes désolés, votre mari a été assassiné la nuit dernière et retrouvé dans une vieille maison abandonnée sur Dorset Street.

- Oh mon dieu, sanglota-t-elle sous le choc en portant sa main à la bouche.

- Nous souhaitons donc savoir s'il avait des ennemis, mêmes minimes, que ce soit personnellement ou au travail. Peut-être quelqu'un qu'il aurait pu froisser ? ajouta le détective.

- Pas que je sache, se résigna-t-elle.

Une histoire de DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant