Chapitre 12

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Cela fait maintenant deux ans que Sherlock n'est plus. Il a été totalement innocenté des accusations qu'avait accumulées Moriarty contre lui. Les enfants de l'ambassadeur américain ont même été retrouvé par lui avant sa disparition. Cela a été un moment de soulagement pour nous tous, et le seul moment où nous nous sommes tous revus. Jim, quant à lui, a été retrouvé mort sur le toit d'où le drame s'est produit, une balle dans la tête. Il s'était suicidé devant Sherlock. Je suis sûre qu'il souriait, heureux d'avoir gagné. Durant ces deux années, j'ai réussi à aller un peu mieux. Un peu. Je parle peu, mais tout de même assez pour rassurer Madame Hudson qui va mieux. Mieux que moi en tout cas. Je n'arrive pas à enlever ces images de ma tête. C'est fatiguant. Mais je m'y suis habituée, habituée à mes nombreux cauchemars chaque nuit. Maintenant je travaille dans le café en face de chez nous pour payer mon loyer ainsi que celui de leur appartement. Je le fais car je me dis que, peut-être un jour, il reviendra. C'est quand je lui réponds ça qu'Hudson me fait un tendre sourire car elle n'ose pas dire que ça n'arrivera jamais. Mais je le sais qu'elle le pense elle aussi. Mais je ne peux pas encore laisser quelqu'un d'autre habiter ici. Elle ne l'avoue pas mais, elle non plus ne le veut pas. C'est un peu comme notre petit secret à nous.

Je rentre du café avec un petit sac de viennoiseries que je ramène à Madame Hudson. Elle me sourit avec douceur.

« Merci (y/n). »

Je lui fais un petit sourire et monte. Je ne fais plus attention aux marches qui grincent. Je ne les évite plus désormais comme je sais que cela ne dérange personne. J'ouvre la porte de mon appartement et entre dans la salle de bain. Je me déshabille et allume l'eau de la douche. L'eau chaude coule le long de mon corps. Je tente en vain de réchauffer mon corps gelé. C'est comme s'il n'y avait plus de vie en moi. Et, en même temps, j'en profite pour craquer et pleurer. Comme toujours dans cette douche. Je finis assise sur le sol de la douche, trempée et en pleurs. Puis, après avoir laissé mes émotions s'exprimer, je sors du bain et m'enroule d'une serviette. Mon reflet dans le miroir ne montre qu'une jeune fille aux yeux bouffis et rouges, le corps, à certains endroits, pleins de cicatrices encore visibles. Je me souviens de la fois où Madame Hudson s'est rendue compte que je me faisais ça. Elle n'a jamais compris que si je le faisais, c'était pour me dire que je pouvais toujours avoir plus mal que ce que je vivais depuis sa disparition. Mais ça ne fonctionnait pas. Elle m'a forcée à arrêter et je l'en remercie. Je pense que j'avais besoin de ce coup de main qu'elle a su me donner au bon moment. Quelle femme forte.
Je vais m'habiller d'un grand t-shirt puis me laisse tomber sur mon lit. Je laisse un long soupire s'échapper de mes lèvres et ferme mes yeux. Depuis ce jour où je suis allée sur sa tombe, je n'y suis plus jamais retournée et parfois, ça me travaille. Je me dis que je devrais mais, en même temps, je ne me sens pas prête. Comme un besoin incessant de temps. Ce temps que je n'ai pas eu avec lui. Ce temps que je voulais avec lui. Ce temps que je veux avec lui. Mais la fatigue des larmes m'emporte et je sombre dans les bras de Morphée.

Je me réveille après une nuit mouvementée, identiques à toutes celles que j'ai depuis deux ans. Je frotte mes yeux et m'assoie sur mon matelas pour m'étirer. Mes muscles se réveillent eux aussi. Mes os craquent légèrement. Je commence à bailler mais un bruit provenant de chez Madame Hudson me coupe dans ma lancée. Je m'habille donc rapidement, intriguée. Elle n'a pas eu de visites depuis si longtemps, j'espère que ce n'est rien de grave. Je descends rapidement les deux escaliers et, arrivant devant sa porte, je lève la main droite pour toquer mais la porte s'ouvre avant que je ne le puisse. Mon regard tombe alors sur un fantôme. Je recule de quelques pas, ouvrant légèrement la bouche, voulant dire quelque chose mais rien ne sort. Et, alors que je reste muette et que mes yeux se remplissent de larmes, deux yeux clairs un peu cachés par de futiles boucles brunes me fixent. Madame Hudson arrive derrière l'homme et s'inquiète en me voyant. Et je reste bloquée. C'est impossible. Il ne peut pas être là, devant moi.

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