1898
Les vents se déchaînaient sur les environs de Boston et rapidement, la pluie et le tonnerre s'y joignirent, rendant les déplacements impossibles. Les passants se mirent à accélérer tandis que les cavaliers mirent leur cheval au trot. Les marchants fermèrent leur commerce, puis les enfants couverts d'eau et de boue se pressèrent pour rejoindre leur maison.
Plus loin, séparé du village, se trouvait une maison où plusieurs filles riaient ensemble et s'amusaient. Leur voix et les éclats de rire étaient noyés sous les bruits violents venant de l'extérieur. Par la fenêtre, une brune observa longuement le paysage ravagé par la pluie et les éclairs illuminer le ciel sombre. L'obscurité rendait la scène encore plus terrifiante qu'elle ne l'était.
-Mély ?
La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux avant de finalement revenir à la réalité, puis de s'asseoir près de sa meilleure amie.
-Tu disais Marie ?
-Les frères Adams. C'est horrible ce qui est arrivé, murmura-t-elle.
Mély ravala ses sanglots, puis hocha silencieusement la tête en guise de réponse. Son cœur paraissait lourd dans sa poitrine et ses mains tremblotaient contre ses cuisses. Ses doigts jouèrent distraitement avec l'ourlet de sa robe avant qu'elle laisse le tissu tomber de nouveau à ses pieds.
-Vous les connaissiez ? demanda curieusement Joséphine.
-On connaissait bien Xänder, souffla Marie.
Cette dernière empoigna la main de son amie, puis la pressa doucement dans sa paume pour la réconforter.
-Ça vous dirait de les invoquer ? tenta Rose.
Les quatre jeunes femmes s'observèrent sans un mot, puis Marie acquiesça suivi de Mély.
-Je suis pas certaine, ça pourrait être dangereux, dit Joséphine.
Rose fixa furieusement son amie, puis roula des yeux. Ses minces bras étaient croisés contre sa poitrine et ses pieds tapaient à plusieurs reprises le plancher, démontrant son impatience. La femme passa une main dans sa chevelure rousse, puis brandit un couteau devant son propre visage.
-Rien ne va arriver, c'est qu'une légende, un jeu José.
-Ok, couina Joséphine, désormais apeurée du comportement de son amie.
-Parfait, gloussa Rose, à qui l'honneur ?
Marie posa sa main contre la paume de son amie, puis cette dernière entailla, d'un coup vif, la chair pâle de son acolyte. Elle traça un simple X contre le verre du miroir, puis enroula une serviette autour de sa peau meurtrie.
-Prince des Ténèbres, Prince des Ténèbres, Prince des Ténèbres. Je t'invoque ici, ce soir et en ce lieu pour revenir parmi les vivants.
Immédiatement, la température dans la pièce chuta de quelques degrés et bientôt, une buée blanche sortait d'entre les lèvres désormais bleuies des quatre filles. Une à une, les bougies s'éteignirent toutes laissant une fumée grisâtre s'évaporer. Chacune d'elle croisa le regard de l'autre, puis Mély enroula ses bras autour de son corps.
-Y'a quelqu'un ? demanda Rose.
« Ouais »
Un simple murmure, un simple mot, mais une terreur horrifique et écrasante.
Cinq silhouettes sombres se tenaient devant les jeunes femmes. Aucune d'entre elles n'osait omettre un son. À l'extérieur, on pouvait toujours entendre les branches d'arbre fouetter contre les murs de la maison et les gouttes de pluie se déverser continuellement sur le toit.
-Ô mon Dieu, murmura Rose.
Ses yeux brillaient d'un éclat d'excitation sous le reflet de lune, puis contre toute attente, la jeune femme mit ses genoux contre le plancher froid et poussiéreux.
-Princes des Ténèbres, je suis à vos ordres. Demandez-moi ce que vous voulez.
Les garçons s'avancèrent dans le peu de lumière présent dans la pièce tandis que les trois autres filles reculèrent. Terrifiée, Mély attrapa le bas de sa robe pour être prête à courir au moment opportun.
-Rose ? sanglota Joséphine, qu'est-ce que tu fais ?
-Je montre mon respect et mon dévouement envers les princes.
Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de Elï, puis les mains derrière le dos, il s'approcha de Rose. D'un signe de tête, il lui ordonna de se relever, puis le garçon mort se pencha vers elle.
Ses lèvres bougeaient, mais à la distance où les trois autres filles se tenaient, elles ne pouvaient rien entendre. Regardant droit devant elle, Rose hocha doucement la tête, puis se tourna vers ses amies.
Elï posa une main sur l'épaule de Rose, puis glissa un poignard entre ses frêles doigts. Elle ne frissonna même pas au contact du métal froid contre sa peau et les mots du garçon lui revinrent en mémoire, l'obligeant à obéir.
-Tu vas tuer tes propres amies ?
Marie était choquée par le comportement de son amie. Figée sur place, elle la dévisagea, observant les yeux pétillants de Rose.
-Ils sont réels et j'ai confiance au fait qu'ils vont changer le monde, pour le mieux.
Ses mots paraissaient complètement instables pour les filles, mais elles n'eurent pas le temps d'y réfléchir davantage que la lame du couteau était plantée dans le torse de Joséphine.
Son expression faciale se figea et sa respiration devint lourde. Ses yeux noisettes restèrent encrés dans ceux de Rose et une seule larme coula le long de sa joue bronzée. Son regard se dirigea difficilement vers la plaie, puis un sanglot étouffé résonna dans la pièce. Des gouttes de sang roulèrent le long de son menton, puis tombèrent sur le sol.
-Joséphine ? pleura Mély, Marie ?
Un liquide rougeâtre éclaboussa le visage blême de Mély et un hurlement d'horreur sortit d'entre ses lèvres quand elle aperçut le corps de Marie tomber vers l'avant. La jeune femme savait que c'était désormais son tour et toujours consciente, elle ferma ses yeux, puis pria Dieu.
-Je vais faire ça rapidement Mély, murmura une voix familière.
Xänder
-Vous êtes maudits, marmonna la blonde.
-Je sais.
Une douleur atroce se propagea à partir de son abdomen et rapidement, Mély sombra dans une obscurité totale et silencieuse.
Un dernier cri retentit dans la maison.
Un hurlement de douleur bizarrement mélangé à la joie.
Celui de Rose, une des premières adeptes des 5 princes des Ténèbres.
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Princesse des Ténèbres [Tome 1]
ParanormalAmour. Horreur. Meurtres. Paranormal. Démons. Une journée, mes amis et moi racontions des histoires d'horreur autour d'une bière, et la suivante, j'en vivais une. Alors un conseil, même si ce ne sont que des légendes ou des histoires, ne soyez pas...