Chapitre 6

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Le stress augmentait petit à petit au cours de la journée tandis que Jungkook espérait que le temps ralentisse de plus en plus. Il appréhendait son retour chez lui, comme chaque week-end. 

La sonnerie, normalement synonyme de délivrance pour les élèves, était là un cauchemar pour le plus jeune. Son appréhension empirait et son stress le rongeait de l'intérieur. Son pas ralentissait au fur et à mesure qu'il approchait de sa maison et, arrivé devant la porte de celle-ci, il s'arrêta. Après une grande inspiration, il appuya sur la poignée et rentra lentement dans son habitation. Il avança vers son salon, se mordant la lèvre et se stoppa lorsqu'il vit une silhouette l'observer. 

"-Bonsoir papa."

L'homme détourna le regard de son fils et partit dans une autre pièce, ne lançant pas un regard de plus à son fils. 

"-Vas dans ta chambre. Je ne veux pas te voir."

Le brun monta les marches des escaliers de sa maison deux à deux et se précipita vers sa chambre, refermant derrière lui la porte dans un mouvement étonnamment doux. Il se laissa tomber sur son lit puis fourra sa tête dans son coussin, serrant fortement sa couette dans ses bras. Les larmes coulaient à flot sur ses joues tandis qu'il retenait les sanglots qui le suppliaient de sortir. 

Il n'avait pas bougé de son lit une demie heure plus tard, cependant il sentait qu'il allait bientôt rejoindre le monde des rêves. Avant cela, il eut une dernière interrogation. "Pourquoi mon père me hait autant ? Qu'ai-je fait de mal à part venir au monde ?" 

Il se réveilla dans la soirée et, sachant qu’il devait attendre le couché de son père pour aller manger, il décida de travailler ses cours. Ainsi, trois heures passèrent avant qu’il n’entende une porte se fermer, le signal lui permettant de sortir de sa chambre. Il alla alors dans la cuisine, se prépara des ramens puis les avala aussi rapidement que la préparation.

Jungkook se réveilla en sursaut aux bruits de la chambre voisine. Il jeta un coup d'œil à son réveil et vit qu'il était deux heures vingt-huit. Il soupira et se recoucha, essayant de se rendormir. Cependant, la voix forte provenant de la pièce voisine l'en empêchait.

"Pourquoi est-il venu au monde ?" 

"Pourquoi n'est-il pas né comme les autres au lieu de venir plus tard ?" 

"Pourquoi l'a-t-il tant affaiblie ?" 

"Il n'aurait pas dû naître."

"Tout ça c'est de sa faute."

Jungkook sentit les larmes couler tandis que les paroles de son géniteur. Il savait que son père l'aimait, un tout petit peu mais il était sûr que si il mourrait, son paternel aurait un pincement au cœur. Il savait qu'il n'aurait pas dû entendre ces paroles, qu'elles n'étaient pas exclamées dans le but de le faire souffrir. Malgré lui, un sanglot muet lui échappa, puis un autre et il explosa. Sa douleur se sentait au niveau du cœur, celui-ci serré à l'idée de ne pas naître, d'éviter une tragédie d'arriver. Mais il n'y pouvait rien, il ne l'avait pas décidé ainsi. Le destin pouvait parfois être cruel. Cependant, il entraînait d'autres événements pour soigner sa cruauté. 

Le pansement de Jungkook, c'était Taehyung. Il avait réussi en deux petites semaines à combler une partie de l'immense vide sentimental du brun. Malgré son air froid et ses réponses courtes, le blond avait mit en confiance le plus jeune et, de par l'étreinte échangée, Jungkook se sentait pour la première fois de sa vie à sa place. Cela pouvait être apparenté à une bouffée d'air après une longue apnée. Et Jungkook adorait la surface, il ne voulait plus retourner sous l'eau après avoir goûté à ce qu'était l'air frais. 

Il s'endormit en pleurs, ceux-ci silencieux pour ne pas se faire remarquer par le géniteur de Jungkook. 

Il se réveilla le lendemain matin au bruit d'une porte se fermant et d'un verrou s'enclenchant. Son père était sûrement dans la salle de bain, se préparant pour au final passer la journée dans son bureau. Jungkook avait appris au fil du temps que ce qui s'apparentait à sa figure paternelle  détestait sortir de sa routine. Toujours la même heure de réveil, de couché, de repas. Toujours les mêmes activités et le même emploi du temps. C'est pour cela qu'il savait aussi qu'il allait encore une fois passer la journée seul, sans le moindre signe d'un autre être humain dans la maison. 

Il attendit le son de la porte du bureau se fermer pour se lever. Il alla prendre son petit-déjeuner puis retourna dans sa chambre. Il révisa une bonne partie de la journée avant de se dire que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas discuté avec lui son meilleur ami. 

C'est ainsi qu'il se retrouva dix minutes plus tard au téléphone avec le plus vieux. 

"-Coucou Jungkookie ! Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. Comment tu vas ? 

-Je vais bien et toi ? Pas trop dur de ne pas me voir pendant une semaine ? Tu as survécu ? 

-Bien sûr que j'ai survécu. Mais j'ai envie qu'on se voit. T'as pas un moment de libre ? 

-Je dirai bien samedi mais tu sais que je ne peux pas sortir de chez moi sans motif valable. Donc ça te va si on se voit mercredi prochain ? C'est la date la plus proche où je peux sortir sans soucis. 

-Même si je préférerais plus tôt, on va dire ok pour mercredi. Et sinon, comment ça va avec ton coloc de chambre ? 

-Bien ! Très bien, même. On est devenu amis. Et on s'est même fait un câlin. Je suis trop content d'avoir pu me faire un ami tout seul. 

-Je suis heureux pour toi Kook. Mais ne m'oublie pas pour autant. Je veux pas perdre mon bébou moi. 

-Bien sûr que non Hyung. Tu sais que c'est toi que je préfère. 

-Encore heureux. Bref, je dois te laisser, je vais aller réviser un peu parce que sinon je suis dans le pétrin..."

Le plus jeune rigola avant de saluer son ami et de raccrocher. La petite parenthèse lui avait fait du bien et il était revigoré pour reprendre ses révisions. Il ne faisait que ça de sa journée, ses cours. C'est d'ailleurs comme ça qu'il a réussi à sauter une classe et passer directement au niveau du dessus. Il était assez fier d'avoir un an de moins, pourtant il ne le criait pas non plus à tous les toits. Faudrait-il qu'il ose crier devant une foule pour le faire. Il détestait se faire remarquer. 

Vingt-deux heures sonnaient lorsqu'il put se rassasier. Il se lava rapidement avant d'aller se coucher, programmant son réveil tôt le lendemain matin.

La chambre d'internat || TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant